Lorsque le virus EBOLA a frappé assez durement l’ex-Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo, RDC) en 1976, personne ne se doutait que nous allions voir cette terrible épidémie de fièvre hémorragique virale nous tomber sur la tête, au cours de cette année 2014…
Lorsque le ciel tomba sur la Guinée en janvier 2014, avec une épidémie fulgurante, couvrant la Guinée forestière jusqu’à Conakry, avec plusieurs centaines de morts, les pays voisins, encore moins les autres pays de l’Afrique occidentale, ne s’alarmèrent guère outre mesure…
L’imprévoyance légendaire du nègre n’avait pas anticipé la catastrophe sanitaire qui nous étrangle aujourd’hui. Les politiques africaines de santé, détestables depuis nos indépendances dans les années 1960, n’ont pas fondamentalement changé : budget de santé squelettique pour la quasi-totalité de nos pays (± 10 % du budget national dans le meilleur des cas !), quasi-absence de politique de recherche scientifique, salaires misérables des agents de la Santé publique y compris pour les professeurs de Médecine et les rarissimes chercheurs (en biologie, biologie médicale, médecine, chimie ou pharmacie, etc. ) , infrastructures sanitaires inexistantes ou rudimentaires, non entretenues ou négligées, absence de couverture sanitaire universelle, j’en passe et des pires…
Lorsque nous avons vu le Dr KENT BRANTLY et la coordinatrice du personnel, Nancy Writebol (deux américains de l’ONG Samaritan’s Purse), guéris de l’infection à virus EBOLA, grâce au sérum expérimental ZMAPP, fabriqué par la société de biotechnologie américaine MAPP BIOPHARMACEUTICAL (avec la collaboration d’une société canadienne), mon cœur ne peut que bondir de joie, mais , en même temps, j’étais triste que cette merveille ne soit pas l’œuvre, même en infime partie, d’une société africaine…
Cette société californienne, financée en partie par l’armée américaine, a mis au point, depuis des années, ce cocktail d’anticorps monoclonaux, c’est-à-dire, de molécules dirigées spécifiquement contre une autre molécule, et permettant sa destruction par le système immunitaire de l’animal ou du sujet à qui ce sérum est administré.
Lorsque le Directeur des services des Maladies Infectieuses de l’hôpital de l’Université EMORY, à ATLANTA, BRUCE RIBNER, embrassa les deux miraculés, devant ses collaborateurs et une nuée de journalistes, je me suis écrié : Bravo et félicitations, chers collègues !
Pour information, Le ZMAPP est constitué de trois anticorps monoclonaux qui agissent sur trois sites différents du virus EBOLA et le neutralisent, grâce à la production d’anticorps, par le malade…
Aujourd’hui, la firme pharmaceutique anglaise GLAXO SMITH KLINE et deux ou trois autres firmes, travaillent d’arrache- pied, pour nous sortir sous peu, après les essais cliniques, un vaccin contre la Fièvre Hémorragique Virale (FHV) à virus EBOLA… Ici encore, l’Afrique ne pointe pas son nez dans la recherche de solutions sérieuses aux maladies ravageuses…
Mais, le continent noir est pointé présent, quand il s’agit de bouffonneries politiciennes, de guerres tribales ou civiles, de rébellions armées, ou de gangstérisme militaro-religieux comme ce que font Boho Haram au Nigéria, les Shebab en Somalie, l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Koni en Ouganda etc. Nous n’avons pas d’argent pour nous nourrir correctement, nous n’arrivons pas à trouver un bon repas journalier, mais nous trouvons de l’argent, pour acheter des armes, pour nous entretuer, enlever nos filles pour les vendre ou les prostituer, dans un délire religieux et/ou politique, alors que les hauts lieux de la religion, comme Rome ou la Mecque sont des villes accueillantes et tolérantes…
Pour ne pas enfoncer le clou plus loin, je me réjouis de faire et de réitérer les propositions ci-après :
Il y a deux ou trois ans de cela, j’avais proposé que le TOGO, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, et le Niger (les cinq pays du Conseil de l’Entente), mutualisent leurs ressources financières et humaines, pour créer un grand Laboratoire de Recherche Sous- Régionale (LRSR), pour la recherche biomédicale et pharmaceutique. Ce Laboratoire jouerait le rôle de la « FOOD and DRUG ADMINISTRATION» américaine, pour contrôler tous les produits pharmaceutiques et alimentaires dans l’espace du Conseil de l’Entente, autoriser l’entrée dans cet espace des produits pharmaceutiques ou autres, provenant du reste du continent et du monde, et faire des recherches pointues sur les maladies tropicales ou autres…
Aujourd’hui, le défi à nous lancé par le virus EBOLA, devient pesant et je pense que le cadre des 5 pays est trop étroit à ce jour, et qu’il faut élargir le cercle au niveau de la CEEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Avec un potentiel humain , minier, économique, financier, culturel aussi colossal, quoi de plus facile que de mutualiser toutes nos ressources, pour recruter des chercheurs de très haut niveau, anglophones, francophones, hispanophones ou autres, pour mettre au point ce Centre International d’Excellence, qui va rivaliser de talents avec les plus grands pays du monde.
On n’aura pas besoin d’attendre « les Blancs », et faire la grimace devant eux, pour avoir deux ou trois doses de sérum expérimental pour nos malades de fièvre hémorragique virale ! Ou attendre toujours d’eux la découverte d’un vaccin pour telle ou telle maladie. La lèpre, le paludisme, la tuberculose, les parasitoses, les maladies dégénératives et héréditaires, etc. auront à faire à nos chercheurs africains, mais aussi, européens, américains, chinois, indiens, pakistanais, etc. recrutés par le LRSR, sur la base de l’excellence…
Reste que les décideurs politiques nous laissent travailler dans la quiétude et la sérénité, en réglant les problèmes des rébellions, des délires religieux, islamiques ou chrétiens, et des politiciens véreux prompts à lancer dans le gouffre leur pays, pour des ambitions personnelles stupides…
Depuis l’année 1976 où l’épidémie de FHV à EBOLA est apparue au Congo Kinshasa, aucun pays africain, aucun dirigeant de notre continent, ne s’est sérieusement penché sur la question et les solutions idoines à trouver, pour éloigner de nos populations, le spectre de la mort en série et en masse de nos populations…
Cette épidémie à virus d’EBOLA est venue à point nommé, pour rappeler à l’ordre, nos dirigeants, hommes politiques, acteurs de la société civile, et tous les intellectuels du continent, sur la nécessité pour nous les Nègres, de travailler dur, très dur, pour nous hisser à la hauteur des autres peuples.
L’épidémie du virus de l’immunodéficience acquise humaine (VIH 1 et VIH 2) nous a trouvés, démunis, sur le bord des routes de la recherche. Aujourd’hui, c’est la FHV à virus EBOLA qui nous retrouve à la même place… C’est honteux, et relevons enfin le défi… FIN
Par Dr David IHOU, Consultant en Géopolitique et Stratégie Sécuritaire
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