Un soldat a été tué et un autre blessé au cours d’échanges de tirs entre des forces de défense et de sécurité, dans la nuit de jeudi à vendredi à Bouaké (nord), épicentre des mutineries de soldats ivoiriens en 2017, a annoncé le ministère de la Défense.
« Dans la nuit du 4 au 5 janvier 2018, une altercation est survenue entre un
équipage du centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO) et des soldats du Bataillon d’artillerie sol-sol dans la ville de Bouaké, quartier Dar es salam », indique le communiqué, lu vendredi à la télévision nationale.
Au cours de la dispute qui a suivi, des coups de feu ont été tirés par les
protagonistes provoquant le décès par balle du sergent Dembélé Yacouba et
faisant un blessé », poursuit le texte.
Selon le communiqué, « une enquête sera diligentée pour cerner tous les
contours de ces événements qui mettent à mal la nécessaire fraternité d’armes devant exister entre tous les corps des forces de défense et de sécurité ».
Plus tôt dans la journée, une source proche de l’état-major des armées
avait déclaré à l’AFP: « ça semble être une brève querelle entre policiers et
CCDO. Il nous revient de façon récurrente qu’un élément du CCDO a essuyé un tir. »
« Nous, militaires, n’envisageons aucun soulèvement. Il n’y a pas de raison de le faire. Les populations vaquent tranquillement à leurs occupations. Il n’y a absolument rien de grave. Nous demandons à notre tutelle de mettre tous les corps en uniforme sur le même pied d’égalité pour éviter des frustrations », a expliqué un soldat du 3e bataillon militaire.
Selon plusieurs habitants, « des coups de feu ont effectivement été entendus au centre ville ». Mais vendredi matin, le calme régnait à Bouaké.
Jeudi, le général Sekou Touré, chef d’état-major des armées ivoiriennes, avait présenté « ses excuses à la Nation » pour les mutineries qui ont ébranlé le pays en 2017 et promis qu’en 2018 l’armée remplira « son devoir ».
D’anciens rebelles intégrés dans l’armée se sont mutinés en janvier puis en
mai 2017, obtenant finalement le paiement de 12 millions de francs CFA (18.000 euros) pour chacun des 8.400 d’entre eux. Cette crise a terni l’image de stabilité retrouvée du pays après la crise politico-militaire de 2010-2011 et
fragilisé le président Alassane Ouattara et l’équipe gouvernementale.
Dans son allocution télévisée de Nouvel An, le président Ouattara avait affirmé sa volonté de transformer l’armée en une force « véritablement républicaine ».
Fin décembre, un millier de militaires ont quitté l’armée dans le cadre d’une réforme.
De source militaire, l’armée ivoirienne comptait avant ce départ, 23.000 hommes du rang (dont 13.000 issus de la rébellion qui a tenu le nord du pays de 2002 à 2011), et 15.000 sous-officiers.
Les autorités avaient promu massivement des militaires du rang, en intégrant d’anciens rebelles. Les experts estiment qu’une armée doit avoir 20/30% de sous-officiers et 65/70% de militaires du rang.
SOURCE: AFP