Ourna Gnanta: « Face à la situation actuelle, un dialogue franc et sincère empreint de respect mutuel peut déboucher sur un apaisement »

Certains quartiers de Lomé ont été secoués par de violentes manifestations de jeunes de l’opposition, suivies de tirs de gaz lacrymogènes, à l’appel de Collectif « Sauvons le Togo » (CST) et de la Coalition « Arc-en-ciel ». Ces manifestations se sont même poursuivies à Kodjoviakopé samedi.

Selon Ourna Gnanta, membre du Comité politique de L’ALLIANCE (opposition), dans une interview exclusive à l’Agence Savoir News, « les évènements actuels ne sont pas nouveaux dans l’histoire politique de notre pays ». « Je me demande s’ils aboutiront à des résultats autres que ce que nous avons connu par le passé ».

Pour ce dernier, « un dialogue franc et sincère empreint de respect mutuel » peut déboucher sur un apaisement ».

Savoir News: Quelles appréciations faites-vous des manifestations du CST et de la Coalition ces derniers jours, ainsi que la répression?

Ourna Gnanta: Nous ne pouvons que déplorer les destructions de biens publiques et privés et les répressions qui caractérisent ces manifestations. C’est ce qui arrive dans un pays quand on traîne des mésententes sur plusieurs années. Nous ne cesserons de clamer haut et fort: l’insurrection peut certes faire tomber un régime, mais elle ne garantit pas la paix sociale et l’unité nationale. Dans tous les cas, les évènements actuels ne sont pas nouveaux dans l’histoire politique de notre pays, si bien que je me demande s’ils aboutiront à des résultats autres que ce que nous avons connu par le passé. Il est impératif de revoir notre façon de mener l’action politique dans le pays de sorte que l’intérêt supérieur de la nation prévale.

Q: Sur qui rejetez-vous le tort? Et que faut-il aujourd’hui pour apaiser le climat politique?

R: Le tort est partagé. Nous sommes en face de deux extrêmes : l’un qui veut conserver à tout prix le pouvoir et l’autre qui veut arracher le pouvoir par une insurrection populaire en surfant sur les frustrations occasionnées par le premier. Il revient au peuple d’identifier la meilleure voie pour obtenir les changements voulus tout en préservant l’essentiel pour l’avenir du pays. Ce n’est pas en s’attaquant aux biens publics qu’on fait du mal à ceux qui pillent ce pays. Face à la situation actuelle, un dialogue franc et sincère empreint de respect mutuel peut permettre un apaisement. Ce dialogue ne doit pas être conçu comme un moyen de blocage du processus électoral.

Q: Le ministre de l’administration territoriale, a dans une interview à radio Deutsche Welle, affirmé qu’il n’y aura pas de dialogue avant les prochaines législatives. Comment analysez-vous ses propos?

R: Je ne veux pas croire que le ministre Bawara a oublié le contenu de la feuille de route que le chef de l’état a donné au gouvernement dont il est membre. Le premier pilier de cette feuille de route stipule: l’approfondissement du dialogue démocratique. La plus large participation de tous à la gestion des affaires du pays doit être constamment recherchée. Les droits de l’opposition doivent être respectés. Les administrations doivent être impartiales. La justice doit faire respecter les règles de l’Etat de droit. Serait-il contre le chef de l’état ? Je crois que cette réaction est tout simplement l’expression d’une colère face à une situation ponctuelle. Un dialogue s’impose, si nous ne voulons pas organiser une élection au rabais comparativement à 2007.

Q: Quel appel avez-vous à l’endroit de la classe politique, notamment du CST et de la Coalition?

R: Nous appelons tous les acteurs à la retenue. Quelle que soit la situation qui prévaut, préservons surtout les biens publiques. Les leaders doivent arrêter d’utiliser la jeunesse pour réaliser leur ambition personnelle. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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