Le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé a annoncé mercredi soir, la création prochaine d’une « commission de réflexion » pour proposer un « texte de réforme politique » dans les « meilleurs délais ».
« Je constate à cet égard que le débat sur les réformes politiques a pris ces derniers mois une vive tonalité dans la classe politique. Le projet de réforme constitutionnelle introduit en juin 2014 n’a pas recueilli l’adhésion de la Représentation nationale. Je note également, que la proposition de réforme initiée récemment par certains partis, est en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Quelle que soit l’issue qui sera réservée à l’initiative des parlementaires en cours d’examen, il me paraît fondamental de dépasser les contingences immédiates pour ouvrir un vaste champ de réformes politiques en profondeur, dans le but de consolider notre ancrage démocratique et le processus de réconciliation nationale », a déclaré le président togolais son traditionnel message de vœux du nouvel An à la nation.
« A cet effet, et conformément à la huitième recommandation du Rapport de la Commission Vérité Justice et Réconciliation qui souligne la nécessité de régler la question des réformes institutionnelles dans le cadre d’une réflexion approfondie sur l’adaptation du modèle en vigueur dans notre pays à nos réalités sociologiques, une commission de réflexion sur les réformes politiques sera mise en place », a-t-il souligné.
« Cette commission sera composée d’historiens, de personnalités politiques, de juristes, de sociologues et de représentants de la société civile. Sa mission consistera à proposer dans les meilleurs délais, un texte de réforme politique, de réforme institutionnelle et constitutionnelle qui tient compte de notre histoire, reflète nos réalités et répond aux aspirations des Togolaises et des Togolais. Je souhaite vivement que cette initiative contribue à nourrir le débat et à restaurer davantage de sérénité dans ce débat politique », a ajouté Faure Gnassingbé.
Le parti au pouvoir et l’opposition parlementaire sont à couteaux tirés sur les réformes politiques notamment l’épineux sujet de la limitation du mandat présidentiel. L’opposition parlementaire s’oppose à un troisième mandat du président Faure Gnassingbé et tente de lui barrer la route.
Un projet de loi introduit par le gouvernement et limitant à dix ans au plus, le mandat présidentiel a été rejeté le 30 juin dernier par les députés du parti au pouvoir, majoritaire à l’Assemblée nationale. Les députés n’ont pu s’entendre sur l’application de la disposition limitant le mandat présidentiel.
Pour l’opposition parlementaire, le texte prendra « effet immédiatement », une exigence qui n’est pas du goût des députés du parti au pouvoir qui ont simplement rejeté l’ensemble du texte.
Depuis lors, c’est le statu quo. Une proposition de loi introduite par des députés de l’opposition est aussi bloquée sur la table du président de l’Assemblée nationale, pour des raisons de procédure pour son adoption.
Le chef de l’État n’a pas passé sous silence la présidentielle de 2015, une « échéance cruciale » pour le Togo.
« Son succès dans la paix, la transparence et l’équité contribuera à affermir l’irréversibilité de notre choix en faveur de la démocratie et du pluralisme. Il revient dès à présent, à tous les acteurs politiques de faire preuve de retenue, de responsabilité et de dignité. Le succès attendu doit être au rendez-vous et, le moment venu, célébré comme une victoire du peuple togolais et de sa démocratie », a-t-il souligné.
« Pour ma part, je me porte garant de la bonne tenue du scrutin. L’État se montrera inflexible à tous les niveaux, face à toute tentative visant à remettre en cause la paix et la stabilité dont jouissent les Togolais », a-t-il promis, invitant tous les togolais « à prendre activement part à toutes les étapes du processus électoral ».
« Avec l’élection qui vient, c’est la parole qui est donnée aux citoyens.Vivement qu’ils s’expriment massivement à cette occasion et que, par leur choix souverain, ils indiquent la voie à suivre, sur tout ce qui engage l’avenir de notre jeune nation », a-t-il conclu.
Voici l’intégralité du discours du président Faure Gnassingbé
Togolaises, Togolais
Mes chers compatriotes,
Quelques heures seulement nous séparent de l’année 2015. C’est avec un cœur plein de reconnaissance que nous nous tournons vers le Dieu Tout Puissant, pour les douze mois qui viennent de s’écouler et pour la grâce qui nous est accordée, de franchir le seuil d’une année nouvelle.
