Les catholiques du monde entier ont célébré vendredi et pour la première fois, Sainte Marie-Madeleine, comme « Apôtre des apôtres ». Le 3 juin dernier, l’Eglise a décidé de passer de la célébration de sa mémoire à la célébration de la fête de cette « disciple du Seigneur », chaque 22 juillet.
Première personne à constater le tombeau vide de Jésus, elle sera la première à annoncer la résurrection du Christ aux apôtres.
La toute première célébration de sa fête a été marquée vendredi au monastère du Saint Esprit (à Lomé) par une messe dont l’homélie a été riche en enseignement sur cette femme.
Dans une interview accordée à l’Agence Savoir News, Père Etienne Amouzou (enseignant au grand séminaire) revient sur les valeurs de cette grande dame et appelle toutes les nations à s’investir dans l’éducation et la valorisation de la femme suivant les écritures saintes.
Savoir News : Père Etienne, qui est Sainte Marie-Madeleine ? Et qu’a-t-elle fait pour qu’on la célèbre désormais comme fête ?
Père Etienne Amouzou : Sainte Marie-Madeleine est une grande femme, elle est si grande que l’Eglise a décidé de passer de la célébration de sa mémoire à la célébration de sa fête. C’est pratiquement la première fois que nous célébrons la fête de Sainte Marie madeleine.
C’est donc par rapport à elle que nous contemplons, nous essayons d’évaluer et d’admirer les valeurs qui font la femme. Les valeurs que notre Seigneur Jésus Christ a identifiées en elle et pour lesquelles il l’a élevée si haut parmi les disciples et apôtres, c’est d’abord son courage. On pourra dire de Marie Madeleine, qu’elle incarne les valeurs d’une femme vaillante dont parle le livre des Proverbes au chapitre 31 verset 10. La femme vaillante qui, dans le livre des proverbes, est plus précieuse que la perle.
Une telle femme a la confiance de son mari, c’est une femme qui peut être une confidente sûre. C’est une femme assidue qui fait son travail avec ardeur et de façon appliquée. Et nous retrouvons tout ceci dans Marie-Madeleine.
Lorsque Jésus était sur la croix, elle faisait partie des trois « Marie » dont parle l’Evangile de St Jean au chapitre 19. Elle n’a pas hésité à afficher son appartenance à Jésus, malgré le fait qu’en ce temps, afficher sa présence était à la limite, s’exposer à la persécution, à la mort. C’est une valeur profonde, surtout la valeur du cœur. Et la valeur fondamentale de la femme, c’est d’avoir Dieu dans son cœur.
A travers votre description de la femme, avons-nous encore des Marie-Madeleine dans notre société actuelle ?
Oui, rien qu’à voir nos assemblées liturgiques, on remarque que les femmes sont beaucoup plus assidues, beaucoup plus généreuses, et beaucoup plus pieuses. Il y a donc encore des femmes qui sont des Marie-Madeleine dans nos paroisses, dans nos communautés.
Selon vous, pourquoi avons-nous plus de femmes que d’hommes dans nos églises ?
L’explication que je donnerais, c’est à partir de Marie-Madeleine, qui a dégagé cette valeur fondamentale qu’est la présence de Dieu dans son cœur : la foi.
Nous expliquons la présence nombreuse des femmes dans les assemblées liturgiques par le fait qu’elles ont cette disposition à croire, à s’accrocher et à faire confiance à Dieu. Elles ont Dieu dans leur cœur. C’est comme si les femmes sont conscientes de partager avec Dieu, une grande responsabilité face à la vie.
D’aucuns estiment que les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les assemblées liturgiques, parce qu’elles ont souvent des difficultés.
Cette façon de voir les choses peut ne pas être fausse. Mais, c’est beaucoup plus un langage de psychologue que celui d’un homme de Dieu. Et même en prenant la chose sous cet angle, c’est toujours la confiance qu’elles ont en Dieu qu’elles expriment. Car, tout le monde (donc les hommes aussi) a des problèmes.
Les stéréotypes utilisés pour présenter la femme, contribuent-ils à la valoriser?
Non, car beaucoup de publicités aujourd’hui, que ce soit à la télévision ou à la radio, ne vont pas dans le sens de la valorisation de la femme telle que nous la percevons à travers les écritures saintes. La plupart de ces publicités sont des images dégradantes, qui dévalorisent, chosifient la femme et font d’elle l’objet de commerce. Et à la lumière de la parole de Dieu, nous percevons tout cela comme l’œuvre du diable.
Peut-on venir de cette situation? Si oui, comment montrer à la femme qu’elle a de la valeur, qu’elle est précieuse aux yeux de Dieu et qu’elle devrait l’être également aux yeux des hommes ?
Le dicton dit : « Qui éduque une femme, éduque mille personnes ». Il faut nécessairement passer par une éducation, une rééducation de la femme. Et je voudrais profiter pour annoncer qu’une initiative est en cours, celle conduite par une communauté appelée « Mère du divin amour », et qui va regrouper des milliers de femmes pour leur parler, pour soutenir les femmes et les encourager à regarder vers les grandes valeurs qui font la femme.
Et donc nous entrons en plein combat car, de l’autre côté, il y a aussi des discours dévalorisants, des discours qui orientent le regard de la femme vers des non-valeurs. Il faut donc entrer dans le combat avec beaucoup de prière, intensifier la prière à cette intention et entrer comme dans un combat spirituel.
Mais pourquoi un « combat spirituel » ?
Il faut un combat spirituel. Le diable sait que si la femme est bien éduquée, si la femme incarne les valeurs bibliques, les valeurs spirituelles, le monde irait dans une direction autre que ce que le diable envisage qu’il prenne. Les nations devraient donc s’investir dans l’éducation des femmes telle que libellée dans les écritures saintes, pour un monde meilleur.
Les hommes ont-ils une part de responsabilité ? Que pensez-vous de ceux qui battent leur femme, qui les rabaissent et les empêchent de s’épanouir ?
Les hommes qui maltraitent, violentent, terrifient, rabaissent leur femme, qu’ils sachent que ces méthodes ne promeuvent pas la femme. Il faut ensuite dire que certaines réactions de l’homme vis-à vis de la femme, lui viennent de la tradition. Mais notre tradition même a besoin d’être évangélisée. Alors, j’invite ces hommes à nous rejoindre dans la parole de Dieu. Que tous viennent à l’école de la parole de Dieu, de la bible. C’est donc à la lumière de la parole de Dieu que chacun saura comment se conduire dans le foyer, dans la famille, dans la société et partout dans le monde.
Un dernier mot pour conclure ?
Oui, faisons confiance à nos sœurs, à nos mères, car cela demeurera toujours vrai que leur place et leur rôle dans la société est une place et un rôle important sur les plans spirituel, intellectuel, social, économique, etc. Bref, sur tous les plans, le rôle de la femme est primordial.
Et il faut que nous les assistions et les encouragions, afin qu’elles assument leur rôle au sein de leurs sociétés respectives. Personnellement, je crois que l’avenir repose dans les mains des femmes, dans la mesure où elles incarneront, elles apprendront à incarner ces valeurs que nous avons découvertes. FIN
Propos recueillis par Ambroisine MEMEDE
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