Nicodème Habia: « L’UFC est plus forte qu’avant, et les prochaines élections vous le démonteront »

Député de l’Union des Forces de Changement, Nicodème Habia est l’un des proches de Gilchrist Olympio, le leader de ladite formation. Dans une discussion à bâtons rompus avec des journalistes de l’Agence Savoir News, M.Habia aborde plusieurs sujets: la situation socio-économique du pays, l’accord de mai 2010 entre l’UFC et le RPT, les prochaines élections etc…Lisez plutôt.

Savoir News: Avez-vous l’impression que quelque chose a changé dans ce pays, depuis l’accord RPT-UFC de mai 2010?

Nicodème Habia:<

/strong> L’entrée de l’UFC au gouvernement a changé beaucoup de chose dans ce pays. Il est quand même grand temps que l’on fasse de distinction entre la politique, le développement et le social. J’espère que vous avez au moins des yeux pour voir toutes les réalisations faites sur le terrain depuis l’accord signé en 2010. D’aucuns peuvent dire que ce sont des projets déjà en préparation, mais c’est faux. Une seule chose a poussé l’UFC a signé cet accord et a participé au gouvernement: le bien-être des populations.

Savoir News: De manière concrète, qu’est-ce qui a vraiment changé?

Nicodème Habia: Beaucoup de choses: on peut noter des changements sur plusieurs plans: les droits de l’Homme, les infrastructures routières, des projets en faveur des jeunes etc…. Sur le plan des droits de l’Homme, il y a eu de changements et personne ne nous diras le contraire. En matière de liberté d’expression, des gens peuvent s’exprimer librement sur des antennes. Et certains profitent même de la situation pour en abuser. Sur le plan des infrastructures, beaucoup de routes ont été construites et c’est tout le monde qui fait le constat. Et nous connaissons tous l’importance des routes dans le développement socioéconomique d’une nation. Aujourd’hui, pour me rendre à Kévé, je fais au plus 30 minutes, parce que la route est bonne. Avant, je faisais près d’une heure.

Sur le plan économique, vous pouvez faire un petit tour au Port de Lomé avec la construction du 3e Quai. Avec toutes réalisations, je pense que c’est déjà un pas de franchi.

Si vous allez par exemple au Bénin (juste à côté de nous), c’est maintenant que les béninois bénéficient des premières actions posées sur le terrain par Nicéphore Soglo. C’est juste une manière de vous dire que les togolais peuvent encore beaucoup espérer les années à venir.

Savoir News: Beaucoup de jeunes sont aujourd’hui au chômage. Et pour se faufiler dans ce chômage, beaucoup se sont lancés dans le zémidjan.

Nicodème Habia: Avant d’embaucher un jeune, il faut créer une structure. Actuellement, beaucoup d’initiatives sont créées en faveur des jeunes. Nous savons que beaucoup restent encore à faire. Par exemple le 3e Quai en construction, ce sont des jeunes qui sont recrutés sur les chantiers, les routes qui sont également construites, ce sont des jeunes qui sont employés. L’Hôtel à cinq étoiles qui sera érigé et l’agrandissement de l’aéroport de Lomé, ce sont des jeunes qui travaillent sur ces chantiers.

Savoir News: Selon certains, l’UFC apparaît aujourd’hui comme une « béquille du pouvoir qui embastille sans scrupules les leaders de l’opposition démocratique ». Que répondez-vous à ceux-là?

Nicodème Habia: C’est l’avenir qui nous donnera raison.

Savoir News: Mais reconnaissez-vous au moins que le vécu quotidien des togolais n’a pas changé?

Nicodème Habia: Vous savez, nous avons vécu environ 40 ans de dictature et tout (tous) le sait que dans un régime dictatorial, c’est une minorité de la population qui s’arroge les ressources et les biens du pays. Ce qu’on a détruit pendant environ 40 ans, on ne peut le réparer en l’espace de 3 ou 5 ans. Il faut encore du temps pour que les togolais sentent les retombées des actions actuellement menées sur le terrain? Raison pour laquelle, je vous ai donné l’exemple du Bénin. Je suis sûr et certain que dans 2 ou 3 ans, beaucoup de togolais diront que Gilchrist Olympio a bien fait de signer l’accord de mai 2010 avec le RPT. Comme on le dit souvent chez nous: C’est l’endroit où est resté pour pleurer, c’est à ce même endroit qu’on reste pour rire. Aujourd’hui, certains ne voient pas encore l’importance de l’acte posé par Gilchrist Olympio; je suis sûr qu’ils lui donneront raison demain.

Savoir News: D’aucuns estiment qu’il a trahi le « peuple » dans le combat entamé depuis des dizaines d’années

Nicodème Habia: Vous savez, c’est à vous les professionnels des médias d’éduquer la population. J’espère que vous avez lu, les documents sur Nelson Mandela. Ce dernier a souffert plus que Gilchrist Olumpio, malgré cela, il a décidé de faire table rase du passé. Mandela avait été traité de tous les mots, mais aujourd’hui, c’est l’homme le plus aimé des Sud-africains, le chouchou des africains etc… Certains disent qu’on ne peut pas comparer Gilchrist Olympio à Nelson Mandela, c’est un faux débat. Vous imaginez, celui qui a passé tout son temps en exil, avant de revenir dans ce pays. Reconnaissons que tout le monde ne peut pas aujourd’hui, poser son acte. Laissons l’hypocrisie de côté et disons-nous la vérité. Gilchrist Olympio est plein d’expérience.

Savoir News: Comment observez-vous, vos amis d’hier (les membres de l’ANC)?

Nicodème Habia: Je n’aime pas parler des autres personnes. Chacun est dans son rôle. Je laisse mes amis d’hier dans leur rôle. Moi, je ne peux jamais laisser mon père pour suivre mon oncle.

Savoir News: Les élections législatives et locales sont pour bientôt. Comment se préparent l’UFC?

Nicodème Habia: Nous préparons les élections depuis les législatives de 2007. C’est pour vous dire que nous sommes prêts à tout moment.

Savoir News: N’avez-vous pas l’impression que la crise qui a secoué l’UFC l’a affaiblie?

Nicodème Habia: Je connais très bien l’UFC pour avoir été président de la jeunesse du parti pendant longtemps. J’ai été en exil et j’ai connu la prison plusieurs fois. Laissez-moi plutôt vous dire que l’UFC est plus forte qu’avant, et les prochaines élections vous le démonteront.

Savoir News: N’avez-vous pas peur de l’ANC?

Nicodème Habia: Notre adversaire, c’est plutôt l’UNIR. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL et Lambert ATISSO

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