14 morts dont 9 par balles. Plusieurs blessés dont 236 parmi les manifestants (une quarantaine par balles et d’autres par bastonnades, avec parfois des outils non conventionnels) et 60 parmi les forces de l’ordre: tel est le bilan sombre dressé au 31 octobre par le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT), depuis le début le 19 août.
Ces manifestations auraient fait 16 morts, selon certaines sources.
Près de 400 personnes ont été arrêtées. Des personnes jugées, 86 personnes ont été condamnées et 227 libérées, souligne le document produit par le CACIT, précisant que « des actes de tortures et de mauvais traitements dans le cadre des punitions sont infligées pour participation à des manifestations ».
D’importants dégâts matériels ont été enregistrés, notamment à Sokodé (environ 336 km au nord de Lomé) où plusieurs édifices publics ont été saccagés et brûlés.
Le Togo — petit pays d’Afrique de l’ouest d’environ 6,7 millions d’habitants — est fortement secoué par une nouvelle crise, suite au déclenchement des manifestations de rues par la coalition de l’opposition.
Ce regroupement de 14 partis politiques de l’opposition exige notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.
Ces partis politiques dénoncent également « les répressions diligentées pour situer les responsabilités dans ces massacres des populations ».
Ces opposants ont décidé de maintenir la pression sur le régime, appelant à de nouvelles manifestations les 7, 8 et 9 novembre à Lomé (avec trois points de rassemblement et un seul point de chute) et dans plusieurs autres localités à l’intérieur du pays.
Le gouvernement a levé la mesure de l’interdiction des « marches » les jours ouvrables. Les autorités togolaises avaient pris cette décision le 10 octobre, condamnant des « violences » enregistrées lors des manifestations du 5 octobre à Lomé.
« La décision du ministre de l’administration territoriale n’est pas au-dessus de la loi. Nous autres, n’avons jamais pris en compte les propos du ministre », a déclaré à l’Agence Savoir News Eric Dupuy, chargé à la communication de la coalition de l’opposition, avant d’ajouter: « le régime doit apprendre à respecter les lois de la République ».
Mais les dernières rencontres ont permis aux deux parties (gouvernement et coalition de l’opposition) de s’entendre sur le « minimum ». Ainsi, les itinéraires ont été retenus de commun accord pour les prochaines « marches ».
« Nous nous sommes entendus sur les itinéraires. Nous avons voulu terminer nos marches à la place de l’indépendance, proposition rejetée par les autorités. On nous a proposé un autre point de chute (en face de l’hôtel Sanction Maria) que nous avons accepté », a précisé M.Dupuy.
Encore un « recadrage »
Mais bon nombre de togolais se demandent si les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets, malgré les différentes tractations menées ces derniers jours pour des manifestations « pacifiques ».
Outre des « recommandations » issues de la récente rencontre entre autorités et représentants des partis politiques, il est prévu une autre séance lundi.
« Lundi, nous auront une rencontre de recadrage avec les services d’ordre de la coalition de l’opposition et des organisations de défense des droits de l’homme », a déclaré à l’Agence Savoir News le ministre de la sécurité, le colonel Yark Damehame.
Selon lui, des éléments des forces de l’ordre désignés pour encadrer ces manifestations, seront des « observateurs ».
Au regard des recommandations, les manifestants sont tenus de respecter « scrupuleusement » les itinéraires (du point de départ au point de chute recommandé) et les dispositions de la loi fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunions et de manifestations pacifiques publiques.
Les éléments des forces de l’ordre doivent demeurer professionnels et patients au cours de l’encadrement des manifestations.
Des observateurs des manifestations seront désignés pour le suivi desdites manifestations de la façon suivante : une équipe relevant des organisateurs, une équipe relevant des services de sécurité, une équipe relevant des organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile.
« Ces mesures qui sont en train d’être mises en place, seront un grand test pour les deux parties (gouvernement et opposition). Croisons les doigts, car la tension est toujours vive. Moi je suis toujours inquiet », a confié Mme Afiavi Touglagan, revendeuse de produits cosmétiques au grand marché de Lomé.
« Je suis certain qu’on enregistrera encore des violences, surtout à l’intérieur du pays. Il est temps que nos +politiques+ se retrouvent autour d’une table pour discuter, afin de trouver une solution durable à la crise qui le pays », a suggéré Folly, conducteur de taxi-moto.
Les Etats-Unis, la France, la Francophonie, la Cédéao et l’’Union africaine ont appelé le pouvoir et l’opposition au « dialogue ».
Le groupe des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques et consulaires africains accrédités au Togo, a appelé mardi, le pouvoir et l’opposition au « dialogue ». FIN
Junior AUREL / Ambroisine MEMEDE
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