Fulbert Attisso : « Si nous voulons faire l’alternance en 2015, nous ne devons laisser aucune composante sur le quai »

Fulbert Attisso, journaliste et écrivain togolais a appelé jeudi à une réorganisation de l’opposition en vue d’une alternance en 2015, à travers son nouveau concept dénommé +l’appel des patriotes+. A travers cet appel, ce dernier développe trois grandes idées. L’Agence Savoir News s’est rapprochée de M.Attisso pour permettre à ses lecteurs de mieux cerner ses nouvelles idées.

Savoir News : Pourquoi un tel concept ? Et de quoi s’agit-il ?

Fulbert Attisso:<

/strong> Nous avons lancé dans une conférence de presse le jeudi 19 septembre 2013 l’Appel des patriotes. C’est un message de prise de conscience en direction de ceux qui portent le Togo dans leur cœur face au scrutin présidentiel de 2015 arrivant au galop. Les signes d’un nouvel échec de l’opposition sont déjà visibles face à parti au pouvoir UNIR (Union pour la République) requinqué et triomphaliste au sortir des législatives du 25 juillet dernier. Au lieu de se retrouver entre ses différentes composantes pour tirer les conséquences des dernières élections et dégager les perspectives futures, l’opposition se déchire et se divise davantage. C’est inquiétant, Il faut faire quelque chose. Mes camarades et moi pensons qu’il est encore possible de construire un projet d’alternance pour 2015.

+L’Appel des patriotes+ propose une meilleure organisation de l’opposition et suggère des voies pour 2015. Nous partons du postulat selon lequel sans l’union, l’opposition ne serait jamais une force gagnante, surtout face au futur scrutin présidentiel. +L’Appel des patriotes+ va plus loin que la vieille idée de l’union de l’opposition et propose la +Coalition des forces de l’alternance+. Elle est le rassemblement de l’union des partis de l’opposition, des Togolais et des forces qui revendiquent l’alternance, à l’intérieur et en Diaspora, et des déçus du parti RPT/UNIR. La Coalition des forces de l’alternance canalise et fédère toutes les aspirations à l’alternance, du nord au sud, et étreint tous les bords politiques. Elle rend mieux compte des aspirations à l’alternance, qui sont aujourd’hui partout, que l’union de l’opposition. Il s’agit de prendre en compte tous ceux qui veulent l’alternance et en faire une synergie pour 2015. Seconde idée-force de l’Appel des patriotes : le Programme commun de la Coalition des forces de l’alternance.

Il est important que cette synergie hétéroclite travaille sur la base d’un programme commun, lequel définira le projet de société de la coalition et la répartition des rôles et des postes après la conquête du pouvoir. La Coalition des forces de l’alternance ira à la conquête des électeurs avec des promesses concrètes et non leur dire qu’elle est porteuse de l’alternance, du changement et de la démocratie. Devant le parti au pouvoir qui conquiert les électeurs par divers cadeaux, il faut que la Coalition des forces de l’alternance dise aux populations qu’elle est sa différence en termes de gestion du pouvoir. Troisième idée de l’Appel des patriotes: le Candidat unique de la Coalition des forces de l’alternance. Depuis toujours on a parlé du candidat unique de l’opposition, mais l’Appel des patriotes préconise un candidat porté par la grande alliance. Le choix du candidat devra prendre en compte le contexte politique, la compétence et d’autres qualités et surtout la capacité de celui-ci à rassembler toutes les aspirations au changement et à rassurer toutes les forces, internes et externes, qui pourraient montrer de l’hostilité à l’alternance.

Q : Vous appelez à la formation de +La Coalition des forces de l’alternance+. Est-ce une idée différente de +l’Union de l’opposition+ prônée par certains leaders de l’opposition ? Si oui, qu’entendez-vous par cette Coalition ?

R : La Coalition des force de l’alternance est une alliance entre les partis de l’opposition connu, tous les Togolais qui veulent l’alternance, les forces de la Diaspora et les déçus du parti RPT/UNIR. La Différence entre les deux concepts est que l’union de l’opposition est une portion de la Coalition des forces de l’alternance. Cette dernière sera le creuset des aspirations à l’alternance, désormais plurielles, éparses et diffuses. Ces aspirations sont à Lomé, à Aného, à Kara et Dapaong, et dans tous les partis politiques. Si nous voulons faire l’alternance en 2015, nous ne devons laisser aucune composante sur le quai. Le train doit prendre tout le monde, y compris ceux que nous appelons +les déçus du RPT/UNIR+. La prise en compte dans cette composante politique dans la Coalition des forces de l’alternance est une nécessité sinon la coalition est fragile. Certains peuvent être choqués, mais la politique n’est pas une affaire de sentiment, mais de jugeote, de conjoncture et d’intérêts. Pierre Mendes-France, socialiste et président du conseil en 1956 en France a donné la leçon quand il disait : +Quand l’intérêt de la nation l’exige, les appartenances idéologiques n’ont plus d’importance+. Sachant qu’un tel rassemblement est difficile à gérer, nous avons proposé la deuxième idée, celle du programme commun.

Q : L’une des trois idées-forces de votre concept est la désignation d’un candidat unique de cette Coalition. Il y a depuis quelques jours, de grands débats autour du concept de «leader de l’opposition». Quelle analyse faites-vous de ce concept ? Qui peut-on aujourd’hui appeler «leader de l’opposition» ?

R : La troisième idée-force de l’Appel des patriotes, c’est le candidat unique de la Coalition des forces de l’alternance. Tout le monde reconnaît et dit que l’opposition ne peut battre le parti au pouvoir que si elle présente un seul candidat face à Faure Gnassingbé. L’idée n’est pas nouvelle ; la nouveauté c’est quand +l’Appel des patriotes+ parle de candidat de la Coalition des forces de l’alternance et le voit venir de partout. Pour nous, ce candidat doit avoir un profil qui s’incruste dans un ensemble de critères. Nous sommes au Togo, un pays qui n’a pas connu d’alternance depuis 46 ans. Pour y arriver, il faut composer avec les réalités et non faire dans la passion. Il faut un candidat qui rassemble, rassure et capable par ses compétences de travailler immédiatement à la résolution des problèmes. Il existe dans la politique togolaise trop de pesanteurs qui s’opposent à l’alternance. Comment contourner ces forces hostiles ? Voilà toute la problématique.

Le débat sur le +leader de l’opposition+ n’a pas lieu puisque les choses sont claires : le leader de l’opposition, c’est le chef du parti de l’opposition ayant le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Tout le monde sait que c’est le président national de l’ANC, Jean-Pierre Fabre. Cependant, les promoteurs de +l’Appel des patriotes+ pensent que le leader de l’opposition ne se confond pas au candidat unique de la Coalition des forces de l’alternance. En d’autres termes le leader de l’opposition n’est pas automatiquement le candidat unique qui affrontera Faure Gnassingbé en 2015. Il peut ne pas être la solution à court terme, mais il doit être obligatoirement dans la solution. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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