Un nouveau parti a été fondé samedi à Ouagadougou par d’anciens fidèles de l’ex-président Blaise Compaoré pour soutenir la candidature de son chef de la diplomatie, Djibrill Bassolé, à la présidentielle d’octobre, a constaté l’AFP.
M. Bassolé ne s’est pas encore officiellement déclaré candidat pour ce scrutin prévu le 11 octobre, en même temps que les législatives.
Dénommé Nouvelle alliance du Faso (Nafa), cette formation, dirigée par Rasmané Ouédraogo, un ancien député du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ex-parti au pouvoir, regroupe de nombreux cadres qui ont démissionné de ce parti. Des leaders de l’Alliance pour la démocratie et la fédération / Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), principal allié de M. Compaoré, ont également rejoint la Nafa.
« Tous les Burkinabè s’attendaient à ce que Djibrill Bassolé soit le successeur de Blaise Compaoré à la fin de son mandat. Malheureusement, ça n’a pas été le cas et Blaise Compaoré a été chassé du pouvoir par nous les jeunes.
Nous avons donc fondé ce parti, pour porter cet homme qui est un rassembleur à la tête de notre pays », a déclaré Adama Kiéma, président des jeunes de la Nafa.
Djibrill Bassolé a été le dernier chef de la diplomatie de M. Compaoré. Il a été le négociateur principal dans les crises pour lesquelles M. Compaoré a été médiateur en Afrique de l’Ouest. Il s’est notamment impliqué dans les négociations de paix en Côte d’Ivoire, au Togo, au Niger et plus récemment au Mali.
Cet homme posé a été également médiateur conjoint ONU-Union africaine au Darfour de 2008 à 2011. Actuellement représentant de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) pour la lutte contre le terrorisme au Sahel, M. Bassolé a été l’un des rares dignitaires de l’ancien régime dont le domicile, pourtant mitoyen à l’Assemblée nationale – incendiée par les manifestants le 30 octobre -, n’a pas été touché.
Général de gendarmerie, il aurait entrepris des démarches pour « se libérer de l’armée et répondre aux nombreux appels », croit savoir son entourage.
Quelque 3.000 jeunes s’étaient rassemblés mi-janvier pour lui demander d’être candidat.
Le CDP, parti de M. Compaoré, tout en jurant « fidélité » et « loyauté » à l’ancien président samedi lors d’une réunion de bureau politique, a affirmé qu’il présenterait un autre candidat que lui à l’élection à venir.
« En octobre, il (Blaise Compaoré) n’est pas candidat pour la présidentielle », a affirmé Léonce Koné, président du directoire du CDP. Mais le parti « sera présent à toutes les échéances », présidentielle, législatives et municipales, « avec l’intention de faire d’excellents scores », a-t-il souligné.
M. Koné a également réclamé le retour des cadres de cette formation contraints à l’exil et exigé le dégel des avoirs des dignitaires de l’ancien régime, une mesure qu’il a qualifiée de « totalement illégale ».
« On fait des saisies sur les comptes bancaires de personnes privées à l’issue de procédures judiciaires. En dehors de cela, ce sont des mesures arbitraires qui ne sont pas admissibles », a-t-il critiqué.
Blaise Compaoré a été balayé le 31 octobre par une révolte populaire après 27 ans de règne.
Le Burkina Faso est depuis lors dirigé par un duo formé du président Michel Kafando, un diplomate à la retraite, et d’un Premier ministre militaire, le lieutenant-colonel Isaac Zida.
SOURCE : AFP