Des familles entières décimées – dont une de dix personnes – des humanitaires oeuvrant au Burkina Faso, des expatriés, des touristes ou des étrangers rentrant de ce pays africain: les 118 disparus du crash au Mali de l’avion d’Air Algérie laissent des proches anéantis.
Partie trois semaines en vacances au « Pays des hommes intègres », la famille Reynaud – grand-père, ex-épouse, fils, belles-filles, petits-enfants – en tout dix personnes résidant en Rhône-Alpes, a péri dans l’accident du vol AH5015.
A Lorette (Loire), où habitait Bernard Reynaud, un retraité de l’industrie dont la fille s’était établie au Burkina, les drapeaux ont été mis en berne et le maire, Gérard Tardy, s’est dit comme l’ensemble de la commune, « profondément choqué ». « Tragédie » également à Gex (Ain), près de la frontière suisse, où vivaient Éric et Estelle Reynaud, deux travailleurs frontaliers d’une quarantaine d’années, sportifs accomplis, ainsi que leurs enfants, Alexis et Zoé, scolarisés en troisième et en cinquième.
« C’est une nouvelle brutale. Ça raye de la terre une famille toute entière », estime le maire, Patrice Dunand.
A Chambéry (Savoie), les hommages ont fleuri sur les réseaux sociaux, en mémoire des quatre derniers membres de la famille Reynaud, les parents quadragénaires Franck, Laure et leurs deux enfants Nathan, 16 ans, et Julia, 14 ans.
Dans la région nantaise, c’est la famille Ouedraogo, Français d’origine burkinabè, qui a disparu.
A bord de l’avion se trouvaient Seydou Ouedraogo, son épouse, leur quatre enfants de 6 à 21 ans, ainsi qu’un neveu, étudiant à Angers. « Avec sa femme, ils ont fait l’effort pour amener les enfants découvrir leurs racines et voilà… », explique, effondré, Amadou Ouedraogo, frère du père de famille.
« C’était mon meilleur ami, mon frère » : la voix cassée, Jean-Jacques Dupré évoque son associé, Bertrand Gineste, copropriétaire avec lui de la pharmacie La Marche à Guéret. Bertrand Gineste, 55 ans, a péri avec son épouse Véronique et leurs trois enfants, un collégien et deux jumeaux, nés en 2000 et 1995.
Selon le député-maire de Guéret, Michel Vergnier, M. Gineste était trésorier de l’association Guéret-Zitenga, du nom de ce département burkinabè jumelé avec Guéret.
« Il avait rejoint notre comité de jumelage pour venir nous aider il y a presque deux ans car il connaissait l’humanitaire », a expliqué le maire. M. Gineste souhaitait cette fois « faire découvrir » ce pays qu’il aimait à sa famille.
« Anéantie », c’est le mot employé par Denise Labbe, secrétaire de mairie à Menet (Cantal), où vivaient Bruno Cailleret, Caroline Boisnard, et leurs deux enfants, Elno, 14 ans, et Chloé, 10 ans. Selon Mme Labbe, cette famille « avait passé quinze jours chez un oncle de Caroline installé là-bas ». Les familles des victimes seront reçues samedi au Quai d’Orsay.
– Des gens extraordinaires –
Un couple de Français propriétaires d’un hôtel-restaurant à Ouagadougou, Richard Julia, 57 ans et son épouse Paulina, 61 ans, figurent aussi parmi les victimes du crash. Originaires de Tréville (Aude), ils venaient y retrouver pour l’été leurs deux enfants et le père de Richard.
André Joly, 60 ans, et Jutta Zoller, 56 ans, un couple d’éducateurs qui vivait à Raon-aux-Bois (Vosges), revenaient, eux, d’un chantier au Burkina Faso avec deux jeunes Français qu’ils encadraient, dont un adolescent de 16 ans, confié aux services sociaux de Seine-et-Marne.
« Ils ont créé une association, Oxygène, en 1989, pour montrer aux jeunes que la vie pouvait être belle », a indiqué la présidente de l’association, Marie-Hélène Labadens. « C’étaient des gens extraordinaires. (…) Nous sommes anéantis. »
Dans le Var, c’est Jean-Marie Rauzier, 70 ans, qu’on pleure. Engagé depuis six ans dans l’association « Camélia Burkina », basée à Six-Fours-les-Plages, ce retraité de la sécurité sociale, sans enfant, originaire de la Seyne-sur-Mer, était en mission depuis le 23 mai à Koudougou.
Dans le Nord, Seydou Cissé se dit « anéanti » après avoir appris la disparition de son ami Bakary Diallo, 35 ans, espoir du cinéma malien.
« Sa famille est au Mali. Sur Roubaix, c’est moi, sa famille », explique M. Cissé.
Deux habitants de Pau, Alain Pardina, 57 ans, professeur de physique à l’Université, et son épouse, Marie Jesus Redin Pardina, ont également péri dans le crash.
Mais dans l’avion d’Air Algérie se trouvaient aussi des Burkinabè, des Algériens, des Canadiens, des Espagnols et des Luxembourgeois…
Trois familles libanaises, qui rentraient au Liban passer l’Aïd-al-Fitr qui marque la fin du Ramadan, ont été décimées.
Le village d’El-Kharayeb, près du Tyr, d’où est originaire la famille de Bilal Dehaini, un couple avec trois enfants de 4 à 11 ans, également disparus, semble poursuivi par le destin.
« C’est la capitale des accidents d’avion », affirme Ibtistissam, sœur de Bilal. Quatorze habitants sont morts dans l’accident en 2003 d’un Boeing 727 entre Cotonou et Beyrouth et 4 dans l’accident d’avion de l’Ethiopian airlines Beyrouth-Bolé en 2010. FIN
Source : Afp
www.savoirnews.net, l’info en continu 24/24H