Le pouvoir et l’opposition sont toujours à couteaux tirés sur les réformes politiques, situation très préoccupante pour le patron de l’ONU qui a invité samedi, les deux parties « à s’engager dans un dialogue constructif » pouvant déboucher sur un « accord ».
Antonio Guterres s’est entretenu (en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU à New York) ce samedi avec le Premier ministre togolais Selom Komi Klassou, rencontre au cours de laquelle il a « encouragé le gouvernement et tous les acteurs politiques à s’engager dans un dialogue constructif dans le cadre des discussions sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles ».
Cette intervention du Patron de l’ONU vient appuyer la sortie du groupe des +cinq+ vendredi.
La Coordination du Système des Nations Unies, la délégation de l’Union européenne et les ambassades de France, de la République Fédérale d’Allemagne, et des Etats-Unis d’Amérique au Togo ont — dans une déclaration conjointe — appelé le pouvoir et l’opposition à un « dialogue pacifique » en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles, conformément à l’esprit de l’Accord Politique Global (APG).
Ces réformes permettront de »renforcer la démocratie au Togo et de préparer sereinement les élections locales et législatives en 2018″, ont-ils souligné, déplorant au passage les violences qui se sont produites à Mango et appellent « toutes les parties au calme et à la retenue ».
Mercredi dernier, des affrontements entre partisans de l’opposition et du pouvoir ont fait un mort et 10 blessés à Mango, localité située à environ 590 km au nord de Lomé.
Des domiciles de certains cadres du parti au pouvoir ont été saccagés, ainsi que le siège du parti.
Selon un communiqué officiel publié mercredi, ces violences ont été orchestrées par des militants de l’opposition notamment ceux du PNP de Tikpi Atchadam.
La coalition de l’opposition a aussitôt réagi, dénonçant des « allégations tendancieuses » et a invité ses partisans à « poursuivre le combat, jusqu’à la victoire finale ».
Au total quatre personnes sont mortes, depuis le début des manifestations de l’opposition le 19 août dernier.
Référendum ?
L’opposition exige notamment le retour à la constitution de 1992. Elle réclame également le départ du président Faure Gnassingbé.
Les 62 députés du parti au pouvoir ont approuvé mardi au Parlement, le projet de révision constitutionnelle du gouvernement, texte qui ne passe pas, faute des 4/5 des voix des députés.
Les députés de l’opposition ont boycotté les travaux, situation qui ouvre la voie au référendum, le quorum des 2/3 ayant été atteint, avait précisé le ministre de l’administration territoriale Payadowa Boukpessi.
Vendredi à la tribune des Nations Unies, le Premier ministre togolais a renchéri, affirmant que le « projet sera soumis à la ratification du peuple qui, comme le reflète l’histoire de notre pays, va exercer librement et pleinement sa souveraineté en donnant au texte constitutionnel son caractère de norme fondamentale ».
« Je trouve ça très étrange », a rétorqué Jean Pierre Fabre, chef de file de l’opposition.
« Car l’APG a prescrit les réformes constitutionnelles et électorales. Et sans ces réformes on veut faire un référendum ? Faire le référendum sans avoir fait les réformes constitutionnelles prescrites par l’APG ? Avec la même CENI ? Avec la Cour Constitutionnelle-là ? C’est est une fuite avant. Et cela aboutira à un moment donné à l’explosion» », a-t-il averti, avant de marteler: « La mobilisation va continuer. Nous irons jusqu’au bout de la lutte ».
La coalition — composée de 14 partis politiques de l’opposition — a annoncé de nouvelles manifestations mardi, mercredi et jeudi à Lomé et dans d’autres villes du pays.
De son côté, le gouvernement a averti vendredi qu’il prendra des « dispositions idoines pour faire revenir le calme ».
Les positions sont tranchées et chaque partie campe sur sa position, situation qui inquiète beaucoup d’observateurs de la vie politique.
« A l’allure où vont les choses, les acteurs politiques ont intérêt à assouplir leur position pour une sortie. Il ne sert à rien de tirer sur la corde. Ils finiront par s’asseoir autour d’une table. Alors faisons économie des pertes en vies humaines et des dégâts matériels », a commenté un politologue.
De son côté, la Communauté économique des Etats de l’Afrique (Cédéao), ne cesse de calmer la tension.
« La situation est difficile, mais elle n’est pas alarmante. Il y aura quelques soubresauts, mais il est important que le pouvoir et l’opposition comprennent qu’il ne sert à rien d’aller vers des affrontements, des déchirures et transformer le pays en pugilat », avait souligné en début de semaine Marcel de Souza, président de la Commission de la Cédéao, réaffirmant la disponibilité de l’organisation à travailler aux côtés de l’opposition et du gouvernement togolais « pour que des concessions soient faites ». FIN
Junior AUREL
www.savoirnews.net, l’info en continu 24H/24