De 1972 en 1990, le Bénin a connu une période révolutionnaire sous le règne de l’ancien président béninois, le général Mathieu Kérékou, décédé le 14 octobre à l’âge de 82 ans. Une période qui a beaucoup impacté la situation sociale et éducative du pays dont l’évolution depuis lors jusqu’aux temps actuels tend progressivement et sûrement vers le déclin.
« Tout n’était pas rose. Mais, il y avait la rigueur et le respect dans tout et en tout. C’était tout simplement bon et beau ce que nous avons vécu pendant cette période », se souvient encore Albert Singbo, septuagénaire et ancien cadre du ministère du travail.
A en croire ce dernier, durant la période révolutionnaire, la situation sociale du pays n’était pas du tout déplaisante.
En effet, au cours de cette période, il y avait une certaine quiétude et une parfaite collaboration entre l’Etat central et le peuple. Le respect et la discipline était de mise.
« L’incivisme ne trouvait pas une place importante dans le comportement du peuple », affirme Mme Elisabeth Ouinsou, sage-femme d’Etat à la retraite.
Pour elle, la période révolutionnaire est préférable à l’actuelle période démocratique. C’est d’ailleurs cette période qui a fait d’elle une fonctionnaire d’Etat.
« Après l’obtention de mon Baccalauréat en 1975, j’avais passé trois concours d’entrée à l’université. J’étais admise pour les trois. Et comme j’avais plus de penchant pour la médecine, alors je me suis inscrite en faculté de médecine. A la sortie de l’Université, j’ai passé le concours de recrutement et me voilà entrée dans ce corps », raconte-t-elle avec émotion pour montrer combien de fois toutes les composantes de la société béninoise d’alors étaient bien organisées.
Contrairement à la période actuelle où le respect de l’éthique et de la déontologie n’est plus le mot d’ordre au sein desdites composantes de la nation, la période révolutionnaire a été celle d’une bonne organisation de la société béninoise, du respect absolu du droit d’aînesse.
Et comme ces deux produits de la révolution précités, bien d’autres estiment que le Bénin perdra définitivement ses repères, ses valeurs si rien n’est fait pour relever la pente.
– Un sursaut national s’impose –
De l’avis du sociologue Denis Amoussou-Yéyé, directeur des Recherches à l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management et professeur à l’Université d’Abomey-Calavi, la situation sociale et éducative du pays, depuis la période révolutionnaire jusqu’à la période actuelle, régresse.
Et face à cette situation, le sociologue préconise une révision du système de gouvernance qui se résume en deux volets.
D’une part, il faut revoir le système éducatif en faisant revenir l’Ecole nouvelle. Ce qui donnera la chance à la jeune génération d’être bien instruite, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui où l’enseignement bas de l’aile, avec des apprenants et des étudiants qui végètent dans la médiocrité, ce qui n’était pas le cas durant la période révolutionnaire. Il y avait réellement l’instruction, et l’excellence était de mise.
Selon le Sociologue, il faudra également établir la conformité entre l’emploi et la formation.
Au plan social, il va falloir remodeler pour ne pas dire, refonder l’administration publique car elle est de plus en plus gangrenée par ses cadres.
Pour simple exemple, démontre M.Amoussou-Yéyé, la corruption, la mauvaise gouvernance, l’inefficacité dans le travail et le traitement des dossiers administratifs constituent les maux qui minent le service étatique.
La paresse, la facilité, l’impunité sont parmi tant d’autres des vices qui affectent et infectent l’administration publique. Or, ce n’était pas le cas pendant la période révolutionnaire où le respect de la chose publique était le leitmotiv des cadres.
Mieux, l’emploi était assuré à l’étudiant qui sortait de l’Université une fois le diplôme obtenu. D’autres exemples montrent bien les aspects positifs de la révolution de 1972 à 1990. Cependant bien qu’il y ait des déviances durant cette période, il serait réaliste de reconnaître qu’elle est la meilleure période que le Bénin ait connu depuis son indépendance.
Le général Mathieu Kérékou, grand artisan de cette période inoubliable, sera inhumé samedi à Natitingou, localité située à environ 560 km au nord de Cotonou.
Un hommage national lui a été rendu jeudi à Cotonou, cérémonie marquée par une grande messe au stade de l’amitié de Cotonou en présence du président Boni Yayi et de trois autres chefs d’Etat de la sous-région : Faure Gnassingbé du Togo, Mahamadou Issoufou du Niger et Muhammadu Buhari du Nigeria. FIN
De Cotonou, Olphyz KOUNDE
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