L’opposition burkinabé a réussi son pari ce samedi en remplissant le plus grand stade de Ouagadougou pour marquer son refus d’un éventuel référendum ouvrant la voie à un maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré.
« C’est une mobilisation historique, un pari réussi. Le stade est plein en haut et en bas », s’est réjoui Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition.
Le stade du 4 août, d’une capacité de 35.000 places, s’est progressivement rempli samedi matin, jusqu’à afficher complet. Des slogans tels que « non au référendum », ou encore « on est fatigué, le grand baobab doit tomber » résonnaient dans les travées.
« C’était un défi de remplir le stade du 4 août, encore plus de le faire à 9H00 du matin », a opiné Roch Marc Christian Kaboré, président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), louant la « bonne adhésion » populaire.
La population est « sortie en masse » pour dire que « désormais, l’alternance ne sera plus un rêve. L’alternance, c’est ici et maintenant », a affirmé Me Bénéwendé Sankara, président du l’Union pour la renaissance/parti sankariste (UNIR/PS).
La fréquentation du meeting samedi « est la preuve palpable que le peuple s’est mis débout », a-t-il observé.
Les présidents d’une trentaine de partis de l’opposition sont entrés dans le stade vers 10H00 GMT et ont effectué un tour d’honneur, avant de commencer leurs discours.
Le « combat de la mobilisation », dont le but est de « dissuader » Blaise Compaoré et ses fidèles d' »abandonner leur projet de référendum », doit « se poursuivre jusqu’à la victoire finale », soit le changement de régime, a harangué Zéphirin Diabré.
L’opposition est fortement mobilisée contre une éventuelle consultation populaire visant à modifier l’article 37 de la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et empêche pour l’instant Blaise Compaoré d’être candidat en novembre 2015.
Le président burkinabè, arrivé au pouvoir en 1987 par un coup d’Etat, qui termine son deuxième quinquennat après avoir effectué deux septennats, a évoqué une telle éventualité en décembre.
– « Pouvoir à vie » –
La jeunesse, majoritaire dans le pays, où 60% de la population a moins de 25 ans et n’a donc jamais connu d’autre président que l’actuel chef de l’Etat, est particulièrement opposée au référendum, surtout dans les villes.
« Je suis venu pour dire avec force non au référendum, qui n’a pour objectif que de satisfaire une soif de pouvoir à vie. Qu’il (M. Compaoré) nous évite toute crise qui peut naître de son entêtement », a vitupéré Issiaka Ouedraogo, 28 ans, à l’AFP.
Serge Tiendrébeogo, 25 ans, dit de son côté « non au coup d’État que trame le pouvoir à travers son référendum. Car changer une Constitution unilatéralement et à des fins personnelles n’est autre qu’un coup d’État. »
Des chansons engagées de reggae-men burkinabé demandant le départ du président Compaoré ont galvanisé la foule.
Ce rassemblement « doit marquer le début de la révolution pour un changement à la tête du pays », a lancé Sams’k le Jah, chanteur et pilier du collectif « le balai citoyen », fortement opposé au régime.
« Nous n’allons pas tolérer une seconde de plus cette forfaiture qui se prépare pour 2015. La lutte va continuer pendant les mois à venir jusqu’à cette date. Ensemble nous vaincrons car notre nombre est notre force », a déclaré Smockey, un autre chanteur.
Selon certains observateurs, une nouvelle candidature du président pourrait provoquer de violents débordements.
« Il n’y a plus que l’épreuve de force pour nous départager », a remarqué Bénéwendé Sankara, qui envisage un combat uniquement démocratique.
A l’instar de l’opposition, le pouvoir mobilise également ses troupes, notamment via des tournées du président dans le pays.
Les opposants au référendum ont de leur côté donné rendez-vous à leurs militants au 14 juin prochain à Bobo Dioulasso, dans le plus grand stade de la deuxième ville du pays.
Source : AFP
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