Le ministre togolais des affaires étrangères Robert Dussey était à la tribune des Nations Unies lundi après-midi dans le cadre de la 69è session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.
Thème retenu pour cette session: « Réaliser et mettre en œuvre un programme transformateur de développement pour l’après-2015 ».
Représentant le chef de l’Etat, M.Dussey a abordé plusieurs sujets : les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), les changements climatiques, la situation d’instabilité chronique qui prévaut aujourd’hui en Afrique, en particulier dans la bande sahélo-saharienne, la piraterie maritime, le virus Ebola etc…
Abordant la politique intérieure, le chef de la diplomatie togolaise a affirmé devant l’assistance : « Le Togo, a retrouvé la stabilité. Il avance, dans la confiance restaurée, vers un nouvel horizon ».
« Echéance électorale après échéance électorale, la démocratie togolaise se construit et se consolide dans le dialogue et la concertation. Elle se met en place avec des institutions qui fonctionnent, avec le concours et la vigilance d’une société civile déterminée et avec l’ensemble des citoyens qui sont plus que jamais conscients des défis qu’il reste à relever en matière de démocratie », a-t-il souligné.
Voici l’intégralité du discours de M.Robert Dussey
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à vous exprimer, Monsieur le Président, au nom du peuple et du gouvernement togolais ainsi qu’en mon nom propre, nos très chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence de la 69ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Je voudrais également saisir cette occasion pour réitérer les sincères félicitations et les encouragements de mon pays au Secrétaire général, Monsieur Ban Ki-Moon, pour les efforts qu’il déploie pour permettre à notre Organisation de relever les défis qui se posent à notre monde.
Monsieur le Président,
En plaçant la 69ème session de l’Assemblée générale sous le thème : «Réaliser et mettre en œuvre un programme transformateur de développement pour l’après-2015», vous avez tenu à rappeler aux Etats membres qu’il leur incombe de tout mettre en œuvre pour définir, dans la perspective de l’après-2015, un agenda de développement à la mesure des enjeux auxquels le monde est confronté.
En effet, il est indéniable que la définition des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) a été bénéfique pour l’humanité. Même si tous ces objectifs ne seront pas atteints par tous nos Etats, notre engagement à travailler ensemble pour les atteindre a permis des améliorations notoires sur chacun des objectifs partout dans le monde.
Dès lors, le nouvel agenda pour le développement devra offrir aux Etats une feuille de route appropriée qui prenne en compte la diversité et la complexité des situations ainsi que les évolutions résultant de l’expérience acquise dans la mise en œuvre des OMD.
Monsieur le Président,
Pour sa part, le gouvernement togolais reste déterminé et mobilisé pour poursuivre et amplifier les efforts qu’il conviendrait de fournir dans le cadre d’un nouveau programme de développement post-2015 en vue de la réduction plus sensible de la pauvreté dans notre pays.
En effet, au cours de ces dernières années, l’incidence de la pauvreté a pu être réduite de trois (03) points.
Cette tendance est soutenue par l’amélioration de l’environnement des affaires qui offre de bonnes perspectives pour accroître la réussite des programmes de promotion de l’emploi en cours de mise en œuvre dans le pays au profit des jeunes notamment.
A cet égard, l’on retiendra, entre autres, les impacts fructueux obtenus avec la conduite de plusieurs programmes de promotion de l’emploi et de développement à la base. C’est dans le même esprit que s’inscrit la mise en place d’un Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) dont le but est de rendre accessibles les services financiers aux populations les plus vulnérables et particulièrement aux femmes, généralement exclues de l’accès au crédit des institutions financières classiques.
Dans le domaine de l’agriculture, le Togo poursuit la mise en œuvre du Programme National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire (PNIASA) dont l’application a abouti non seulement à des résultats satisfaisants dans le cadre de l’autosuffisance alimentaire, mais encore à des excédents agricoles depuis plusieurs campagnes, en particulier celle de 2013-2014.
Sur le plan de la santé, des résultats encourageants ont été obtenus en matière de réduction du taux de mortalité maternelle et infantile et de lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose.
Quant à la préservation de l’environnement et de l’amélioration du cadre de vie, des actions vigoureuses menées ont permis d’améliorer, de manière significative, le taux d’ accès aux services d’assainissement et à l’eau .
Par ailleurs, le gouvernement a intensifié les efforts d’adaptation pour juguler l’impact des changements climatiques, notamment celui des catastrophes induites par ce dérèglement sur l’économie et sur le bien-être des citoyens. Notre pays s’active à renforcer le dispositif institutionnel de gestion des catastrophes.
Le Togo a intensifié sa contribution à la protection du patrimoine mondial et à la sécurité internationale à travers des efforts notables dans la lutte résolue contre le trafic des espèces protégées, marquée par la neutralisation de plusieurs réseaux et la saisie de grosses quantités d’ivoire.
La vision prospective du Togo comme un pays à même d’assurer et d’assumer son développement, à tous égards, a conduit le gouvernement à initier la Vision Togo 2030.
Lancée en avril dernier, cette initiative repose sur une approche participative et devra, à terme, avec la stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) permettre à mon pays de mieux assurer la réalisation des OMD et l’agenda de développement post-2015 que nous appelons de tous nos vœux.
