Des « ossements » ont été exhumés de la tombe supposée contenir la dépouille de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara, assassiné en 1987 lors d’un coup d’État, a affirmé l’avocat de sa famille à l’AFP.
« Je peux certifier que dans la tombe supposée être celle de Thomas Sankara, des restes ont été exhumés. En tant qu’avocat représentant la famille, nous avons constaté aux environs de 8H35, à 45 cm de profondeur les premiers ossements », a déclaré Me Benwendé Stanislas Sankara, qui assiste à l’exhumation dans le cimetière de Dagnoën, un quartier de Ouagadougou.
Thomas Sankara avait été enterré à la sauvette le soir du 15 octobre 1987, après son assassinat lors du coup d’État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir.
Il aurait été inhumé au cimetière de Dagnoën, mais sa famille et ses nombreux partisans doutent que son corps s’y trouve réellement.
Les restes qui ont été retirés de la poussière, sont constitués de « quelques ossements, de tissus au fonds rouge avec des traits noirs », a détaillé l’avocat.
« Nous pensons que les restes qui ont été totalement enlevés aux environs de 11 heures pourront permettre aux experts de faire leur travail scientifique et de produire le rapport que nous attendons », a poursuivi Me Sankara.
La gendarmerie a empêché tout attroupement autour de l’endroit mais quelques curieux se sont réunis à plus de 500 mètres de là.
L’exhumation des corps censés être ceux de Sankara et de douze de ses compagnons a démarré lundi. Les tombes de deux de ses compagnons d’infortune de l’ex-président avaient été alors ouvertes.
« Ils ont trouvé des restes de survêtement dans la première tombe. Dans la deuxième tombe, ils ont trouvé deux dents, une partie de la mâchoire et d’autres restes de survêtement », avaient indiqué à l’AFP des proches de victimes.
Au passage du corbillard transportant les « caisses contenant ces restes », et escorté par la gendarmerie, la foule amassée aux abords du cimetière avait entonné l’hymne national.
L’opération d’exhumation est conduite par trois médecins, un Français et deux Burkinabè, en présence du commissaire du gouvernement et d’un juge d’instruction.
Le régime de M. Compaoré avait toujours refusé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de l’assassinat de Sankara. Début mars, le gouvernement de transition mis en place après la chute en octobre du président Compaoré a finalement autorisé l’exhumation du corps de Sankara dans le but de l’identifier formellement.
Les tombes ont été mises sous scellés début avril par la justice militaire du Burkina qui enquête depuis mars sur les circonstances de la disparition du « père de la révolution burkinabè ».
Plusieurs auditions ont déjà eu lieu et notamment le 14 mai celle de Mariam Sankara, veuve du défunt président.
La figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité et icône du panafricanisme, a été abondamment évoquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute de Compaoré le 31 octobre dernier.
SOURCE : AFP