L’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, membre de la Coalition nationale pour le changement (CNC), une coalition de l’opposition, a annoncé vendredi son retrait de la présidentielle de dimanche, dénonçant « un processus inique ».
« Après avoir mené jusqu’au bout le combat pour amener nos responsables à épargner à la Côte d’Ivoire de nouvelles souffrances et de nouvelles frustrations, j’ai décidé de ne plus participer à compter de cet instant au processus inique » imposé aux Ivoiriens, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à son siège de campagne.
« Nous observons un recul de la Côte d’Ivoire, plus particulièrement en matière de démocratie (…) Les élections présidentielles qui sont censées se tenir dans quelques jours dans notre pays sont déjà entachées indubitablement d’irrégularités », a-t-il ajouté.
M. Konan Banny, qui n’a cessé de critiquer les conditions d’organisation du scrutin, est le troisième candidat à se retirer de la course à la présidence après l’ancien ministre des Affaires étrangères Amara Essy et l’ex-président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly.
M. Essy avait affirmé ne pas vouloir « se rendre complice d’une mascarade électorale » alors que M. Koulibaly dénonce des « élections truquées ».
Le pouvoir et certains observateurs ont ironisé sur ce boycott l’attribuant à la peur des opposants « de prendre une veste ».
Le président sortant Alassane Ouattara, qui se targue d’un bon bilan économique, est le grand favori du scrutin qu’il espère gagner au premier tour.
« Cette décision (de se retirer), j’en suis conscient, elle est grave. Elle est dramatique pour moi-même, pour ma famille, pour mes amis », a affirmé M. Konan Banny, assurant rester « disponible pour le peuple de Côte d’Ivoire et pour les militants du PDCI-RDA. »
Ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), M. Konan Banny, membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) fondé par Felix Houphouët-Boigny, s’était présenté contre l’avis de la direction du PDCI qui fait partie de la coalition soutenant M. Ouattara.
Imposé comme Premier ministre à Laurent Gbagbo par la communauté internationale, il était resté aux commandes du gouvernement pendant un peu plus d’un an (2005-2007).
Avec ce troisième retrait, on ne compte désormais plus que sept candidats à la présidentielle.
Selon de nombreux observateurs, le taux de participation devrait être faible.
Le principal adversaire du président Ouattara devrait être un autre ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, investi par le Front populaire ivoirien (FPI) fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo. Une partie du parti prône le boycott au nom de la fidélité à M. Gbagbo.
Une élection apaisée et crédible est jugée fondamentale pour tourner définitivement la page des violences meurtrières qui ont suivi la victoire en 2010 d’Alassane Ouattara sur son Laurent Gbagbo dans ce pays, premier producteur mondial de cacao et poids-lourd économique de la sous-région.
SOURCE : AFP