Procès du jeune togolais /Viols sur fond de rites vaudous: Lourdes peines pour les accusés

La mère et l’oncle d’une adolescente violée à plusieurs reprises sous prétexte d’exorcisme vaudou ont été condamnés vendredi respectivement à sept et quatorze ans de prison par la cour d’assises de Seine-Saint-Denis.
L’accusé, un Togolais de 28 ans, a été reconnu coupable de viols, mais aussi de violences sexuelles imposées à l’adolescente de 14 ans et à ses deux sœurs aînées, entre 2010 et début 2011, lors de cérémonies rituelles. Il a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle.

La mère des trois adolescentes, âgée de 41 ans, a été reconnue coupable de « complicité » et condamnée à sept ans de prison. Elle était accusée d’avoir cautionné ces violences, mais aussi d’avoir fourni des préservatifs au violeur afin qu’il « désenvoûte » sa fille cadette.

Ces condamnations, prononcées après un délibéré de près de sept heures, sont presque identiques aux réquisitions de l’avocate générale, qui avait demandé 15 ans de réclusion pour l’oncle et 8 ans de prison pour la mère.

« C’est elle qui a convaincu sa fille, c’est elle qui l’a mise en confiance. Elle a ni plus ni moins livré sa fille au violeur, sous son toit », avait souligné la représentante du parquet, évoquant un « tandem redoutable » formé par les coaccusés.

« Cette croyance vaudou qui est invoquée n’est qu’un habillage », avait-elle ajouté. L’accusé « ne souffre d’aucune pathologie mentale, il n’est pas dans un délire. Il est pleinement responsable de ses actes ».

L’adolescente, aujourd’hui âgée de 17 ans, vivait à l’époque des faits au domicile de sa tante, à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), où elle avait emménagé pour suivre des études dans un établissement jugé plus strict par sa mère.

C’est dans une chambre de cet appartement, situé dans la Cité des Joncherolles, qu’elle a été violée à cinq reprises par l’accusé, qui prétendait vouloir « chasser le mauvais esprit » qui se trouvait en elle.

Des faits reconnus par l’accusé, qui s’est excusé à plusieurs reprises lors de l’audience auprès des victimes, mais pas par la mère des adolescentes, qui a nié fermement avoir été au courant des viols infligés à sa fille cadette.

« Viol de l’âme »

« Ce déni, c’est un deuxième viol. C’est le viol de l’âme », a regretté lors de l’audience l’avocat de l’adolescente, Me Daniel Merchat, insistant sur la « lâcheté et la cruauté » des souffrances infligées à la jeune fille.

Ce procès, c’est aussi le procès de l’obscurantisme, c’est celui du sectarisme », a poursuivi l’avocat, jugeant que sa cliente avait « été plongée en plein Moyen-âge », « prise au piège d’une mini-secte ».

L’accusé, installé en France depuis 14 ans, organisait régulièrement des rituels vaudous, avec sa belle-sœur, prétendant pouvoir les « protéger » en leur passant un oeuf parfumé sur le corps.

Lors de ces séances, il leur imposait des lavements génitaux et leur entaillait les mains et les pieds avec une lame de rasoir, avant d’insérer dans les plaies une poudre noire présentée comme magique.

« Ce contexte d’occultisme et d’obscurantisme a eu sa part dans le passage à l’acte », a dit l’avocate de l’homme, Me Claire Doubliez, évoquant « une croyance profonde » de l’accusé, à l’époque des faits, dans le culte vaudou.

Ce dernier, lors du procès, a raconté avoir violé l’adolescente sur injonction d’un prêtre vaudou, pour éviter un décès dans sa famille. Deux solutions lui avaient, selon lui, été proposées: coucher avec une mineure ou tuer un albinos.

« Ce contexte peut sembler complètement irrationnel, mais on ne peut pas le balayer », a affirmé Me Céline Bochet, avocate de la mère. Une situation d’aveuglement favorisée, selon elle, par l' »histoire complexe » des coaccusés, marqués dans leur enfance par le déracinement et l’absence de cadre familial stable. FIN

Source : AFP

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