Tout comme plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne, le Togo connaît une forte fréquence de grossesses et mariages précoces avec toutes ses conséquences au sein de la société.
Selon les statistiques officielles, 25,2% des filles de 20-29 ans se sont mariées avant l’âge de 18 ans et 8,1% des femmes de 20-49 ans se sont mariées avant l’âge de 15 ans.
L’Etat togolais entend profiter de la célébration ce mardi, de la journée de l’enfant africain pour sensibiliser la population. Thème retenue pour cette journée par la commission de l’Union Africaine : « 25 ans après l’adoption de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant : Accélérons nos efforts pour éliminer les mariages des enfants en Afrique ».
Sur le plan national, cette 25ème édition de la journée de l’Enfant Africain est placée sous le thème : »Ensemble, intensifions notre lutte contre les grossesses et les mariages précoces « .
Lundi soir, la ministre de l’action sociale Mme Dédé Ahoéfa Ekoué a, dans un message, appelé à une lutte farouche contre les mariages et grossesses précoces.
« Ce combat est notre devoir et la bonne nouvelle c’est que la victoire est à notre portée. Luttons contre les mariages et grossesses précoces, nos enfants le méritent et notre nation en a besoin pour son émergence », a-t-elle martelé.
« Les conséquences de mariages et des grossesses précoces sont désastreuses aussi bien pour les victimes que pour leur famille et la nation toute entière. Les accouchements compliqués, les fistules obstétricales, l’avortement clandestin et son cortège de conséquences pouvant aller jusqu’à la mort, sont autant de situations graves auxquelles les victimes sont confrontées. Ces mariages et grossesses précoces compromettent la scolarisation et l’apprentissage des filles limitant ainsi leur capacité de se prendre en charge », a-t-elle souligné.
Pour lutter efficacement contre ce phénomène qui atteint de plus en plus le milieu scolaire, certains mécanismes ont été mis en place au Togo impliquant tous les acteurs de développement.
Entre autres, le Togo a mis en place un système national de protection des enfants pour détecter et offrir aux enfants victimes de maltraitance y compris ceux victimes de mariage précoce des enfants, un service d’assistance approprié avec une ligne d’appel gratuit Allo 1011.
Dans la même perspective, le programme national de lutte contre les grossesses et les mariages chez les adolescentes en milieu scolaire et extrascolaire au Togo a été élaboré avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Ce programme qui s’étale sur quatre ans, de 2015 à 2019 vise à contribuer à réduire de manière significative, l’ampleur des grossesses et des mariages chez les adolescentes.
L’éducation et la sensibilisation aussi bien des filles que des leaders communautaires et religieux ou traditionnels, l’administration, et les parents figurent également en bonne place parmi les actions entreprises visant à limiter les risques de mariages et de grossesses précoces.
L’adoption du code de l’enfant, texte national de référence en matière de protection de l’enfant réglemente l’âge de nuptialité en stipulant clairement en son article 267 que le mariage des enfants est interdit. L’âge de la nuptialité est fixé à dix-huit (18) ans révolus.
Pour Mme Dédé Ahoéha Ekoué, le 16 juin offre une fois de plus l’occasion de mener des réflexions afin de poursuivre et d’intensifier la lutte contre les grossesses et mariages précoces.
« La célébration du 16 juin de cette année constitue donc une occasion pour mobiliser, canaliser et fédérer les efforts, les énergies et les ressources en vue de la mise en œuvre des actions prévues par le programme national de lutte contre les grossesses et les mariages chez les adolescentes en milieu scolaire et extrascolaire au Togo. Tous les acteurs ont un rôle important à jouer dans ce programme national, les filles et les garçons, les parents, les enseignants, les leaders religieux et traditionnelles, les hommes et les femmes, les médias, les organisations de la société et les administrations « , a-t-elle précisé.
Notons que dans le cadre de la commémoration de cette journée, il sera lancé officiellement la journée et la Campagne de l’Union Africaine pour mettre fin au mariage des enfants. Aussi des rencontres de sensibilisation communautaire sur les droits des enfants et des femmes seront organisées ainsi que des rencontres régionales d’échange avec les leaders communautaires et religieux pour identifier les stratégies optimales de lutte contre ce phénomène.
Rappelons que la journée de l’enfant africain est célébrée sur tout le continent africain en souvenir du massacre des enfants de Soweto (1976) en Afrique du Sud. FIN
Chrystelle MENSAH
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