L’organe de régulation de la presse ivoirienne a suspendu, pour trois parutions, le journal « Le Temps », un quotidien pro-Gbagbo accusé d’avoir publié un appel au « boycott » de la présidentielle de dimanche, a annoncé jeudi son directeur de publication.
Le Conseil national de la presse (CNP) « décide (…) de la suspension du quotidien ‘Le Temps’ pour une période de trois jours », souligne un communiqué transmis à l’AFP.
Le CNP reproche au journal d’avoir publié mercredi en quatrième de couverture une affiche de l’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly, sur laquelle on pouvait lire notamment: « L’heure est arrivée, Osons dire non aux élections truquées », et une liste de griefs, parmi lesquels:
« Commission électorale inféodée » ou « Médias de service public caporalisés ».M. Koulibaly, un ténor de l’opposition au président sortant Alassane Ouattara, s’est retiré de la course à la présidentielle, quelques jours avant le démarrage de la campagne électorale qui s’achève vendredi prochain.
Le président Ouattara est le grand favori du scrutin de dimanche. Le principal adversaire du président sortant devrait être Pascal Affi N’Guessan qui a été investi par le Front populaire ivoirien (FPI), fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo.
Une élection apaisée et crédible est jugée fondamentale pour stabiliser le pays et tourner définitivement la page des violences meurtrières qui ont suivi la victoire en 2010 d’Alassane Ouattara sur son prédécesseur M. Gbagbo. Ce dernier attend son jugement par la Cour pénale internationale (CPI).
« Cette affiche électorale est en effet un appel au boycott de l’élection présidentielle du 25 octobre », accuse le CNP qui y voit une atteinte à « la cohésion sociale et à l’ordre public ».
« Nous ne sommes pas surpris » par cette décision, parce que nous « étions dans le viseur du CNP », a réagi Yacouba Gbané, le directeur de publication du Temps, dénonçant « un harcèlement ».
« Le Temps » ne paraissant pas le dimanche, la nouvelle parution du quotidien aura lieu lundi, au lendemain du premier tour de la présidentielle.
La presse ivoirienne est connue pour ses partis pris très marqués et son ton souvent virulent, qui en ont fait une caisse de résonance essentielle pendant la longue décennie de crise politico-militaire qu’a traversée la Côte d’Ivoire depuis la fin des années 1990.
SOURCE : AFP