Affaire/ »Escroquerie internationale »: Interview exclusive de Pascal Bodjona, l’ancien ministre de l’administration territoriale remis en liberté provisoire ce mardi

L’ex-ministre de l’administration territoriale Pascal Bodjona incarcéré dans l’affaire d’escroquerie internationale, a été remis en « liberté provisoire » mardi soir, suite à une demande introduite par ce dernier auprès du juge d’instruction par le biais de ses avocats, selon un communiqué du Procureur de la république Essolissam Poyodi.

Arrêté le 1er septembre, M.Bodjona a été inculpé le 12 septembre pour « complicité d’escroquerie » dans une affaire qui oppose Bertin Sow Agba à l’Emirati Abass Al Youssef.

Ce dernier avait porté plainte contre M. Agba, l’accusant d’avoir mis en place un réseau pour lui soutirer la somme de 48 millions de dollars US. Selon lui, les membres de ce réseau lui aurait fait miroiter l’accès au Togo à une fortune estimée à 275 millions de dollars US (environ 145 milliards de F.CFA) du feu président ivoirien Robert Guéi, déposée à la Banque centrale du Togo. Les avocats de M.Bodjona sont montés au créneau à plusieurs reprises pour dénoncer le caractère « politique » de ce dossier.

Quelques minutes après sa libération, M.Bodjona a été approché par l’Agence Savoir News. Lisez plutôt.

Savoir News : Quelles sont vos impressions après votre libération?

Pascal Bodjona <

/strong>erci. Mes premières impressions vont à cette admiration permanente que je dois à mon épouse courageuse et digne, à mes enfants, à mes parents, mes amis et à tous les journalistes. Je vous remercie pour tout votre combat. Je pense que l’affaire Bodjona a révélé en vous – je ne dirai pas des juristes de circonstances – de vrais juristes désormais maîtrisant la procédure et le fond du dossier. Je vous dis merci pour votre soutien. Je remercie l’ensemble des togolais, les hommes politiques, la société civile et toutes les confessions religieuses.

Pour tous les togolais qui se sont levés dans leurs prières pour que justice soit faite, les mots me manquent en cette circonstance pour leur dire ma gratitude.

A toute la classe politique togolaise, à tous ceux qui légitimement, pouvaient ne rien à voir à se soulever contre cette injustice et qui se sont dits: bien qu’il fut notre adversaire politique, nous n’allons pas nous taire, je leur dit aussi merci. A mes amis politiques d’hier, à mes frères, je leur dis merci et je pardonne à tous ceux qui maladroitement ont pensé initier- je dis bien maladroitement – cette procédure cousue de fil blanc contre moi. Je ne leur souhaite pas cette privation, cette épreuve. Que Dieu aie pitié d’eux.

Savoir News : Savez-vous finalement les raisons qui ont motivé le doyen des juges à décider de vous mettre en liberté provisoire ?

Pascal Bodjona <

/strong>e n’ai pas été écouté par le doyen des juges. Le juge qui a le dossier depuis plus de deux ans, c’est le juge chargé du 4e cabinet. Je crois bien que, je l’ai dit et je le répète: Bodjona n’a jamais été dans la dynamique d’une justice de miséricorde, d’une justice pour service rendu. Mais, je demandais seulement une justice de raison. Je pense que la raison semble revenir.

Savoir News : Avez-vous l’impression qu’il s’agit d’une affaire politique ?

Pascal Bodjona ’est à vous de déduire. Je ne sais pas ce que j’ai fait. Il faut faire la différence entre un témoin simple ou un témoin assisté comme en France et un témoin sous la foi du serment. Quand on prête serment, cela veut dire que le juge qui a le dossier sait qu’il n’y a aucun indice contre vous. Il a ouvert l’information et on m’a écouté sous la foi du serment. Et par une procédure bancale, acrobatique, scandaleuse, atypique et illégale de tout point de vue, on me détient, on m’arrête de façon acrobatique.

Je pense qu’il n’y a pas à se dire quoi que ce soit. Bodjona veut que la procédure suive son cours. Je suis là, je ne me souscris jamais à la justice. Mais, j’estime que je ne sais pas de quoi il s’agit. Vous êtes des journalistes analystes des faits. Il appartient aux esprits avisés que vous êtes, d’en tirer les conclusions.

Savoir News : Le ministre est libéré en plein préparatif d’élections législatives. Allez-vous rejoindre votre formation politique ?

Pascal Bodjona ais permettez-moi après huit mois de privation de liberté, de donner la chaleur à mon épouse, à ma famille, à mes amis que vous êtes. Vous ne voulez pas de ma chaleur ? Je ne vous ai pas manqués?

Savoir News : Le climat politique est morose. Quelle contribution pensez-vous apporter pour une décrispation de la situation?

Pascal Bodjona e crois bien qu’il ne me paraît pas inutile de vous rappeler les grandes responsabilités que j’ai eu à assumer. Premier directeur du cabinet du président de la République, ce n’était pas donner à qui que ce soit. Ministre d’Etat, ministre de X ou de Y, j’ai apporté ma petite contribution lorsque j’étais à ces fonctions dans le cadre du règlement de certaines difficultés d’ordre politique, syndical et sportif. Après plus de sept mois de détention, je reste toujours fidèle et je crois bien que le président restera toujours attaché à cette vertu de dialogue et qu’il s’élèvera pour que, toutes les voies du dialogue puissent permettre d’apaiser ce pays. Les conseillers ne sont pas les bons maîtres. FIN

En Photo: Pascal Bodjona à son domicile ce 09 Avril 2013

Propos recueillis par Lambert ATISSO

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