Les togolais retiennent leur souffle, attendant patiemment les vœux du nouvel An de leur président, dans un contexte où le pays est fortement plongé dans une nouvelle crise depuis plus de quatre mois.
Faure Gnassingbé s’adressera à la nation mercredi (demain), dans un message où il abordera à coup sûr, la crise que traverse le pays.
C’est la première fois que le président Faure Gnassingbé s’adressera « directement » à tous les togolais, depuis le début de la crise en août.
Alors mercredi, les togolais seront collés à leur poste téléviseur à partir 20H (GMT) pour le message télévisé du président de la République.
Pour bon nombre d’observateurs de la scène politique togolaise, le contenu de ce message va beaucoup peser dans la balance, car la situation au plan politique est très tendue.
« Je ne souhaiterais pas être à la place du président de la République en ce moment précis : les mots doivent être bien choisis pour éviter d’autres commentaires (dans son camp ou celui de l’opposition) ou éviter d’envenimer la situation », a commenté un politologue.
N’importe comment, le message sera décrypté à la loupe, et par les médias (nationaux et internationaux) et par l’opposition, notamment la coalition des 14 partis politiques qui manifeste contre l’actuel régime depuis plus de quatre mois.
Ces partis politiques exigent notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.
Ils réclament également la libération de toutes les personnes incarcérées dans le cadre des manifestations. Certains leaders de ce regroupement exigent aussi le départ du président Faure Gnassingbé.
La communauté internationale a appelé les protagonistes de la crise à des discussions, afin de trouver une solution durable à cette crise.
Pour l’instant, le dialogue annoncé depuis début novembre par le gouvernement, peine à démarrer. Outre les mesures d’apaisement exigées par l’opposition, les deux parties sont à couteau tiré sur la présence ou non d’un médiateur à ces discussions.
— De ‘grandes annonces’ —
Pour certains togolais interrogés par l’Agence Savoir News, le chef de l’Etat doit essayer de faire quelques annonces pour apaiser la tension, surtout calmer les esprits de ceux qui descendent dans les rues.
« A mon humble avis, le président doit faire de grandes annonces notamment la date du début du dialogue. J’aurais souhaité, qu’il calme aussi l’opposition, afin que les prochaines discussions se déroulent dans une bonne ambiance », a confié Ariane Godadjo, propriétaire d’un petit restaurant à Adidogomé.
Issa Dourodjiwa, revendeur de téléphones portables à Déckon, a abondé dans le même sens : « C’est le moment où le chef de l’Etat, +notre papa à tous+ doit tout faire pour calmer la tension. Car, nous souffrons beaucoup de cette crise ».
« Depuis plus de quatre mois, nos activités tournent au ralenti à Déckon, car la plupart des marches de la coalition de l’opposition passent chez nous », a-t-il ajouté.
Comme bilan depuis le début de la crise : au moins 14 morts (dont deux militaires lynchés), plusieurs blessés et des édifices publics et maisons privées saccagés et incendiés.
Au plan économique, le pays a également reçu un grand coup, selon de grands économistes.
Dans son message de vœux du nouvel An, Agbéyomé Kodjo (président de l’OBUTS/Opposition) a exhorté « toutes les composantes de la Nation à œuvrer sans relâche pour l’ouverture et la réussite du dialogue politique afin de préserver l’avenir de la Nation togolaise ».
« La formation politique OBUTS, résolument engagée aux côtés du Peuple togolais, rappelle avec insistance que le dialogue politique souhaité par toutes les composantes de la Nation doit impérativement déboucher sur des institutions revalorisées, fortes et vertueuses à même de résister aussi bien aux caprices et aux appétits des hommes, qu’aux vicissitudes de l’Histoire », a-t-il ajouté.
Le 31 décembre dernier, le ministre de la sécurité, le Colonel Yark Damehame, a également appelé les togolais à « s’entendre ».
« Avec ces soubresauts politiques que nous vivons, que 2018 soit la bonne solution », avait souhaité le ministre, reçu sur New World TV.
« Que les togolais s’entendent, car il ne sert à rien de marcher. On peut s’asseoir, discuter et trouver la bonne solution pour notre pays », avait-il souligné, avant de préciser : « Mais, n’allez pas demander ce qu’il ne faut pas demander ». FIN
Edem Etonam EKUE
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