Crise au Togo: L’opposition toujours en colère, grande attention au sommet UE-UA (PAPIER D’ANGLE)

La coalition de l’opposition a repris ces manifestations contre le pouvoir mercredi à Lomé et dans plusieurs villes du pays.

Pas d’incident majeur, a relevé le ministre de la sécurité le Colonel Yark Damehame. Ces manifestations vont se poursuivre jeudi et samedi.

Les revendications sont les mêmes: le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.

Les 14 partis politiques de la coalition réclament également la libération de toutes les personnes incarcérées dans le cadre des manifestations. Certains leaders de ce regroupement exigent aussi le départ du président Faure Gnassingbé.

« Nous ne baisserons pas les bras. Les manifestations se poursuivent. Même en plein dialogue, nous allons maintenir la pression », a martelé devant un journaliste de l’Agence Savoir News Jean Pierre Fabre, chef de file de l’opposition.

La semaine dernière, trois leaders de l’opposition ont été reçus à deux reprises à Paris par le président guinéen et président en exercice de l’Union africaine Alpha Condé.

« Nous avons expliqué au président Condé que nous peuple togolais, sommes dans les rues depuis plus de 3 mois pour exiger le retour à la version originelle de la constitution de 1992, afin de reposer les bases fondamentales de la démocratie et de mettre fin au régime dynastique qui gouverne le Togo depuis plus de 50 ans », a indiqué Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, présidente de la coalition.

Par ailleurs, la coalition a été également reçue par des émissaires du président ghanéen, médiateur désigné par ses pairs de la sous-région pour conduire le dialogue.

Pour l’instant, aucune date n’a encore été fixée pour la tenue des discussions, tant attendues par les togolais.

La coalition de l’opposition brandit certaines mesures « préalables d’apaisement » avant d’aller à la table de discussions.

Elle exige notamment la libération des personnes détenues dans le cadre des manifestations (sans oublier les Imams de Sokodé et de Bafilo, les responsables d’organisation de la société civile notamment Nubuéké) et dans le cadre des affaires des incendies des marchés.

Les 14 partis de ce regroupement demandent aussi la levée de l’état de siège de fait et de l’interdiction de manifester dans les villes de Mango, Bafilo et Sokodé, le retour de l’armée dans les casernes, la libre circulation des responsables et militants de l’opposition sur l’ensemble du territoire national et la sécurité des responsables de l’opposition.

Au sommet UE-UA, des regards sur le Togo

La situation qui prévaut dans le pays, préoccupe également des chefs d’Etat ou autres personnalités présents au 5e sommet Union européenne-Union africaine à Abidjan. En témoignent les audiences du chef de l’Etat togolais et président en exercice de la Cédéao qui participe aux travaux de ce sommet dans la capitale économique ivoirienne.

En marge de cette grande, Faure Gnassingbé a échangé notamment avec son homologue burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres et le Premier ministre belge Charles Michel.

Comme le devinent bon nombre d’observateurs, la crise au Togo serait au cœur de ces échanges.

Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron — présent à Abidjan —s’est largement prononcé sur les médias internationaux sur le cas togolais.

« Je souhaite que le peuple togolais puisse s’exprimer librement, que le cadre du pluralisme soit aussi respecté, que les oppositions puissent faire valoir leurs arguments », a déclaré M. Macron lors d’une interview à Radio France Internationale et France 24.

« Il est important que dans ce pays comme dans quelques autres, il puisse y avoir un cadre électoral dans lequel les oppositions puissent s’exprimer et aller devant les urnes et un processus électoral qui doit faire l’objet d’un contrôle pour s’assurer de sa sincérité », a-t-il souligné, avant d’insister: « La conservation longue du pouvoir sans processus électoraux, sans cadre de pluralisme n’est pas une bonne chose ».

A Lomé, d’aucuns estiment que la crise qui secoue le pays « doit s’inviter » dans les débats de ce sommet ayant pour thème principal : « investir dans la jeunesse pour un avenir durable ».

« J’estime que la crise togolaise doit normalement s’inviter dans les débats à la tribune de ce sommet. Les chefs d’Etat doivent en principe se pencher à fond sur la situation que traverse notre pays et si possible, prendre des mesures ou faire des recommandations », a confié Jean Eklu, président de la jeunesse de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC, principal de l’opposition).

« Moi, je souhaiterais que les chefs d’Etat, nous indiquent la voie à suivre pour une sortie durable de cette crise », a appuyé Gilles Fiavio, agent de sécurité à la retraite. FIN

Edem Etonam EKUE

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