Viviane Chaumat, l’artiste-sculptrice centrafricaine à la Foire internationale de Lomé

En déambulant parmi les stands de la 10ème édition de la foire de Lomé, la gente féminine a l’embarras de choix pour se parer de bijoux. Difficile de compter les exposants qui arborent des bracelets, colliers, bagues et boucles d’oreilles plus colorés et étincelants les uns que les autres. Les femmes, on tendance à craquer pour des babioles clinquantes, pourvues qu’elles rehaussent leur beauté et surtout qu’elles soient au meilleur prix.

Pourtant, il y a bien un stand qui mériterait une attention toute particulière : celui de Centrafrique tenu par Mme Viviane Chaumat, artiste-sculptrice. L’étalage de ses bijoux attire le regard, inexorablement. Un véritable travail d’orfèvre s’offre aux visiteurs : des bracelets, des bagues, des colliers sculptés qui forcent une certaine admiration.

Un éventail de couleurs : beige, nacre, blanc pur ou tacheté, du noir etc… Une finesse dans les motifs sculptés où l’artiste délivre avec goût, une touche féminine.

Au total 6 employés travaillent dans son atelier. Vivianne défend âprement la cause animale. Toutes les matières utilisées pour ces bijoux n’ont causé aucun tort à dame nature.

« Pour réaliser les bijoux, j’utilise uniquement de la corne de buffle que des enfants du village ramassent, et je les paie. L’ivoire n’est plus permis , car la chasse des éléphants est interdite », a-t-elle souligné.

Il s’agit du pur recyclage, de l’art, tout en préservant la nature. Un concept intelligent qui est une habitude chez cette artiste : « J’ai commencé à sculpter le bois, je faisais du petit mobilier en bois de teck (bois rouge précieux) uniquement récupéré ».

Si son stand ne présente que les bijoux en corne, c’est en partie parce que le mobilier en bois reste trop lourd et encombrant à transporter mais surtout parce qu’elle est « tombée amoureuse de la corne », comme elle le confesse si poétiquement elle-même. Comparant les nuances de la corne à des tableaux, elle ne se lasse pas de la redéfinir en divers modèles. Son inspiration, elle la pioche soit dans son quotidien, soit dans ses rêves.

Un rêve qu’elle a accompli car elle a toujours voulu travailler dans l’art. Comptable de profession, elle a pris sa « revanche sur la vie » comme elle l’appuie, en faisant maintenant ce qu’elle aime.

Parler de reconversion serait inapproprié, car artiste, elle a commencé toute petite : « Quand j’étais toute petite, je m’amusais dans les ateliers d’art du Tchad (son pays natal) « .

« C’était très mal vu à l’époque pour les filles. On orientait les filles notamment vers la couture », raconte Viviane Chaumat.

Le destin aura mis son grain de sel. C’est dans les années 80 que sa vie prend son tournant. Alors à Paris, elle entame une formation éclaire, dans l’école Boulle spécialisée dans l’art et le design. Le reste, elle apprendra sur le tas.

A 60 ans, Viviane rayonne et paraît encore jeune. C’est peut-être parce qu’elle fait ce qu’elle aime. L’art est son exutoire. Elle se donne 10 ans encore avant de raccrocher le tablier et espère que l’un de ses ouvriers va reprendre le flambeau. FIN

Johana Caruso (stagiaire)

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