151 prisonniers, détenus pour des délits liés à la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, en grève de la faim pour réclamer leur libération provisoire, ont été hospitalisés à la prison d’Abidjan, a-t-on appris mardi de source pénitentiaire.
« Il n’y a pas de cas grave. On les suit », a déclaré ce cadre pénitentiaire, ajoutant que les 151 détenus ont démarré leur grève de la faim le 1er décembre.
« Leur action est symbolique. Si c’était sérieux, il y aurait déjà eu des décès » après 22 jours sans manger ni boire en ce début de saison chaude, a ajouté cette source, qui fait état au total de plus de 300 grévistes de la faim à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Quatre détenus, évacués dans des hôpitaux d’Abidjan la semaine dernière, ont été ramenés en prison, selon la même source. Les grévistes de la faim sont soignés à l’infirmerie de la prison ou dans une cour attenante, sous des tentes fournies par la Croix-Rouge, leur nombre dépassant les capacités du centre médical, selon la même source.
Hermann Yohou Zahoui, président de l’ONG « Soutien aux prisonniers de Côte d’Ivoire », qui s’est rendu mardi à la Maca, évoque lui, « une quinzaine de cas graves » parmi 330 grévistes de la faim, dont 155, selon lui, ont été hospitalisés.
Les plus atteints sont « très maigres » et « ne tiennent plus sur leurs jambes », a dénoncé M. Zahoui, qui a appelé les autorités à « respecter les droits » de ces « humains », « quels que soient leurs délits ».
D’autres prisonniers, selon lui, ont également entamé une grève de la faim dans deux autres prisons du pays, a déclaré M. Zahoui, sans donner davantage de précisions.
La lenteur des procédures judiciaires ivoiriennes et la longueur des détentions préventives sont régulièrement dénoncées par les familles des détenus comme par la communauté internationale.
En octobre 2013, Doudou Diène, un expert onusien, avait appelé à la libération provisoire de « tous les détenus » de la crise, souvent emprisonnés depuis des années sans que leur dossier n’avance.
La crise postélectorale, causée par le refus de l’ex-président Laurent Gbagbo d’accepter la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, a fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
M. Gbagbo est actuellement emprisonné à La Haye en attente de son procès en juillet 2015 par la Cour pénale internationale, qui l’accuse de « crimes contre l’humanité ».
SOURCE : AFP