Le premiers responsables du Haut Commissariat à la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRRUN) étaient face à la presse vendredi à Lomé, rencontre au cours de laquelle il a été présenté les différentes activités menées depuis le démarrage le 12 décembre dernier à Lomé de la première phase des indemnisations du programme de réparations des victimes des violences sociopolitiques, a constaté une journaliste de Savoir News.
« Considérée au prime abord comme très importante, cette première phase de décembre 2017 fut également une phase expérimentale, en ce sens qu’elle a mis en lumière des réalités insoupçonnées qui constituent pour le HCCRUN, des leçons inestimables apprises pour la suite de sa mission », a déclaré Mme Awa Nana Daboya présidente du HCCRUN.
« A l’issue de cette phase expérimentale de décembre, seules 67 victimes ont pu être prises en charge. Les raisons de ce nombre étant simplement l’état de vulnérabilité de certaines victimes, un état de vulnérabilité constitué de pathologies importantes et nécessitant une attention particulière et soutenue à accorder aux victimes. Pour la période de 2005, outres les 137 victimes vulnérables, 11 victimes supplémentaires (victimes spéciales) ont fait l’objet de prise en charge psycho-médicales », a-t-elle ajouté.
« Un autre élément marquant cette phase expérimentale fut le cas des victimes vulnérables des deux autres phases du mandat temporel de la CVJR et qui concernent la période de 1958 à 1989 et la période de 1990 à 2004. Au cours de l’exercice de prise en charge de décembre 2017, des victimes vulnérables de ces périodes ont, par plusieurs canaux, attiré vivement l’attention du HCCRN sur leur sort. Estimant qu’elles éprouvaient autant de douleurs et difficultés que leurs co-victimes de 2005, elles ont émis le vœu de voir l’institution se pencher rapidement sur leurs cas », a poursuivi la présidente du HCCRUN.
Les différentes pathologies durant la prise en charge psycho-médicales de ces victimes vulnérables ont été classées en 8 spécialités : psychologie, chirurgie générale, ophtalmologie, neurologie, stomatologie, urologie, gynécologie et médecine interne.
« Nous avons été sollicités par le HCCRUN pour aider les victimes recensées par la CVJR dans le cadre de leur prise en charge médicale. Le HCCRUN a estimé que les médecins de l’Ong Aimes-Afrique pourraient aider ces victimes à rentrer dans leurs droits. Les victimes ont été donc convoyées de toutes les régions depuis le 12 décembre et nous avons déployé 8 spécialistes pour que chaque victime puisse se retrouver devant le spécialiste qui pourrait lui apporter les soins nécessaires. Nous n’allons pas nous arrêter là, nous allons faire le suivi des victimes sur le moyen et le long terme dans leurs localités respectives », a indiqué Dr. Michel Kodom (président de l’Ong Aimes-Afrique).
Suite aux différents constats faits sur le terrain et aux doléances des victimes, le HCCRUN a donc décidé de donner une nouvelle orientation à sa stratégie de prise en charge des victimes.
« Ainsi, et pour plus de cohérence dans notre action, nous avons décidé, qu’après les victimes vulnérables de 2005, nous poursuivrons avec la prise en charge de toutes les autres victimes vulnérables. Ces victimes sont au total 159 pour la période de 1958-1989 et 250 pour la période de 1990-2004 », a précisé Mme Awa Nana Daboya.
Une assurance maladie sera offerte aux victimes vulnérables soumises à des traitements médicaux à vie. Les victimes nécessitant des prothèses, des lunettes et séances de rééducation ont été prises en compte et selon Mme Awa Nana Doboya, le gouvernement a annoncé la prise en charge scolaire des enfants mineurs des victimes vulnérables à vie.
Il faut noter qu’en marge de cette rencontre avec les médias, le HCCRUN a inauguré les locaux qui abritent désormais l’institution.
Rappelons que le programme de réparations concerne toutes les personnes (quelle que soit leur nationalité) ayant subi un préjudice du fait de violences à caractère politique, de violations graves des droits de l’Homme, durant la période allant de 1958 à 2005.
Ce programme comporte plusieurs phases. La première prend en compte les événements de 2005 subdivisés en deux sous-événements : les troubles socio-politiques suite au décès du président Gnassingbé Eyadéma le 05 février 2005 et les troubles socio-politiques suite à l’élection présidentielle du 24 avril 2005.
Pour ces deux événements de 2005, environ 7.057 victimes ont été recensées. La somme de 2 milliards de F.CFA reçue du gouvernement par le Haut Commissariat à la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRRUN) servira à indemniser 2.475 victimes.
Au total 22.415 victimes ont été identifiées par la CVJR sur la période de 1958 à 2005. FIN
Chrystelle MENSAH
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