Le débordement de la mer menace les habitants des quartiers Jak, Akpakpa-Dodomè, Donaten et Siafato de Cotonou. Face à cette situation qui les oblige à l’abandon de leurs maisons et autres propriétés, les populations implorent l’indulgence de l’Etat pour freiner la mer dans son élan dévastateur et aussi pour assainir leur cadre de vie infesté par les ordures.
« Nous avons connu beaucoup de problèmes face à l’érosion côtière. Plusieurs appartements et maisons sont engloutis par la mer et la population est en errance actuellement », confie le chef quartier Donaten, Auxibe Ahoudji, visiblement désemparé.
Ces mots résument la souffrance des populations qui, face au débordement de la mer, sont obligées de tout abandonner pour trouver refuge ailleurs, parfois même, auprès de parents et proches.
Tout en reconnaissant l’importance du travail qui avait été fait, notamment l’installation des épis sans lesquels le quartier Donaten et environs seraient déjà totalement engloutis par la mer, Auxibe Ahoudji trouve que ces travaux présentent des insuffisances.
« Par exemple, au lieu que les épis soient érigés tout le long de la côte, il n’y a eu que des zones ciblées qui en ont bénéficié », relève-t-il.
« C’est pourquoi, il faut procéder urgemment à des corrections au niveau des épis parce qu’actuellement, il y a une zone de stabilité, mais nous sommes toujours sous le coup de la menace de l’érosion », poursuit-il.
Des explications de M.Auxibe Ahoudji, deux problèmes fondamentaux se posent. Celui des sinistrés à recaser et celui de l’érection d’un nouvel épi entre l’épi 0 et l’épi 1 pour opérer la correction entre les deux.
« Si on érige les épis, ça va casser les vagues et nous allons gagner du terrain sur la mer », explique Auxibe Ahoudji en insistant sur la reprise des travaux.
Les ordures, l’autre problème
L’autre difficulté à laquelle sont confrontées les populations est liée aux ordures et à la gestion des excrétas. Les ordures viennent des quartiers environnants pour échouer soit dans la mer, soit dans les rues environnantes.
En tant que chef quartier, Auxibe Ahoudji n’entend pas utiliser ses ressources personnelles pour régler les problèmes de salubrité publique. Raison pour laquelle il invite les structures sanitaires de l’Etat à jouer leur rôle.
« Ils n’ont qu’à venir nous aider. Tout le monde dit que c’est le problème du chef quartier alors que je ne dispose pas de budget pour résoudre ces problèmes-là », se plaint le chef quartier.
L’autre situation similaire concerne la gestion des puisards et autres latrines qui débordent et dégagent des odeurs fétides.
Sur la question, Auxibe Ahoudji estime qu’il y a d’abord un travail qui a été mal fait au niveau de ces latrines.
« La construction des puisards ne respecte pas les normes. Comme dans une zone marécageuse, l’eau remonte chaque fois, on a beau curer ces puisards-là, ils se remplissent facilement », explique le chef quartier, déplorant l’indisponibilité d’un budget consacré à l’assainissement des côtes.
Le combat contre la mer
Dans le cadre d’une visite des journalistes de l’Uemoa qui ont effectué, le 6 janvier 2016, une descente sur le site du projet « Protection de la côte à l’est de l’épi de Siafato », Philippe Registre Zounmènou, coordonnateur du projet, avait exposé la consistance à ses hôtes ainsi que les tenants et aboutissants.
Selon ses explications, le projet vise à installer neuf ouvrages de protection pour sécuriser les infrastructures socio-économiques et les riverains situés dans son emprise. Ces ouvrages sont constitués de 8 épis de protection et d’un mur de revêtement. Les épis sont espacés d’environ 1 km, ce qui couvre le linéaire total de 8 km.
Le constat fait sur le terrain, selon Philippe Registre Zounmènou faisait état d’une vitesse d’érosion moyenne annuelle d’environ 10 m. Depuis qu’on a installé les ouvrages, il est constaté l’engraissement de sorte que le niveau de reconstitution de la plage puisse atteindre 100m. Ce qui montre avec évidence les résultats palpables et l’efficacité du projet.
Toutefois, le responsable du projet n’a pas occulté ses conséquences qui portent sur l’engloutissement de toutes les infrastructures qui sont dans le périmètre touché.
Il a fait remarquer que près de 4 à 5 complexes hôteliers ont été déjà engloutis sans oublier de souligner que plusieurs milliers de ménages se sont dispersés et ont déménagé de la zone et que les activités socio-économiques ont été détruites.
Le phénomène ne touche pas uniquement ce segment de la côte béninoise, selon ses explications. Le problème s’observe, a-t-il précisé, avec acuité au niveau de la côte située entre Hillacondji et Grand-Popo qui fait l’objet en ce moment, d’une étude technique approfondie. FIN
De Cotonou, Olphyz KOUNDE
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