Je tiens ici à remercier le système des Nations unies et tous les pays qui nous ont aidé à parvenir aux avancées réalisées.
Monsieur le Président,
La situation d’instabilité chronique qui prévaut aujourd’hui en Afrique, en particulier dans la bande sahélo-saharienne, est préoccupante.
C’est pourquoi, fort de son expérience de membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies où il a siégé en 2012-2013, mon pays, le Togo, a acquis davantage la certitude que notre agenda de la paix et la nouvelle architecture pour la sécurité internationale doivent tenir compte de cette nouvelle situation de régionalisation des conflits.
Un autre facteur qui met encore plus en péril la survie des Etats et leurs efforts de développement se trouve être le terrorisme.
En Afrique par exemple, Boko Haram et Shabab posent fréquemment des actes qui déstabilisent les pays frères comme le Nigeria, le Cameroun, la Somalie et le Kenya.
Mon pays se félicite néanmoins des efforts conjugués de la communauté internationale, qui ont permis de mettre en déroute les groupes armés terroristes, notamment en Somalie et au Mali. Il apprécie à sa juste valeur les efforts du gouvernement français à rester engagé dans la région du Sahel afin de poursuivre, aux côtés des pays africains, la lutte contre les terroristes à travers l’opération Barkhane.
Il importe toutefois que les efforts engagés se poursuivent et se consolident et que la communauté internationale ne ménage aucun effort pour soutenir les pays africains touchés, au même titre qu’elle se mobilise pour contrer la progression du terrorisme en Irak, en Syrie et ailleurs dans le monde.
Monsieur le Président,
Au-delà du contrôle effectif des frontières dans les vastes espaces géographiques, comme le Sahel, qui a mobilisé ces dernières années la communauté internationale dans sa lutte contre le terrorisme, il nous paraît tout aussi indispensable de sécuriser davantage nos côtes pour éradiquer, avec la même détermination, la piraterie maritime.
C’est dans cet esprit et conscient des enjeux en présence, que le Togo a pris l’initiative d’accueillir à Lomé, au cours de l’année 2015, une conférence internationale sur la sécurité maritime et le développement économique en Afrique, sous l’égide de l’Union africaine.
Le Togo se propose de jouer un rôle de premier plan, en offrant avec le concours de toutes les bonnes volontés, un cadre qui permettra de concrétiser les mesures qui ont été préconisées, en diverses occasions, en vue de faire des côtes africaines un espace pivot du commerce international, débarrassé des prédateurs organisés qui entretiennent la peur le long de nos côtes.
Monsieur le Président,
S’agissant de la promotion de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans nos pays, la dégradation de la situation en République centrafricaine, en Libye, au Soudan du Sud, en Syrie, en Palestine, en Ukraine et ailleurs dans le monde, nous préoccupe au plus haut degré en raison des conséquences néfastes qu’elle engendre et qui sont de nature à remettre en cause l’existence même de ces pays et à anéantir les précieux efforts de développement qu’ils ont accomplis.
En ce qui le concerne mon pays, le Togo, a retrouvé la stabilité. Il avance, dans la confiance restaurée, vers un nouvel horizon.
Les filles et fils du Togo ont choisi de construire désormais l’avenir dans un climat de paix et de concorde nationale.
Echéance électorale après échéance électorale, la démocratie togolaise se construit et se consolide dans le dialogue et la concertation. Elle se met en place avec des institutions qui fonctionnent, avec le concours et la vigilance d’une société civile déterminée et avec l’ensemble des citoyens qui sont plus que jamais conscients des défis qu’il reste à relever en matière de démocratie.
Le projet de société, qui mobilise le Togo, vise, avant tout, à en faire un membre actif et responsable de la communauté internationale, décidé d’œuvrer, main dans la main, avec les autres nations, pour endiguer systématiquement les vecteurs de tensions, pour briser partout le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité. Ce sont là autant de préalables pour la paix sociale mais aussi pour l’émergence économique.
Monsieur le Président,
Je ne saurais clore mon intervention sans rappeler à notre Assemblée le grand péril à la survie humaine qui pèse sur le continent africain dans son ensemble et particulièrement l’Afrique de l’ouest, avec l’apparition de la fièvre à virus Ebola.
Je voudrais, à cet égard, me réjouir de l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 2177 qui qualifie cette maladie de menace à la paix et à la sécurité internationales.
Conscient de l’importance du capital humain dans l’œuvre de développement, mon pays salue les efforts engagés par les acteurs multilatéraux et bilatéraux en vue d’endiguer l’épidémie, et lance un appel pressant aux organismes du système des Nations Unies et aux Etats de se préoccuper davantage du sort de nos populations, en particulier celles du Libéria, de la Sierra Léone et de la Guinée, en accompagnant nos efforts tendant à sauver les personnes contaminées et à prévenir la propagation de la maladie qui ne connaît pas de frontières.
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite que les valeurs communes, que nous partageons et que nous professons, résonnent bien au-delà du cadre des négociations diplomatiques et qu’elles trouvent, au quotidien, des échos directs et retentissants sur les terrains où se jouent concrètement la paix, la sécurité et la prospérité partagée.
Je vous remercie de votre aimable attention. FIN
En Photo: M. Robert Dussey à la Tribune des Nations Unies lundi dernier
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