Quatre personnes ont été tuées dans deux incidents séparés durant la nuit à Bujumbura, où des violences se poursuivent sur fond de grave crise politique liée à la contestation du 3e mandat du président Pierre Nkurunziza, a annoncé jeudi la police.
A Buterere, quartier où se trouve notamment l’aéroport international, « on a retrouvé deux corps sans vie, ceux de deux hommes de 35 à 45 ans » non identifiés, a expliqué à l’AFP le porte-parole adjoint de la police Pierre Nkurikiye.
« Des signes montrent qu’ils ont été tués ailleurs et qu’on est venu les jeter dans un caniveau à Buterere. Ils portaient des marques de torture et avaient les mains ligotées derrière le dos », a-t-il ajouté.
En outre, à Cibitoke, quartier contestataire du nord de Bujumbura « hier (mercredi) dans la nuit, une grenade a été lancée contre une patrouille conjointe police/armée et a blessé un policier », a poursuivi le porte-parole, « il y a eu un échange de tirs avec les criminels et deux morts et un blessé ont été retrouvés ce (jeudi) matin ».
Selon le site SOS Médias Burundi, fondé par des journalistes burundais indépendants et qui cite des proches, les deux victimes de Cibitoke sont un homme et son neveu adolescent. La famille, citée par SOS Media Burundi, affirme que les deux victimes ont été arrêtées puis exécutées.
Pacifique Nininahazwe, un des meneurs de la contestation anti-3e mandat, a dénoncé un assassinat, affirmant que l’oncle avait été « très actif » dans les manifestations qui ont agité quasi-quotidiennement Bujumbura entre la fin avril et la mi-juin.
Selon son récit publié sur sa page Facebook, le neveu a été atteint par un tir de la police lors d’une opération dans le quartier et l’oncle en colère s’en est pris verbalement à des policiers, avant d’être abattu.
Le porte-parole adjoint de la police a affirmé que le rapport de police indiquait que les deux victimes avaient « péri au cours d’affrontements ».
La conquête par le président Nkurunziza d’un 3e mandat, jugé inconstitutionnel par ses adversaires, a plongé le Burundi dans une grave crise politique émaillée de violences.
Les autorités ont maté en mai une tentative de coup d’Etat militaire et une brutale répression a fini par étouffer en juin le mouvement de manifestations populaires.
Mais la situation sécuritaire continue de se dégrader, marquée notamment par une série d’assassinats ciblés, depuis que le président Nkurunziza a été réélu, pour ce 3e mandat controversé, le 21 juillet, lors d’une présidentielle quasiment unanimement condamnée.
SOURCE : AFP