Manuel Valls effectue à partir de vendredi une tournée de quatre jours en Afrique de l’Ouest (Togo, Ghana, Côte d’Ivoire), au cours de laquelle il entend afficher le soutien de la France aux processus démocratiques dans la région et peaufiner sa stature internationale, à six mois de la présidentielle.
Après un passage au Tchad et au Niger en 2014, au Mali et au Burkina Faso en 2015 puis en septembre au Sénégal, le Premier ministre français poursuit ses visites dans une région bousculée par l’irruption de la menace terroriste au Sahel, et où la France fait face à une concurrence de plus en plus forte sur le plan commercial.
Alors qu’une bonne partie de la gauche française s’interroge sur son éventuelle candidature en 2017 à la place de François Hollande, M. Valls entend notamment afficher son « soutien aux démocraties africaines », a insisté son entourage. Il doit passer environ 24 heures dans chaque pays, d’abord au Togo à partir de vendredi soir, puis au Ghana et en Côte d’Ivoire.
Après la visite le mois dernier au Sénégal, souvent érigé en exemple démocratique sur le continent, Matignon souligne ainsi la proximité « assumée » avec les élections au Ghana (présidentielle début décembre) et le référendum constitutionnel organisé par le président Alassane Ouattarra en Côte d’Ivoire dimanche, jour de l’arrivée de M. Valls à Abidjan.
Le texte doit permettre de tourner la page de la décennie de crise sous l’ère Gbagbo qui avait menacé de plonger l’ancien fleuron de l’économie africaine dans la guerre civile. Toutefois, l’opposition dans son ensemble a appelé à boycotter le scrutin, accusant le président d’une +dérive monarchique+ ».
Le symbole démocratique s’avérera plus difficile à porter au Togo, où le président Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir à la mort en 2005 de son père Gnassingbé Eyadéma, lui-même chef de l’État depuis le coup militaire de 1967 et grand visage de la « Françafrique » des présidences de Gaulle à Chirac.
Lomé s’est félicité dans un communiqué d’accueillir pour la première fois « depuis 27 ans » un Premier ministre français, le dernier en date ayant été Michel Rocard. M. Valls doit s’entretenir puis dîner vendredi soir avec le président Gnassingbé, réélu en 2015.
Une quatrième étape au Gabon, envisagée avant les troubles électoraux et la réélection contestée du président Ali Bongo, avait rapidement disparu des programmes préliminaires.
– La fin du « pré carré » –
Manuel Valls, qui avait affirmé début octobre à Dakar qu’il n’y avait plus de « pré carré » français en Afrique, entend porter une vision moderne des relations franco-africaines, alors que François Hollande avait promis dans sa course à l’Élysée début 2012 de « démanteler la Françafrique ».
La guerre au Mali et l’engagement de l’armée française contre les groupes islamistes en Afrique de l’Ouest ont toutefois confirmé le rôle de la France comme « gendarme » de la région, et poussé à des rapprochements imprévus avec des dirigeants comme le Tchadien Idriss Déby.
Les récents attentats jihadistes visant la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso, ou les incursions de Boko Haram au Cameroun ou au Niger avaient souligné l’étendue régionale du conflit.
Au Ghana dimanche, Manuel Valls rendra visite au centre d’entraînement antiterroriste de l’ancienne colonie britannique. Il visitera aussi les militaires français sur la base historique de Port-Bouët à Abidjan.
Le Premier ministre entend « s’immerger dans la réalité africaine » et « faire du terrain », selon son entourage. Sans oublier l’importance des relations d’affaires.
Au Togo, il doit notamment se rendre au port autonome de Lomé géré par le groupe Bolloré, un des poids lourds français en Afrique avec les groupes Bouygues, Total ou encore Castel. En Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, M. Valls croquera également quelques grammes de chocolat à l’usine Cémoi.
SOURCE : AFP