Je m’adresse à vous en cette occasion solennelle, pour présenter à chacune et à chacun, mes vœux les plus sincères de santé, de bonheur et de prospérité, pour la nouvelle année.
Je souhaite ardemment que la paix règne dans les cœurs et que l’esprit de concorde se consolide, à tous les niveaux, pour le bien de notre pays le Togo.
Mes vœux s’adressent à toutes les Togolaises et à tous les Togolais, sans exclusive, y compris ceux qui vivent hors de nos frontières.
Naturellement, je forme des voeux tout particuliers pour nos valeureux militaires que le devoir garde éloignés de la mère patrie. Je souhaite que l’écho de ces vœux résonne jusqu’à eux et qu’ils trouvent à travers ma voix, l’expression de notre reconnaissance collective pour tous les sacrifices qu’ils consentent au service de la nation et pour leur engagement en faveur de la sécurité et la paix sur notre continent et dans le monde.
J’adresse aussi mes vœux à nos frères et sœurs des pays amis qui résident en terre togolaise et partagent quotidiennement nos joies et nos peines.
A tous ceux qui ont été éprouvés par la maladie, qui connaissent la solitude et le dénuement, je forme le vif souhait que l’année 2015 leur apporte un peu plus de chaleur humaine et de réconfort.
C’est mon souhait le plus ardent que les jours et les mois à venir nous procurent de nouvelles occasions, de vivre avec plénitude, la communauté de destin qui nous lie depuis des décennies.
Togolaises, Togolais
Mes chers compatriotes,
L’année qui s’achève, nous a confortés une fois de plus dans la certitude, qu’il nous appartient de construire l’avenir, de hisser continuellement notre cher pays le Togo vers la cime du progrès et de la modernité.
Après le chemin que nous avons parcouru ensemble ces dernières années, avec la part des défis majeurs que grâce à Dieu nous avons relevés, je souhaite que chaque Togolaise et chaque Togolais, quelle que soit son appartenance politique prenne, au seuil de cette nouvelle année la juste mesure des enjeux auxquels notre pays est aujourd’hui confronté.
L’heure est venue de nous ressouder autour des valeurs essentielles qui nous guident depuis toujours : la paix, la cohésion nationale le progrès économique et social, la modernité pour le Togo.
Si nous parvenons au cours de l’année qui vient, à être à la hauteur de ces exigences fondamentales ; si nous parvenons à en faire le fil conducteur de toutes nos actions, alors nous aurons réussi à nous frayer un chemin plus prometteur vers ce que nous recherchons tous : un Togo où il fait mieux vivre pour tous les citoyens.
Pour y parvenir, encore faut-il que nous ne perdions pas de vue l’essentiel. Encore faut-il que nous sachions faire preuve de discernement, dans le tumulte ambiant.
Nous sommes témoins chaque jour des crises identitaires qui traversent les sociétés contemporaines et qui les conduisent à rechercher leur voie, parfois au prix de heurts et de soubresauts ruineux. Il nous appartient de faire preuve de réalisme et de créativité, en tenant compte de notre parcours, des étapes que nous avons su franchir et surtout des défis qu’il nous reste à relever.
Tout l’enjeu, mes chers compatriotes est de ne pas nous éloigner, à aucun moment, de ce qui compte réellement pour nous-mêmes et pour le Togo de demain. C’est notre commune responsabilité d’éviter les faux raccourcis, les chemins de traverse qui peuvent retarder et différer l’avancée du Togo vers les grands desseins qu’il s’est fixés.
A l’heure du bilan, chaque Togolaise et chaque Togolais a la responsabilité devant l’histoire, de faire la part des choses, de mesurer en toute conscience, la portée de nos acquis pour que nous puissions dessiner les contours de l’avenir, dans l’harmonie.
Ce que nous avons pu faire ensemble ces dernières années dans le domaine économique et social, mérite que nous en prenions le plus grand soin, que nous en tenions compte dans la construction de l’avenir.
C’est ma conviction profonde qu’il n’est dans l’intérêt d’aucun Togolais, de renouer avec les errements que nous avons mis tant et tant d’années et tant et tant d’énergie à combattre.
Pour autant, nos choix ne doivent pas nous conduire à faire le lit de l’immobilisme. Notre quête de progrès doit nous inciter à être attentif au monde qui bouge autour de nous. À être ouvert aux débats, aux idées nouvelles, pourvu que celles-ci soient constructives et surtout guidées par la recherche du bien commun.
