L’ancienne et redoutée « Dame de fer » de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo, qui a connu les sommets du pouvoir puis la chute avec son mari Laurent, s’est forgée une réputation de dureté, d’abord comme opposante dans la rue puis comme très influente épouse de président.
Après une première condamnation en 2015 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sureté de l’Etat », confirmée le 26 mai par la Cour suprême, l’ex-Première dame âgée de 66 ans, comparaît à partir de mardi devant les assises d’Abidjan dans un nouveau procès.
Cheveux grisonnants et rasés court, robe marron, Mme Gbagbo, seule accusée non menottée des 13 prévenus de la session d’assises qui s’est ouverte le 9 mai, était alors apparue quelque peu amaigrie.
Acclamée par ses partisans, elle les avait salués de la main en gagnant sa place dans le box. A la fin de l’audience, elle avait même embrassé de nombreux visiteurs.
Des images qui contrastent fortement avec celles de son arrestation mouvementée le 11 avril 2011 au côté de son mari, où elle apparaissait le regard apeuré, les traits tirés et les cheveux en bataille. Une fin de règne piteuse, après plus de dix ans comme Première Dame ivoirienne.
– ‘Escadrons de la mort’ –
Mme Gbagbo a été autant respectée pour son militantisme que crainte pour son rôle de « présidente » à poigne, souvent accusée d’être liée aux « escadrons de la mort » contre les partisans de M. Ouattara, qu’elle a toujours honni.
Simone Ehivet est née en 1949 près de Grand-Bassam, à l’est d’Abidjan, d’un père gendarme, dans une famille de dix-huit enfants. Elle a fait des études d’histoire et de linguistique.
Mais ses passions sont le syndicalisme et l’engagement politique, passant du marxisme au christianisme évangélique après qu’elle eut échappé « miraculeusement » en 1998 à un accident de voiture.
Plusieurs fois emprisonnée dans les années 1970, puis 1990, pour avoir dénoncé publiquement le « Vieux », l’ancien président Félix Houphouët-Boigny, elle co-fonde en 1982 ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI, gauche) dont elle sera députée en 1995.
Le 19 janvier 1989, elle épouse, en secondes noces, le « camarade » Laurent Gbagbo. Elle a cinq filles, dont deux de M. Gbagbo.
Lorsqu’éclate la rébellion du Nord de 2002, Simone Gbagbo défend son mari, dénonce la « sédition » et la partition du pays et sera – plus ou moins publiquement – hostile aux accords de paix successifs.
« Dieu a donné la victoire à Laurent », commente-t-elle huit ans plus tard au lendemain du second tour de la présidentielle contestée du 28 novembre 2010.
Quand le pays plonge dans la crise post-électorale, « Simone » ou « Maman », comme l’appellent ses admirateurs, fustige le « chef bandit » Alassane Ouattara et le « diable » Nicolas Sarkozy, le président français d’alors.
L’ancienne Première dame a également été entendue par la justice française dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004 à Abidjan.
Si, selon la CPI, elle s’est imposée en « alter ego » politique de son mari, leur union privée s’est étiolée. Il y a quelques années, M. Gbagbo s’est uni à Nady Bamba, une ex-journaliste, au cours d’un mariage coutumier.
SOURCE : AFP