L’Union africaine (UA) s’est réunie lundi à Addis Abeba pour définir une stratégie à l’échelle du continent face à l’épidémie d’Ebola qui, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déjà fait plus de 2.000 morts en Afrique de l’Ouest.
En ouverture des débats, la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a appelé à une « réponse africaine unie, complète et collective ».
Des mesures de suspension de vols – déjà partiellement en place – et de fermeture des frontières maritimes et terrestres devraient notamment être discutées lundi dans la capitale éthiopienne, où l’UA a son siège.
Mme Dlamini-Zuma a reconnu que la crise avait « mis en lumière la faiblesse des systèmes de santé » dans les pays concernés, pointant la « grave pénurie » de personnel de santé. Mais elle a aussi insisté sur la nécessité de mener une « lutte » qui « ne conduise pas à l’isolement ou à la stigmatisation des victimes, des communautés ou des pays ».
« Nous devons faire attention à ne pas mettre en place des mesures qui auraient un impact social et économique supérieur à celui de la maladie elle-même », a-t-elle ajouté. S’il faut agir « pour stopper la propagation de la maladie (…)nous devons aussi mettre en place des mesures pour permettre (au secteur agricole) de continuer et pour aider les commerçants ».
Selon Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, la crise coûtera certainement « plusieurs points de PIB » à la Guinée, la Sierra Leone et au Liberia, les trois pays les plus touchés. En cause notamment: des cycles agricoles perturbés, des restrictions au commerce transfrontalier, des investissements reportés.
– Investissements massifs nécessaires –
Selon l’OMS, près de 4.000 personnes ont déjà été infectées depuis le début de l’année, dont plus de 2.000 sont mortes. Au delà de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia, des décès ont été recensés au Nigeria et une infection a été confirmée au Sénégal.
En Sierra Leone, où le bilan frôle les 500 morts, les autorités ont annoncé une mesure extrême et très critiquée à la fois par les ONG et la population: le confinement à domicile de tous les habitants du 19 au 21 septembre.
Ebola se transmet seulement par contact direct avec des fluides corporels de personnes infectées ou des objets, comme des aiguilles de seringues contaminées. Il provoque de la fièvre, des vomissements, des diarrhées et parfois des hémorragies internes, et la moitié des malades meurent.
Aucun vaccin n’existe, mais l’OMS a décidé d’utiliser immédiatement des traitements expérimentaux. Et espère qu’un vaccin sera disponible en novembre, en priorité pour les personnels de santé.
L’ONU estime que 600 millions de dollars sont nécessaires immédiatement pour faire face à la crise, la plus grave depuis la découverte du virus en 1976 mais que la communauté internationale est accusée d’avoir considérablement traîné à prendre au sérieux.
Fin août, l’OMS a annoncé un plan de 100 millions de dollars et la Commission européenne s’est engagée vendredi à débloquer 140 millions d’euros. Les Etats-Unis ont eux annoncé des moyens militaires, dont des unités de mise en quarantaine.
« On ne peut s’attaquer à Ebola qu’avec des investissements massifs », a insisté M. Lopes lundi, en appelant l’Afrique à participer à l’effort international.
« Les femmes paient le plus lourd tribut à cette maladie, car ce sont elles qui s’occupent des malades, des enfants et membres de la famille et préparent les corps pour les enterrements », a encore ajouté Mme Dlamini-Zuma.
« Alors que nous finalisons notre réponse à ce grave défi auquel nous sommes tous confrontés, nous devons être déterminés à gagner la bataille ». FIN
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