Je constate à cet égard que le débat sur les réformes politiques a pris ces derniers mois une vive tonalité dans la classe politique. Le projet de réforme constitutionnelle introduit en juin 2014 n’a pas recueilli l’adhésion de la Représentation nationale.
Je note également, que la proposition de réforme initiée récemment par certains partis, est en cours d’examen à l’Assemblée nationale.
Quelle que soit l’issue qui sera réservée à l’initiative des parlementaires en cours d’examen, il me paraît fondamental de dépasser les contingences immédiates pour ouvrir un vaste champ de réformes politiques en profondeur, dans le but de consolider notre ancrage démocratique et le processus de réconciliation nationale.
A cet effet, et conformément à la huitième recommandation du Rapport de la Commission Vérité Justice et Réconciliation qui souligne la nécessité de régler la question des réformes institutionnelles dans le cadre d’une réflexion approfondie sur l’adaptation du modèle en vigueur dans notre pays à nos réalités sociologiques, une commission de réflexion sur les réformes politiques sera mise en place. Cette commission sera composée d’historiens, de personnalités politiques, de juristes, de sociologues et de représentants de la société civile.
Sa mission consistera à proposer dans les meilleurs délais, un texte de réforme politique, de réforme institutionnelle et constitutionnelle qui tient compte de notre histoire, reflète nos réalités et répond aux aspirations des Togolaises et des Togolais.
Je souhaite vivement que cette initiative contribue à nourrir le débat et à restaurer davantage de sérénité dans ce débat politique.
C’est dans notre intérêt à tous que l’année nouvelle qui commence nous ouvre véritablement un nouvel horizon de cohésion et de fraternité, grâce auquel nous serons en mesure de créer un front commun plus soudé, face aux défis pressants qui nous attendent.
Togolaises, Togolais
Mes chers compatriotes,
Qu’il me soit permis, au regard des nombreux défis qui se dressent à l’horizon, d’évoquer quelques-uns des domaines, parmi tant d’autres, où nous devons intensifier nos actions. Ces domaines méritent toute notre attention, car les progrès que nous y avons enregistrés, ont une forte valeur de symbole.
Dans ce monde où rien n’est donné, dans ce monde où, pour chaque communauté humaine, tout acquis durable est la contrepartie des efforts collectifs, la nation togolaise a aujourd’hui le privilège de poursuivre sa marche vers le développement économique et social dans un climat de stabilité.
Cette stabilité s’est considérablement affermie. Comme vous le savez et face aux menaces et aux risques qui chaque jour surgissent dans le monde mais aussi dans notre région, j’ai pris la décision il y a un an de refonder notre système de défense et de sécurité pour garantir la stabilité indispensable au développement de notre cher pays, le Togo.
L’organisation territoriale en deux régions militaires, de gendarmerie et de police nationale assure désormais une cohérence profonde de l’ensemble de nos forces de défense et de sécurité.
Elle permet un maillage efficace de notre territoire national pour répondre à toute intention malveillante, mais nous donne aussi une plus grande capacité d’intervenir aux côtés de nos amis et alliés.
En allant au plus près de nos populations, tous ceux qui sont en charge de sa sécurité font chaque jour la preuve de leur engagement et de leur détermination à être à son service, sans aucune autre considération que celle d’œuvrer au bien commun.
Aussi sommes-nous déterminés à poursuivre au cours de l’année nouvelle, les efforts pour donner à notre défense les moyens nécessaires pour assurer sécurité et stabilité à notre communauté nationale, dans un environnement – il faut le dire – de plus en plus marqué par les incertitudes et des défis multiformes.
Togolaises et Togolais
Mes chers compatriotes,
Nous devons progresser et Dieu merci, nous progressons année après année, parce que nous avons choisi de combattre l’immobilisme dans tous les domaines.
Nous progressons, parce que nous avons résolu de chasser la précarité dans ses plus petits recoins.
Nos actions se fondent sur la conviction profonde qu’il est de notre responsabilité de rendre possible un Togo meilleur.
Un Togo dans lequel, les plus vulnérables et les plus démunis se sentiront de plus en plus soutenus et épaulés, dans leur quête légitime d’une existence plus décente et d’un meilleur avenir.
En janvier 2014, nous lancions avec beaucoup d’espoir, le Fonds national de la finance inclusive. Dieu merci, nos attentes n’ont pas été déçues.
