Culture: Grande liesse samedi à Agou Nyogbo pour l’apothéose de la 35è édition de la fête traditionnelle +Téza+ (REPORTAGE)

L’apothéose de la 35è édition de la fête traditionnelle +Téza+ ou la fête de l’igname des filles et fils du canton d’Agou Nyogbo (environ 108 km au nord de Lomé), a été marquée ce samedi dans la localité par une démonstration des valeurs culturelles ancestrales, dans une ambiance de joie et de gaieté, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.

+Téza+ est une fête traditionnelle que les natifs du canton d’Agou Nyogbo (localité située dans la vallée du Mont Agou/préfecture d’Agou) célébraient depuis quatre décennies, après la récolte de l’igname (leur aliment principal).

Commencée depuis 1970, +Téza+ avait été suspendue pendant 10 ans (1970- 1980), à après le décès de Togbui Pébi IV, ancien chef traditionnel d’Agou Nyogbo. Et depuis 1980, les filles et fils d’Agou Nyogbo ont renoué avec leur fête traditionnelle +Téza+, ou fête des moissons.

En effet, c’est dans une ambiance de joie et de gaieté que les filles et fils d’Agou Nyogbo (qui résident dans la localité, à l’intérieur du pays et à l’étranger) ont célébré cette 35è édition, placée sous le thème: « Un peuple a tout perdu sauf sa culture ».

Le préfet d’Agou Paul Kokou Nunyava, le chef canton d’Agou Nyogbo Togbui Pébi V (Président des chefs traditionnels de la préfecture d’Agou), ainsi que des cadres de la préfecture étaient également présents.

Samedi à l’aube, 21 coups de salves ont réveillé les populations, suivis du tam-tam parlant +Atupani+, pour annoncer les couleurs de la fête.

Deux heures plus tard, les habitants des différents quartiers accompagnés de leur chef, se sont rassemblés dans la cours du chef canton, point de départ d’une caravane, qui les a conduits vers la place des fêtes, aménagée pour la circonstance.

Partis de la cour du palais royal, les chefs de quartiers, portés dans des hamacs comme aux temps de nos grands parents, entourés par les +assafos+ et des adeptes — la plus part rentrés en transe — ont sillonné les principales rues de la localité sous un soleil de plomb, pour chuter à la place des fêtes.

Démonstration de danses et des pratiques culturelles ancestrales, prière, recueillement et hymne national sont les temps forts qui ont marqué le début de la manifestation.

« +Téza+ est une occasion de retrouvailles pour les filles et fils d’Agou Nyogbo de tout le Togo et de la diaspora, de réfléchir et de discuter des problèmes de développement de leur localité. Notre objectif premier, c’est de nous retrouver pour réfléchir ensemble et élaborer des projets de développement pour notre localité », a souligné Togbui Pébi V.

« Avant, la nourriture principale des natifs d’Agou Nyogbo était l’igname. A l’époque nos parents étaient de grands cultivateurs et avaient de vastes champs d’ignames. Selon la tradition après la récolte, chaque homme donnait 12 tubercules d’ignames à sa femme pour la fête. Cela encourageait les jeunes qui n’avaient pas de moyens à s’adonner à l’agriculture. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas », a-t-il souligné.

« Cette année, nous avons mis l’accent sur la culture. Les chefs de quartiers et les soldats traditionnels étaient dans des hamacs. Nous avons même fait des cérémonies de virginités pour les jeunes filles vierges. Avant, la virginité était un grand honneur pour une fille à l’étape du mariage », a pour sa part indiqué Agbéko Yao Tonato (Membre du comité d’organisation et Président des CVD d’Agou Nyogbo).

Ce dernier a dans son allocution, présenté à l’assistance les nouvelles orientations de leurs programmes et projets de développement, axées sur l’accès de la population aux services sociaux de bases dont l’électricité, l’eau et la santé.

Après avoir transmis les chaleureuses et cordiales salutations des plus hautes autorités du pays à la population d’Agou Nyogbo, le préfet d’Agou a invité la chefferie traditionnelle et le comité d’organisation à apporter quelques modifications à la célébration, afin qu’elle reflète les réalités du milieu.

Au cours de la célébration, des démonstrations des pratiques ancestrales ont été faites notamment +l’allumage du feu par le frottement de deux pierres.

Précisons que cette année, les filles et fils du canton d’Agou Nyogbo étaient divisés sur la célébration de cette fête, par rapport à la sortie ou non du trône ancestrale durant les manifestions. Finalement le consensus a prévalu et la fête a tenu toutes ses promesses. FIN

En Photo: Une partie de la fête samedi à Agou Nyogbo

D’Agou Nyogbo, Ahmed MAESTRO

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