Les huitièmes jeux de la Francophonie, auxquels participent 4.000 athlètes et artistes de 53 pays, s’ouvrent vendredi à Abidjan dans un climat de tension après de récents incidents armés dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire.
Principale économie de l’Afrique de l’Ouest après le Nigeria, la Côte d’Ivoire accueille son premier grand événement international après une décennie de troubles politico-militaires (2002-2011), et entend faire de ces jeux, programmés du 21 au 30 juillet, une vitrine de son attractivité retrouvée.
Les jeux de la Francophonie, qui ont lieu tous les quatre ans, combinent des épreuves sportives et des concours culturels, ouverts aux 18-35 ans. Ils visent à promouvoir les talents de la jeunesse francophone.
« Ce sont des jeux de la Jeunesse qui sont très importants. Marie-Josée Perec, David Douillet, Donovan Bailey, Renaud Lavillenie… Ils sont tous passés par les jeux de la Francophonie », souligne à Abidjan Laura Flessel, la ministre française des Sports.
Quelque 10.000 policiers, gendarmes et militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité. Leur présence était bien visible vendredi dans les rues et devant les principaux sites des jeux. Des caméras de surveillance ont été installées aux carrefours des grandes artères de la mégapole de sept millions d’habitants.
Mais des fusillades entre les forces de l’ordre, dont un membre a été tué, et de mystérieux hommes armés dans plusieurs quartiers d’Abidjan, dans la nuit de mercredi à jeudi, ont fait monter la tension.
Selon le ministre de la Défense, Hamed Bakayako, les « assaillants » ont attaqué l’Ecole de police d’Abidjan pour voler des armes.
La Côte d’Ivoire a connu depuis le début de l’année une série de mutineries dans l’armée, montrant un haut niveau d’indiscipline. Le week-end dernier, trois soldats ont été tués dans des tirs dans un camp militaire de Korhogo, grande ville du Nord.
Le pays avait aussi subi en 2016 une attaque jihadiste qui avait fait 19 morts dans la cité balnéaire de Grand-Bassam, voisine d’Abidjan.
Le ministre de la Défense a néanmoins assuré que la sécurité des participants aux jeux était garantie.
Au stade Félix Houphouët Boigny, rénové et repeint de frais aux couleurs ivoiriennes (orange, blanc, vert), les derniers préparatifs de la cérémonie d’ouverture des jeux étaient en cours vendredi midi.
Celle-ci doit débuter à 19H00 (locales et GMT) avec en tête d’affiche le groupe ivoirien Magic System et la chanteuse sénégalaise Coumba Gawlo ainsi que 600 danseurs pour les différents tableaux. Les organisateurs espèrent 25.000 spectateurs.
Dès midi, des centaines de jeunes ont commencé à affluer vers l’entrée du stade, certains chantant et dansant sur la musique diffusée par un camion sonorisé.
Gisèle, 20 ans, un drapeau des jeux fiché dans la chevelure, est venue avec sa classe pour « voir l’ambiance ». Elle n’assistera pas à la cérémonie d’ouverture, mais compte venir supporter l’équipe de foot ivoirienne les jours suivants.
Mbock, un Camerounais de 20 ans, est venu avec un groupe d’amis ivoiriens de Yopougon, le grand quartier populaire d’Abidjan, lui aussi pour « l’ambiance », une petite vuvuzela en main, dont il s’empresse de faire une démonstration.
Côté sports, les jeux offrent des compétitions d’athlétisme, de handi-athlétisme, de basket-ball féminin, de football masculin, de judo, de lutte libre, de lutte africaine, tennis de table et de cyclisme sur route en démonstration.
Sept disciplines artistiques sont proposées: arts de la rue (hip-hop, marionnettes géantes, jonglerie), arts visuels (peinture, sculpture, installations), chanson, conte, danse de création, littérature et photographie, mais aussi la « création numérique » et la « création écologique » pour le développement.
Ces jeux ont été l’occasion pour Abidjan de rénover ses enceintes sportives et culturelles et de construire de nouveaux équipements, comme une grande salle omnisports de 2.500 places.
Le village des jeux, qui héberge les 4.000 participants, a été sorti de terre en neuf mois.
Le gouvernement n’a pas souhaité communiquer le coût des travaux, question sensible dans un pays ou les inégalités socio-économiques sont très fortes.
Pour la Côte d’Ivoire, ces jeux sont aussi comme un test avant la Coupe d’Afrique de Nations de football, une manifestation d’une tout autre ampleur, qui se déroulera en 2021.
SOURCE : AFP