En effet, sept mois seulement après sa mise en œuvre, le premier produit du FNFI baptisé « Accès des pauvres aux services financiers » a permis de toucher plus de 300.000 personnes sur l’ensemble des préfectures que compte notre pays. L’adhésion de nos populations à ce programme est très encourageante.
Pour l’année 2015, le FNFI et ses partenaires franchiront un nouveau cap, avec la mise sur le marché de deux nouveaux produits. Ces nouveaux produits permettront de prendre en compte les besoins spécifiques de deux cibles majeures de la politique d’inclusion financière du Gouvernement.
Il s’agit des agriculteurs et des jeunes.
Confinés dans les milieux ruraux défavorisés, les agriculteurs ont besoin que la finance inclusive s’adapte à leurs besoins particuliers.
Au cours de la nouvelle année, nous serons particulièrement attentifs à leur situation, en leur proposant, des produits innovants, leur donnant la possibilité de sortir de l’extrême précarité, en initiant des activités plus rémunératrices.
Pour ce qui concerne les jeunes, bien souvent, ils ont appris un métier mais peinent, faute de moyens financiers, à lancer une activité génératrice de revenus.
Le FNFI mettra à leur disposition un nouveau produit adapté aussi à leurs besoins. Cette nouvelle offre leur permettra au terme de leurs formations, d’accéder aux microcrédits, pour prendre pied dans le monde du travail, en démarrant une première activité concrète et génératrice de revenus.
Nous continuerons à mettre un accent tout particulier sur la lutte contre la précarité, en poursuivant également et avec la même détermination, la réorganisation du secteur informel. Nous allons intensifier les actions engagées pour valoriser davantage l’apport de ces nombreux corps de métiers qui ne sont pas suffisamment pris en compte par le circuit formel de production nationale.
Leur contribution à la création des richesses nationales sera davantage prise en compte et mise en valeur dans l’intérêt même de notre économie.
Togolaises, Togolais,
Mes chers compatriotes,
Saison après saison, année après année, nous mesurons par nous-mêmes, à quel point il nous est possible de repousser les frontières de l’exclusion économique et sociale.
Cette dynamique sera maintenue et approfondie, grâce à des efforts assidus et à la préservation de la cohésion nationale.
Au jour le jour, nous nous rendons compte à quel point le rêve d’une nation togolaise accomplie peut prendre progressivement corps, si nous ne perdons pas de vue les priorités de l’heure.
Alors que la maladie à virus Ebola continue de faire des ravages, nous devons rendre grâce à Dieu que les efforts de sensibilisation déployés dès l’apparition de l’épidémie aient permis de préserver notre pays.
La sensibilisation doit cependant se poursuivre avec une intensité accrue afin que la vigilance des populations ne faiblisse pas.
Chaque citoyenne et chaque citoyen doit continuer à s’approprier les consignes de prévention données par les services de santé.
Je réitère donc, au seuil de cette nouvelle année, mes souhaits de bonne santé à chacune et chacun d’entre vous, non pas comme un simple vœu, mais comme un véritable appel à une vigilance de tous les instants.
Togolaises Togolais,
Mes chers compatriotes,
Un rendez-vous important nous attend en 2015. Il s’agit de l’élection présidentielle. C’est une échéance cruciale.
Son succès dans la paix, la transparence et l’équité contribuera à affermir l’irréversibilité de notre choix en faveur de la démocratie et du pluralisme. Il revient dès à présent, à tous les acteurs politiques de faire preuve de retenue, de responsabilité et de dignité. Le succès attendu doit être au rendez-vous et, le moment venu, célébré comme une victoire du peuple togolais et de sa démocratie.
Pour ma part, je me porte garant de la bonne tenue du scrutin. L’Etat se montrera inflexible à tous les niveaux, face à toute tentative visant à remettre en cause la paix et la stabilité dont jouissent les Togolais.
Je vous invite tous à prendre activement part à toutes les étapes du processus électoral.
Avec l’élection qui vient, c’est la parole qui est donnée aux citoyens.
Vivement qu’ils s’expriment massivement à cette occasion et que, par leur choix souverain, ils indiquent la voie à suivre, sur tout ce qui engage l’avenir de notre jeune nation.
Sur ce mes chers compatriotes, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne et heureuse 2015. Bonne fête dans vos foyers respectifs et que Dieu bénisse notre cher pays le Togo.