Aujourd’hui, à l’occasion du 10e anniversaire de la Journée Internationale de la Tolérance Zéro face aux Mutilations Génitales Féminines (MGF), le gouvernement des Etats-Unis exprime sa solidarité avec les quatre premières dames africaines qui ont été les premières à déclarer ce jour le 6 février 2003, et avec les gens partout dans le monde et ici au Togo, qui travaillent à la fin des MGF.
Les MGF consistent en l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme. La pratique est souvent réalisée par des praticiens non formés, sans anesthésie, et utilise des instruments tels que le verre cassé, des couvercles de boîtes, des ciseaux, ou encore des rasoirs non stérilisés. En plus de causer une douleur intense et un traumatisme psychologique, la pratique comporte des risques de santé graves à court terme et à long terme, y compris des hémorragies, des infections, une augmentation de la transmission du VIH, des complications à la naissance, et même la mort. Dans les endroits où les MGF sont les plus répandues, elles sont acceptées comme un rite de passage, plutôt que comme pratiques traditionnelles néfastes et de violation des droits humains.
Comme l’ancienne Secrétaire d’Etat Clinton l’a fait remarquer, «nous ne pouvons excuser cela comme une tradition culturelle … On ne peut pas l’excuser comme une affaire privée, car elle a de très larges implications publiques … Et tandis que nous pensons aux droits des jeunes filles à être libres de toute violence physique et mentale, nous pouvons comprendre pourquoi il s’agit d’une question importante qui mérite l’attention du Congrès des États-Unis et des dirigeants à travers le monde. »
On estime que 100 à 140 millions de femmes à travers le monde ont subi des MGF. Ici au Togo, le pourcentage est estimé à moins de 7%. Mettre fin à cette pratique nécessite un engagement politique de haut niveau ainsi que des approches communautaires et des solutions. En Décembre 2012, l’Assemblée Générale de l’ONU pour la première fois, a adopté une résolution invitant les pays à redoubler d’efforts pour éliminer les MGF. Cette résolution a été parrainée par les 2/3 des états membres, y compris les USA, et a été soutenue par le Groupe des États d’Afrique, un signe de la volonté de s’attaquer à ce problème dans la région.
La pratique des MGF est le plus souvent associée à l’Afrique subsaharienne en raison des taux élevés de prévalence dans la région. Les MGF cependant, constituent également un problème à l’extérieur de l’Afrique. Il existe des preuves de la pratique dans un certain nombre d’autres pays dont on ne parle pas souvent: c’est le cas dans des pays du Moyen-Orient comme l’Irak, Oman, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, des pays asiatiques comme l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, et parmi la communauté musulmane des Bohra en Inde et au Pakistan, ainsi que parmi certains groupes ethniques ou autochtones dans des pays comme la Colombie.
Les pays qui ont fait des progrès considérables pour abolir la pratique – comme le Sénégal et le Burkina Faso – sont des modèles, en grande partie grâce au leadership des communautés locales, qui ont accepté l’abandon d’attitudes profondément ancrées, des normes et des pratiques qui sous-tendent les MGF.
Ici au Togo, les chefs traditionnels ont fait des efforts pour éradiquer la pratique. Souvent, ce succès est réalisé en partenariat avec les leaders traditionnels et des ONG communautaires qui aident à développer des solutions locales. Mais ce n’est pas seulement un problème local ; nous devons tous rester vigilants à la possibilité que les femmes et les filles qui sont vulnérables aux MGF vivent dans d’autres pays à travers le monde. Ces dernières années, il y a eu un nombre alarmant de cas parmi les communautés de la Diaspora en Europe, en Australie, et même aux États-Unis, où des familles envoient leurs enfants dans leur pays d’origine pour se faire exciser.
Le gouvernement américain soutient les femmes et les hommes du monde entier qui dénoncent cette pratique flagrante et agissent pour l’abolir. Nous avons fait d’énormes progrès au cours de la dernière décennie, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous devons tous travailler ensemble – hommes, femmes, grand-pères, grands-mères, leaders communautaires et religieux, gouvernements, société civile et organisations multilatérales – pour renverser des pratiques sociales profondément enracinées, qui nuisent non seulement aux femmes et aux filles, mais aussi à nos familles, nos communautés et nos nations.
Opinion de Robert Whitehead, Ambassadeur des Etats-Unis au Togo
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