Enseignants absents des classes, des élèves dans les rues, dressant parfois des barricades sur des principales routes pour réclamer les cours : le secteur de l’éducation est fortement secoué depuis le début de la rentrée (en octobre), par des grèves à répétition déclenchées par la Coordination des syndicats de l’éducation du Togo (CSET), regroupant quatre syndicats des enseignants.
Ces derniers exigent une amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
La CSET réclame notamment l’abrogation du corps des enseignants auxiliaires et leur reversement dans le corps des fonctionnaires de l’enseignement, l’indemnité de logement pour le personnel de l’éducation et pour toute la carrière, la prime de travail de nuit et la prime de salissure (à intégrer au budget de 2017, en attendant l’adoption du statut particulier ) et la résolution définitive du problème de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) du dossier des normaliens.
Une plateforme revendicative dont certains points datent des « lustres », selon les responsables de cette coordination.
Les discussions menées au sein du Groupe de travail sur secteur éducatif mis en place par le gouvernement le 18 Janvier dernier en vue de trouver des solutions durables à la crise qui secoue l’éducation, n’ont apparemment rien donné, ces enseignants ayant déclenché ce lundi, une nouvelle grève de 72 heures.
Ils sont appuyés cette fois-ci par par la Fédération des Syndicats de l’Éducation nationale (FESEN), également en grève pour 48 heures.
Les enseignants grévistes ont balayé du revers de la main, la trêve de deux semaines retenue par le groupe de travail vendredi dernier à la fin des discussions.
Selon Joachim Sonoukou (chargé à la communication de la CSET), la base de la coordination ne se retrouve pas dans le contenu du relevé de conclusions et recommandations, issues des négociations qui ont pris fin vendredi au sein du groupe de travail.
« Si nous ne sommes pas représentés au sein du groupe de travail, il faudrait que les conclusions reflètent au moins le contenu de notre plateforme de revendications. A l’Assemblée générale de samedi dernier, toutes les préfectures ont rejeté la trêve de deux semaines, proposée par le groupe de travail », a-t-il souligné.
Des élèves en colère dans les rues
Dans plusieurs établissements, les activités pédagogiques, étaient complètement paralysées ce lundi. Une fois encore, les élèves sont descendus dans les rues dans plusieurs localités du pays pour exiger les cours, ont constaté des correspondants de l’Agence Savoir News.
Certains ont perturbé la circulation sur certains grands axes, dressant des barricades. C’est la situation observée à Mango où des élèves en colère avaient bloquée la Nationale N°1 avec des troncs d’arbres et brûlé des pneus.
Dans plusieurs localités du pays, certains élèves n’ont pas hésité un instant à déloger leurs camarades des écoles privées. La même scène a été observée dans certains coins de Lomé.
« Le gouvernement doit prendre la pleine mesure de la situation et vite réagir, car la situation devient de plus en plus inquiétante. Il faut un dialogue en profondeur avec les principaux acteurs de cette crise, notamment les responsables de la CSET », a souligné Paul Egoulé, responsable dans une institution de microfinance à Lomé.
« J’ai beaucoup peur, quand je vois les élèves dans les rues. C’est le moment plus que jamais de trouver une solution à cette situation », a-t-il averti.
En avril 2013, deux élèves avaient trouvé la mort à Dapaong (environ 664 km au nord de Lomé) dans telles manifestations. Le plus jeune (élève en classe de 6è), avait été tué par balle.
Les cours sautés, sont considérés comme faits
La seule phrase des enseignants, qui met les élèves en colère : « Les cours sautés, sont considérés comme faits ». Furieux des défalcations sur salaire pour fait de grève, les enseignants grévistes enflamment les élèves chaque fois qu’ils prononcent cette phrase fétiche.
« Pourquoi vont-ils sauter les cours ? Le gouvernement doit vite faire pour les satisfaire, raison pour laquelle ils sont dans la rue », a confié une élève rencontrée ce lundi à Avépozo.
« Nous voulons nos cours, c’est tout », a renchéri un autre élève, très furieux.
Sur des photos publiées sur les réseaux sociaux, certains élèves surexcités étaient munis de gourdins.
« Les responsables syndicaux et ces enseignants qui refusent de respecter le programme scolaire et tiennent des propos de nature à jeter les élèves dans les rues, n’ont pas véritablement leur place dans l’enseignement », a déclaré Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique) sur une radio privée.
« Si les gens ont d’autres motivations, qu’ils n’utilisent pas l’éducation pour les assouvir, qu’ils ne prennent pas les enfants en otage. Les incitations à la violence n’ont pas leur raison d’être dans nos établissements. Un enseignant qui dit que les cours programmés durant les jours de grève sont considérés comme faits, n’a pas sa place dans l’enseignement », a-t-il précisé.
« Les précomptes seront effectués de manière systématique et rigoureuse. Et les chefs d’établissement ont la responsabilité de tenir des listes de présence », a martelé le ministre.
Selon certains observateurs, l’heure est plutôt à l’apaisement, car la « tension est vive ».
« Le ministre Bawara doit mettre un peu d’eau dans son vin ces derniers jours, car l’heure n’est plus aux menaces. La tension est vive et chacun doit faire preuve de tempérance », a prodigué Mme Ida Ahoda, enseignante à la retraite. FIN
Edem Etonam EKUE
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