Une cinquantaine de journalistes et de militants ont manifesté vendredi devant les locaux de la télévision publique sud-africaine (SABC) à Johannesburg pour protester contre des décisions de la chaîne qu’ils considèrent comme de la censure, à quelques semaines d’élections municipales à haut risque pour le pouvoir.
« Nous voulons des vraies informations, pas de la propagande! », scandaient les manifestants tous vêtus de noir.
D’autres manifestants, dont certains avaient du scotch sur la bouche, tenaient des panneaux indiquant « Censure médiatique = apartheid ».
Ces derniers jours, six salariés de la chaîne ont été mis à pied et font l’objet d’une procédure interne pour avoir exprimé leur désaccord face à la ligne éditoriale de la chaîne.
« C’est le petit symptôme d’un plus gros malaise: on est littéralement en train de glisser vers une dictature », a déploré Tuwani Gumani, un ex-salarié de la SABC qui manifestait vendredi.
Lundi, le PDG de la SABC, Jimi Matthews, a démissionné expliquant que ce qu’il se passait au sein du groupe « était mal » et contraire à ses valeurs.
Hlaudi Motsoeneng, chef des opérations de la SABC mais véritable patron du groupe, est la principale cible des critiques. Réputé proche de l’ANC, le parti au pouvoir, il est accusé de promouvoir une couverture médiatique plutôt favorable au gouvernement.
En mai, la SABC a banni la lecture des gros titres des journaux de la presse écrite, parfois critiques envers le pouvoir, dans les émissions de radio du groupe.
Quelques semaines plus tard, la chaîne a annoncé qu’elle ne couvrirait plus les destructions de biens publics lors des manifestations. Une consigne mise en pratique lorsque la SABC a assuré le service minimum lors des émeutes qui ont secoué la capitale Pretoria et fait cinq morts.
Les élections municipales du 3 août s’annoncent très serrées pour l’ANC dans plusieurs grandes métropoles.
Selon les derniers sondages de l’Institut Ipsos South Africa, l’ANC pourrait perdre la capitale Pretoria, mais aussi Johannesburg et Port Elizabeth (sud-est) au profit de l’Alliance Démocratique, le principal parti d’opposition.
SOURCE : AFP