Les Tchadiens votaient en nombre dimanche pour élire leur président parmi 13 candidats dont le chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, qui brigue un cinquième mandat après 26 ans de pouvoir sans partage.
Les bureaux de vote ont ouvert peu après 07H00 (06H00 GMT) pour le premier tour du scrutin et doivent fermer à 18H00 (17H00 GMT).Nomades, militaires et réfugiés ont voté dès samedi.
A N’Djamena, dans le bureau de Njanban Ngato, électrices et électeurs, en files séparées, patientaient dans le calme munis de leur carte d’électeur biométrique, a constaté un journaliste de l’AFP.Les forces de sécurité étaient présentes en masse dans le quartier.
« Le grand jour est arrivé.Le Tchad doit sortir grandi de ces élections », a déclaré le président Déby Itno après avoir voté dans ce bureau: « la classe politique doit accepter avec sincérité les résultats des urnes qui sont le choix du peuple ».
Aucun incident n’avait été signalé en milieu de matinée.
Dans le quartier populaire de Moursal, réputé frondeur et acquis à l’opposition, l’affluence était également très forte dans les bureaux.
– ‘Pas d’eau, pas de maison, pas de boulot’ –
« On veut redresser le pays.Tout le monde espère un changement », assure à l’AFP un électeur d’une trentaine d’années, Ida Nouba-Asra, ajoutant: « nous souffrons trop: pas d’eau potable, pas de maison, pas de boulot ».
Cette élection, qui devrait voir la victoire du sortant, tant l’appareil d’Etat et son parti le Mouvement patriotique du Salut (MPS) disposent de moyens nettement supérieurs à ceux de leurs concurrents, a lieu dans un pays classé par l’ONU parmi les cinq plus pauvres au monde.
Malgré les ressources pétrolières depuis 2003, la moitié de la population survit en dessous du seuil de pauvreté et 70% est analphabète.
Sur les grandes et nombreuses affiches en couleur qui parsèment la capitale, le président promet pourtant à ses électeurs « l’émergence du Tchad » lors de son prochain mandat.
Son principal concurrent et chef de l’opposition, Salem Kebzabo, candidat de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNIR), qui veut « promouvoir l’unité nationale et l’éducation », promettait, lui, à ses partisans, lors de son dernier meeting de campagne vendredi, sur la place de la Nation, en face du Palais présidentiel, « d’entrer dès dimanche minuit dans le Palais rose ».
– La menace Boko Haram –
Les autres candidats ont, quant à eux, tenu leurs derniers meetings en province, à l’instar de l’ancien Premier ministre Joseph Djimrangar Dadnadji, qui dit vouloir mettre un terme à la « patrimonialité du pouvoir ».
Ces privilèges sont très mal perçus par la population.Mais le président-candidat ne tolère aucune contestation de la rue et,
Une référence aux pratiques d’Idriss Déby, qui s’entoure de membres de son ethnie zaghawa pour éviter les trahisons et favoriser leurs affaires.Ces derniers assurent notamment l’essentiel du commandement de l’efficace et redoutée armée tchadienne, qui intervient dans la région sahélienne contre les islamistes.
« Des membres de l’ethnie zaghawa (…) se situent généralement au sommet de la hiérarchie militaire (…) et bénéficient d’une impunité presque totale », notait récemment le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
Depuis plusieurs semaines, la société civile est interdite de manifester pour une alternance démocratique.
Pour avoir enfreint cette interdiction, cinq leaders de la société civile sont toujours emprisonnés.Jeudi le procureur général a requis six mois de prison ferme contre eux et leur procès a été reporté au 14 avril.
Pour autant, la réelle menace d’attentats menés par les islamistes du groupe nigérian Boko Haram, qui ont frappé deux fois N’Djamena en 2015, « légitime un régime fort » et des mesures de sécurité renforcées, selon ICG.
Les résultats provisoires de ce premier tour ne sont attendus que dans 15 jours, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
SOURCE : AFP