La 4e foire de l’intégration de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (UEMOA) s’est tenue à Lomé, dans la capitale togolaise, du 20 novembre au 6 décembre en marge de la 44e AG de la Conférence Permanente Des Chambres Consulaires Africaines et Françaises (CPCCAF).
Dans une interview à l’Agence Savoir News, M. Germain Essohouna Meba, (nouveau président de la CPCCAF et président de la chambre du commerce et de l’industrie du Togo (CCIT), revient largement sur cette 4è foire de l’UEMOA. Il a également abordé d’autres sujets notamment le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale et le manque de financement des PME/PMI dans les pays francophones africains.
A en croire M.Meba, « tous les gouvernants savent que c’est seulement le secteur privé qui fera en sorte que nos pays pourront aller vers l’émergence tant souhaitée par tous ». « Sans le secteur privé, il n’y aura pas d’émergence, ça c’est claire », a-t-il affirmé.
Savoir News: Quel est votre sentiment après votre élection à la tête de la CPCCAF ?
M. Germain Meba : C’est un sentiment de légitime fierté. A partir de cette conférence tenue à Lomé, j’ai été élu par mes pairs qui m’ont fait confiance, qui ont fait confiance au Togo et à la chambre d’industrie du Togo de diriger les destinées de la Conférence Permanente Des Chambres Consulaires Africaines et Françaises (CPCCAF). Je suis très heureux pour cette nomination.
Quel bilan dressez-vous après l’organisation de la foire de l’UEMOA ?
Pour le bilan de la foire de l’intégration de l’UEMOA, tout le monde s’accorde à dire que c’est une parfaite réussite. Les exposants sont venus nombreux et tous les pays de l’UEMOA étaient représentés et sont bien accueillis au Togo. Lorsque vous leur rendez visite au niveau de leurs stands, ils sont tous contents de l’organisation et des dispositions qui ont été mises en place pour participer à cette foire de l’intégration. Et donc c’est un bilan globalement satisfaisant que nous avons relevé.
Mais les exposants se sont plaints de la mévente à la foire
Je tiens à vous dire qu’une foire, ce n’est pas pour vendre. Et n’attendez pas que je dise que les exposants ont beaucoup vendu au cours de la foire. Une foire, c’est pour présenter son entreprise et son savoir-faire. Au même moment, l’ensemble de la clientèle qui passe vont prendre votre carnet d’adresse. C’est le carnet d’adresse qui est important et après ces clients pourront vous appeler pour faire des commandes. Donc aujourd’hui, si un exposant dit : +je n’ai pas vendu+, il ne sait pas ce qu’il est venu chercher sur la foire.
Nous présentons des opportunités aux entreprises pour permettre à ces dernières de pouvoir se faire intégrer, de pouvoir se faire connaître de partout. C’est l’objectif réel d’une foire. Ce que nous voulons, c’est de faire en sorte que chaque entreprise qui décide d’être présente au niveau d’une foire qu’elle puisse se faire connaître par l’ensemble des clients qui passeront à cette foire. Donc je pense que c’est ça, l’objectif réel de la foire de l’UEMOA.
Le climat des affaires s’est amélioré dans plusieurs pays africains, selon le dernier rapport Doing Business de la Banque Mondiale. Est-ce que cela peut avoir un impact sur le développement des PME/PMI?
Bien sûr. Nous avons besoin que le climat des affaires soit assaini. Au Togo aujourd’hui, nous nous réjouissons qu’il n’y ait plus de pot de vin à verser pour créer son entreprise. Et au niveau du port de Lomé, par exemple, il y a un guichet unique du commerce extérieur qui permet en une journée ou dans les 48 heures de sortir son conteneur sans passer par les labyrinthes comme cela se faisait avant où les opérateurs peuvent perdre un demi-million juste pour les pots de vin. Nous remercions le courage des dirigeants du Togo qui ont accepté qu’on mette en place ces guichets uniques.
En effet, au niveau de la chambre du commerce du Togo, il y a le centre des formalités des entreprises (CFE) qui se charge de créer une entreprise en une journée. Il y a au niveau du port, la société Seguce qui permet de faire des formalités et de sortir son conteneur le plus rapidement possible. Je pense que toutes mesures vont aider les entrepreneurs. Nous devons continuer à créer le climat favorable pour améliorer les affaires dans nos différents pays. Cela en vaut pour la richesse de nos Etats.
Vous avez été porté à la tête de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones au cours du 44e assemblée générale de la dite institution tenue à Lomé du 20 au 21 novembre 2015. Que comptez-vous faire pour résoudre l’épineux problème de manque de financement des PME/PMI dans les pays francophones africains ?
Avec la nouvelle donne de partenariat public privé, nous allons nous engager dans ces actions. Il faut que les Etats africains travaillent à mettre en place des institutions financières qui accompagnent les PME/PMI. Aujourd’hui, ce n’est pas encore le cas. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a un regain d’intérêt sur ce secteur d’activité dans les pays de la CPCCAF. Pour cela, il faut que les Etats fassent en sorte que nous puissions trouver les institutions financières qui accompagnent sérieusement les PMI/PME.
Aujourd’hui, nous n’avons que des banques commerciales et très peu de banques d’investissement. Et c’est la volonté manifeste de nos dirigeants qui feront que les PMI/PME africains arriveront à faire des merveilles. Je suis très optimiste car à l’heure actuelle tous les gouvernants savent que c’est seulement le secteur privé qui fera en sorte que nos pays pourront aller vers l’émergence tant souhaitée par tous. Sans le secteur privé, il n’y aura pas d’émergence, ça c’est claire.
Certaines institutions financières d’investissement dont la BAD disent que l’épineux problème des PME/PMI est de ne pas pouvoir présenter des projets bancables. Que comptez-vous faire pour y remédier?
C’est facile de dire ça. Je suis d’accord qu’il est bien vrai que nous ne savons pas présenter les projets. Et c’est là qu’intervient le rôle de la CPCCAF à travers ses actions d’accompagnement. Nous allons travailler dans ce sens pour un transfert du savoir-faire des entreprises du Nord à celles du sud. Et ce savoir-faire va nous permettre d’être plus performant sur le marché international. Lorsque nous parlons de savoir-faire, nous faisons référence à la formation de nos entrepreneurs à pouvoir faire le management ainsi que présenter les projets afin de résoudre ce problème que soulève ces institutions bancaires.
Parfois c’est le manque de ce savoir-faire qui fait que l’entrepreneur reste cloîtré chez lui puisqu’il ne sait pas qui va l’aider à présenter ses projets. Je pense que si la CPCCAF travaille pour créer les conditions nécessaires qui permettront aux entrepreneurs africains d’être audacieux, alors ils s’en sortiront gagnant.
Nous manquons aussi dans certains pays africains des sociétés qui accompagnent les entreprises à monter leurs dossiers. Au Sénégal par exemple, il y a une dizaine de sociétés qui accompagne les entrepreneurs à rédiger des projets bancables. Mais ici au Togo, il n’y en a pas encore. Nous allons travailler en sorte que dans les pays de la CPCCAF, qu’on ait des sociétés capable d’accompagner les entreprises à rédiger et présenter des projets bancables. FIN
Propos recueillis par Ekoué BLAME
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