Les derniers développements de la crise au Togo ont sûrement poussé les présidents ghanéen et guinéen à prendre le taureau par les cornes.
Fortement impliqués dès le départ dans la résolution de la crise qui secoue ce pays, les deux chefs d’Etat, avaient quelques peu baissé les bras.
« L’enlisement de la situation et la forte tension sur le terrain les a contraints à vite se lever pour ne pas porter un lourd fardeau demain, en invitant la coalition de l’opposition », a commenté un journaliste.
Une délégation de la coalition de l’opposition a séjourné lundi et mardi à Conakry où elle a été reçue par le président Alpha Condé.
Au menu des discussions: les « mesures d’apaisement » exigées par l’opposition avant tout dialogue avec le pouvoir. La délégation de la coalition de l’opposition a été reçue à deux reprises à huis clos : lundi soir et dans la matinée de mardi.
« Au nom de ma délégation, je félicite le président Alpha Condé pour l’invitation qu’il nous a faite pour discuter de la situation qui prévaut dans notre pays surtout des derniers développements de l’actualité. Nous repartons satisfaits et nous espérons que les discussions nécessaires à la résolution de la crise togolaise vont démarrer dans les meilleurs délais après surtout la mise en œuvre des mesures d’apaisement dont nous venons de lui soumettre une liste », a déclaré à la presse Jean Pierre Fabre.
Selon des sources proches des discussions, les deux séances de travail ont été « fructueuses relatives aux mesures d’apaisement indispensables à la tenue d’un dialogue constructif entre le pouvoir et l’opposition togolaise ».
Le chef de l’Etat guinéen s’est montré préoccupé par les nouveaux développements de la situation au Togo.
M. Condé, « après consultation », a proposé que le dialogue se déroule entre les 23 et 26 janvier prochain et s’est « félicité des avancées » dans la mise en œuvre de certaines mesures d’apaisement. Il a exhorté les autorités à prendre en compte celles qui restent à faire.
« Nous avons proposé une date, mais ce sera à la convenance du président ghanéen puis que c’est lui qui ira sur place », a déclaré le président guinéen.
« Vous savez qu’au niveau de la CEDEAO et de l’UA nous sommes préoccupés par la situation au Togo, et nous voulons vraiment œuvrer pour que les conditions d’un dialogue apaisé et responsable puisse se réaliser. C’est pourquoi j’ai reçu la délégation de l’opposition togolaise et qui va maintenant aller au Ghana en concertation avec mon frère du Ghana pour que nous aidions nos frères du Togo à réaliser un dialogue apaisé », a-t-il ajouté.
— Reliquat des mesures d’apaisement : une mission guinéenne attendue à Lomé —
Dans le document transmis au président Condé, la coalition de l’opposition, exige la libération de toutes les personnes arrêtées dans le cadre des manifestations. Les personnes détenues dans l’affaire des incendies des grands marchés de Lomé et de Kara, doivent être également remises en liberté.
Elle exige aussi la « levée des contrôles judiciaires dans l’affaire des incendies et autres affaires politiques notamment celles concernant le député Targone Sambrini et la levée de l’interdiction de manifester dans les villes de Mango, Bafilo et Sokodé, l’effectivité du droit de manifester à Kara, la levée de l’état de siège dans les villes de Mango, Bafilo et Sokodé, le casernement de l’armée et l’arrêt des harcèlements des responsables et militants de l’opposition ».
« J’enverrai une délégation auprès du président Faure pour qu’il examine les revendications de l’opposition », a promis le président guinéen.
Après Conakry, la délégation devrait en principe mettre le cap sur Accra où elle doit rencontrer Nana Akufo-Addo.
Cette délégation est composée de six personnes : Jean Pierre Fabre (Chef de file de l’opposition et président de l’Alliance Nationale pour le Changement/ANC), Tikpi Atchadam (président du Parti National Panafricain/PNP), Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (Coordonnatrice de la coalition et secrétaire générale de la Convention Démocratique des Peuples Africains/ CDPA), Aimé Gogué (président de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral /ADDI), Me Dodji Apévon (président des Forces Démocratiques pour la République /FDR) et Me Yawovi Agboyibo (président du Comité d’Action pour le Renouveau /CAR).
« A l’allure où vont les choses, je suis sûr que les lignes vont bouger les prochains jours », a commenté un diplomate en poste à Lomé.
Les 14 partis politiques de la coalition, qui manifestent depuis plus de quatre mois exigent notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger. Certains leaders de ce regroupement demandent également le départ du président Faure Gnassingbé.
La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises, les protagonistes de la crise à des discussions, afin de trouver une solution durable à cette crise.
Annoncé depuis début novembre par le gouvernement, le dialogue peine à démarrer, les positions étant tranchées.
Outre les mesures d’apaisement exigées par l’opposition avant le début des pourparlers, les deux parties sont à couteaux tirés sur la présence ou non d’un médiateur à ces discussions. FIN
Junior AUREL
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