Le programme de « réparation » l’une des principales recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), a été officiellement lancé ce vendredi à Lomé par le Premier ministre Selom Komi Klassou, a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.
Le programme de réparations concerne « toutes les personnes quelle que soit leur nationalité, ayant subi un préjudice du fait de violences à caractère politique, de violations graves des droits de l’Homme, durant la période allant de 1958 à 2005 ».
Le Togo a été fortement secoué pendant cette période par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Plusieurs personnalités dont des membres du gouvernement, des politiques, des représentants des partenaires techniques et financiers du Togo ainsi que certaines victimes ont pris part à cette cérémonie de lancement.
Ce programme de réparation comporte plusieurs phases. La première prend en compte les événements de 2005 subdivisés en deux sous-événements : les troubles socio-politiques suite au décès du président Gnassingbé Eyadéma le 05 février 2005 et les troubles socio-politiques suite à l’élection présidentielle du 24 avril 2005.
Pour ces deux événements de 2005, environ 7.057 victimes ont été recensées. La somme de 2 milliards de F.CFA reçue du gouvernement par le Haut Commissariat à la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRRUN) servira à indemniser 2.475 victimes. Le reste des victimes, soit 4.582, sera indemnisé lors de la prochaine tranche.
Au total 22.415 victimes ont été identifiées par la CVJR sur la période de 1958 à 2005.
A l’époque, la CVJR avait enregistré 22.415 dépositions. Sur un total de 8.080 dossiers présélectionnés, elle a pu auditionner 425 en séances publiques, 30 en séances in camera, 50 en privé, 5 en Vidéoconférence et 13 en audiences spéciales.
– « Nous devons nous réconcilier » –
Les opérations d’indemnisation se dérouleront dans trois villes : Lomé (pour les victimes de la région maritime et plateaux est), Atakpamé (les victimes de plateaux ouest) et Kara (les victimes de la région des savanes, de la Kara et centrale).
« La présente cérémonie est un parfait témoignage de notre absolue volonté d’emprunter la voie des standards de cette justice transitionnelle restauratrice (…). Le HCCRUN est aujourd’hui la voix du devoir et de l’avenir. Nous devons nous réconcilier puisque nous le comprenons parfaitement », a martelé Selom Komi Klassou.
« Nous devons donc garantir aux victimes la non-répétition des actes préjudiciables à la cohésion nationale. Le processus qui démarre aujourd’hui se matérialisera dans les prochains jours par l’indemnisation progressive des dommages suivis par les uns et les autres. C’est une nouvelle, une belle et une grande histoire qui se construit à partir d’aujourd’hui, car les réparations doivent être constructrices de la société », a-t-il souligné.
Selon le chef du gouvernement, « la République doit consolider notre vivre-ensemble qui est le ciment de toute société réconciliée et de progrès ».
« Il ne nous faut donc plus des regrets, mais un serment, un élan éternellement réconciliateur et une vigilance de tous les instants pour la République d’aujourd’hui et de demain apte à toujours faire le bonheur des Togolais », a ajouté le Premier ministre.
Très complexe, le programme de réparation nécessite un travail de terrain : des tournées d’explication à l’intérieur du pays, afin d’expliquer aux populations le caractère « symbolique » de ces réparations et la nécessité d’apaiser les cœurs en vue d’accompagner le processus de réconciliation.
« Nous irons vers les populations, les informer que la réparation sera effective, mais aussi échanger avec elles et leur faire comprendre que ces réparations sont symboliques. Nous allons discuter avec les populations, afin qu’elles aient le cœur apaisé et qu’elles acceptent de pardonner et d’accompagner le processus », a précisé Mme Awa Nana-Daboya (présidente du HCRRUN).
Il est également prévu des séances de prières et de libations, ainsi que des cérémonies traditionnelles sur l’ensemble du pays.
C’est après ces préparatifs que la phase d’indemnisation proprement dite prendra corps.
« Les réparations des victimes sont aussi bien individuelles que collectives, directes que indirectes, matérielles que d’ordre pécuniaire, scolaire mais surtout de nature symbolique », a souligné Mme Awa Nana-Daboya.
Rappelons que le HCRRUN a été créé en mai 2014. Elle pour mission notamment de procéder à la mise en œuvre des recommandations et du programme de réparation élaborés par la CVJR. FIN
Chrystelle MENSAH/ Rédaction
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