Des appels au « dialogue » s’amplifient, dans un contexte où la coalition de l’opposition appelle à de nouvelles manifestations en novembre prochain pour arracher le « retour » à la constitution de 1992.
Ce regroupement de 14 partis politiques de l’opposition exige également le vote des togolais de la diaspora. Certains leaders de l’opposition demandent aussi le « départ » du président Faure Gnassingbé.
L’opposition a multiplié les manifestations depuis plus de deux mois à Lomé et à l’intérieur du pays. Les 18 et 19 octobre, de violents affrontements ont été enregistrés entre forces de l’ordre et manifestants de l’opposition à Lomé, notamment à Bè, traditionnel fief de l’opposition togolaise.
Seize (dont deux militaires lynchés) ont trouvé la mort depuis le début des manifestations et des blessés enregistrés. Plusieurs édifices publics, ainsi que des maisons appartenant à des cadres du parti au pouvoir ont été saccagés et brûlés notamment à Sokodé et à Mango (nord).
Les autorités ont interdit les « marches » les jours ouvrables, décision jugée « arbitraire » par l’opposition qui maintient ses manifestations. Ses partisans seront encore dans les rues de Lomé les 7, 8 et 9 novembre.
« Ce sont des manifestations auxquelles sont invitées toutes les populations togolaises où elles se trouvent sur l’ensemble du territoire national », avait déclaré lundi à l’Agence Savoir News M. Dupuy (responsable à la communication de la coalition de l’opposition).
Bien avant ces manifestations, les leaders de la coalition se rendront à l’intérieur du pays pour des séances d’information et de sensibilisation, avait-il précisé.
Les deux parties (pouvoir et opposition) se disent disposés à « dialoguer », mais aucun pas n’est jusqu’alors posé.
Pour bon nombre d’observateurs, les positions se radicalisent plutôt. « C’est de la pure hypocrisie. Ils parlent de dialogue, mais ils ne montrent pas le signe des +gens+ qui veulent aller à la table de discussion », a commenté un politologue.
Encore des appels au « dialogue »
Dans un communiqué rendu public ce mercredi, les Etats-Unis ont invité le gouvernement et l’opposition « à engager un dialogue sans conditions préalables, ce qui est la seule solution à l’impasse actuelle ».
Les États-Unis « déplorent la violence qui a coûté la vie aux manifestants et aux forces de sécurité » et exhortent « toutes les parties à renoncer à la violence ».
Washington demande au gouvernement togolais de « défendre les droits humains de ses citoyens, notamment leur liberté d’expression, de réunion pacifique et de liberté sur Internet, et de faire en sorte que toutes les personnes arrêtées lors des manifestations bénéficient du droit à une procédure régulière ».
De son côté, la France appelle aussi « l’ouverture d’un dialogue immédiat qui doit mener aux réformes politiques attendues, en particulier la révision de la constitution prévoyant la limitation à deux mandats présidentiels et l’instauration d’un scrutin à deux tours ».
Des chefs d’Etat de la Cédéao sont également montés au créneau mardi (en marge d’une réunion mardi à Niamey), invitant le pouvoir et l’opposition aux « négociations » devant aboutir aux « modifications constitutionnelles déjà engagées ».
« Nous avons eu une réunion entre les cinq chefs d’Etat (Niger, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Togo). Nous avons indiqué qu’il était important qu’il y ait la paix au Togo. la première chose, nous condamnons la violence quelle que soit son origine. Les manifestations doivent pouvoir se faire, mais de manière pacifique », a déclaré Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire.
« La deuxième chose, nous estimons qu’il faut des négociations et ces négociations doivent aboutir aux modifications constitutionnelles qui ont été déjà engagées, c’est-à-dire la limitation à deux mandats et la question d’une élection où la majorité absolue doit être constatée au premier tour. A défaut, il faut un deuxième tour », a-t-il souligné.
« Nous encourageons les togolais à trouver la meilleure voie nécessaire. Mais les propositions qui sont déjà faites, sont des propositions qui permettent d’avancer vers plus de démocratie au Togo. Et nous soutenons ces initiatives », a souligné le président ivoirien.
Les Évêques aussi
Les Évêques du Togo, ne sont pas en reste, ils « plaident en faveur d’une rencontre dépassionnée entre le pouvoir et l’opposition politique. Une rencontre sincère et responsable devant l’histoire qui porte sur les questions de fond qui offrent des garanties sérieuses de mise en œuvre qui conduisent vers une solution consensuelle durable ».
« Ils condamnent toutes les violences d’où qu’elles viennent et invitent chacun à la retenue, pour éviter à notre chère patrie, de sombrer dans le K.O ».
Dans le même sens, « ils déplorent que des événements de ces derniers jours aient pris de façon très inattendue, une tournure ethnique et religieuse, avec l’apparition de milices, de départ en exil de nombre de nos concitoyens, des arrestations, des répressions et des profanations et saccage d’une mosquée ».
Déjà mercredi dernier, la secrétaire générale de la Francophonie, Mme Michaëlle Jean a aussi appelé au « dialogue ».
Deux jours plus tard, la Coordination du Système des Nations Unies, la délégation de l’Union européenne et des ambassades de France, de la République Fédérale d’Allemagne, et des Etats-Unis d’Amérique au Togo ont une fois encore appelé, le pouvoir et l’opposition à un « dialogue apaisé, sincère et constructif, seule voie pour sortir le pays de la crise actuelle ». FIN
Junior AUREL
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