Le retard enregistré par le Togo dans la mise en œuvre de la décentralisation et la tenue des élections locales est lié à deux principales raisons, a souligné ce mardi le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé devant des chefs traditionnels.
Le chef de l’Etat était face aux garants des us et coutumes au nouveau Palais de la présidence, lors d’une rencontre visant à leur présenter la feuille de route de la décentralisation et des élections locales élaborée par un « comité technique », et mise en œuvre par le gouvernement.
Cette rencontre d’échanges fait suite à l’adoption par le Conseil des ministres d’un projet de loi relatif à la création de nouvelles communes. Elle a permis de préciser l’esprit et les modalités de mise en œuvre de ce projet qui aura une incidence majeure sur l’organisation administrative du Togo.
Il faut noter que depuis son accession à la magistrature suprême, le chef de l’Etat organise des rencontres périodiques d’échange et de partage avec les forces vives de la nation sur les grands sujets qui engagent la vie du pays.
Faure Gnassingbé avait à ses côtés : Batienne Kpabre-Sylli (ministre auprès de la présidence de la République) et Payadowa Boukpessi (ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales).
Au Togo, les dernières élections locales remontent à 1987. Les Mairies sont dirigées par des présidents de délégations spéciales. Ces dernières années, l’opposition a plusieurs fois, accusé le pouvoir de retarder la tenue des élections locales. Ces derniers mois, le sujet fait encore place dans les débats politiques où le pouvoir est toujours pointé du doigt.
« Nous parlons des élections locales depuis des années. Plusieurs fois, la promesse a été faite que ces élections auraient lieu, y compris moi-même. Mais, on n’a jamais réussi à organiser ces élections. Une feuille de route a été proposée au gouvernement. Nous sommes obligés de tenir compte des avis des uns et des autres dont les avis des chefs traditionnels que vous êtes, parce que cette réforme va bouleverser la manière dont l’Etat a géré ses démembrements dans vos cantons, dans vos préfectures », a déclaré Faure Gnassingbé à l’ouverture de cette rencontre.
« Si vous regardez autour de nous, les autres pays ont déjà mis en œuvre, cette décentralisation. Et compte tenu des problèmes que nous avons connus, nous sommes restés un peu en marge de la réforme », a-t-il reconnu.
Selon le chef de l’Etat, le chantier de la décentralisation devrait être attaqué après le retour de l’apaisement dans le pays, au lendemain des élections législatives de 2007 et de la présidentielle de 2010 : « Cela n’a pas été le cas et nous le regrettons tous ».
Mais, a-t-il poursuivi, « deux raisons » peuvent expliquer le retard enregistré par le Togo. « D’abord, le problème de consensus. Chacun avait un peu sa vision de la décentralisation, d’où il fallait harmoniser les points de vue. A cet égard, le débat a pu se faire avec plus ou moins d’intensité. Mais surtout l’idée a mûri et aujourd’hui, je crois que c’est un consensus dans la classe politique et au sein des populations que nous devons aller à la décentralisation », a expliqué Faure Gnassingbé.
« Le deuxième point : des lendemains électoraux difficiles que nous avons connus. A chaque fois, il y avait des contestations. Avant l’élection, on vient nous voir et on discute. Pendant l’élection, on pense que tout s’est bien passé et puis après l’élection, encore les contestations. Cette situation créait une certaine lassitude des populations. Ce qui ne nous donnait pas vraiment ni l’envie, ni la motivation de remettre ces élections locales à l’ordre du jour. A mon avis récemment, c’est ce qui a expliqué le retard que nous avons pris. Dieu merci, les présidentielles de 2015 se sont déroulées à la satisfaction de tous et de toutes et il n’y a pas vraiment de raison de ne pas y aller », a-t-il souligné.
Pour le président de la République, il n’est plus question de régler tous les problèmes avant d’aller à ces élections locales.
« Il y a eu une hésitation de notre part parce que, quand vous élisez les gens, notamment les conseillers municipaux, il faut des infrastructures pour abriter les nouvelles communes. Et vous voyez vous-mêmes parfois l’état des bâtiments des services de l’Etat dans vos contrées. Quand on fera les élections, on aura encore besoin d’autres bâtiments. Nous avons réfléchi et puis finalement nous nous sommes dits que s’il faut attendre de tout régler avant d’aller à ses élections locales, nous ne les ferons peut être jamais. Parfois, il faut pouvoir commencer dans des conditions difficiles et au fur et à mesure de votre marche, les choses vont s’améliorer. Et c’est le choix que nous avons fait », a martelé Faure Gnassingbé.
« La décentralisation permet d’améliorer l’organisation administrative et de la rendre plus efficace en déléguant des pouvoirs à des élus locaux…nous devons tous œuvrer à son succès car l’objectif ultime est de faire reculer la pauvreté. Mais Le gouvernement ne peut pas agir tout seul. C’est pourquoi nous avons tenu à recueillir vos observations, vos suggestions et vos critiques pour mieux avancer », a-t-il précisé.
Le chef de l’Etat a convié les chefs traditionnels du Togo à s’approprier les objectifs de la feuille de route de la décentralisation et à s’impliquer activement dans sa mise en œuvre.
Dans la feuille de route, le « comité technique » propose plusieurs innovations, notamment la communalisation intégrale du pays et la non discrimination entre les communes.
Les communes issues de ces innovations seront dirigées par les nouvelles autorités locales élues et dont la mission principale, sera de favoriser le développement local participatif et la promotion sociale des communautés à la base. Ces communes seront, soit des regroupements de cantons, soit des cantons pris individuellement, soit un regroupement de quartiers. FIN
Junior AUREL
www.savoirnews.net, l’info en continu 24H/24