« L’histoire contemporaine du Togo montre que les périodes électorales sont des moments d’hypertrophie des tensions ethniques, des clivages politiciens, des crispations communautaires et des violations massives des droits de l’Homme. C’est pourquoi, il est important de rappeler les médias à leurs devoirs éthiques et déontologiques », avait déclaré en juillet dernier Maurille Agbokou, expert international en communication lors d’un atelier de formation des animateurs, producteurs et reporters des médias public et privé.
« Durant les périodes électorales, les médias doivent diffuser des informations crédibles, sûres, impartiales et socialement utiles », avait-il souligné.
Le Togo a été secoué par une série de violences électorales, suivies de vagues de violations des droits de l’Homme, notamment lors de la présidentielle de 2005.
Selon le rapport d’une commission d’enquête de l’ONU, entre 400 et 500 personnes ont été tuées. L’opposition a plutôt dressé un tableau sombre, faisant état de 811 morts.
Certains observateurs ont pointé du doigt les médias, dénonçant surtout le caractère partial dans le traitement des informations.
Les médias et leur rôle en période électorale
Les médias sont des institutions ou des moyens impersonnels permettant des diffusions larges et collectives d’informations ou d’opinions, quel qu’en soit le support. Ils ont pour fonctions sociales d’informer, d’éduquer et de distraire: la télévision, la radio, la presse écrite (journaux, magazines, bandes dessinées, les affichages) et la presse en ligne (sites internet).
Les médias ont pour rôle notamment d’informer les masses populaires sur les droits et devoirs des citoyens, de former l’opinion publique sur les enjeux et défis de l’heure et de cultiver le pluralisme politique par la promotion des opinions et débats contradictoires.
Ils doivent également promouvoir les principes d’égalité et non de discrimination fondée sur le sexe, les opinions politiques et l’ethnie et surtout respecter les choix et les attentes des citoyens par leur neutralité.
Selon Alain Vignon Ahossi, expert électoral de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les médias sont « le moyen le plus efficace pour informer le peuple sur les élections et les choix politiques ».
« Ils ont besoin d’être libres, afin de réaliser objectivement des reportages consacrés aux campagnes électorales de chaque parti politique, car ils permettent aux électeurs de discerner les différences entre chaque parti. Les médias doivent aussi fournir aux électeurs les mêmes informations sur le processus électoral », a-t-il souligné.
« Les médias doivent par ailleurs s’interroger sur la transparence des élections et informer librement les électeurs des éventuels dysfonctionnements afin d’y remédier rapidement », a-t-il précisé.
Pour Emile Kouton, correspondant de l’Agence France Presse (AFP) au Togo, « le rôle le plus important des médias est d’informer les électeurs des choix qu’ils ont à leur disposition ».
« Les médias doivent donner plus d’informations aux électeurs sur les dirigeants des partis, sur leurs programmes politiques et sur leurs passés », a-t-il indiqué.
Relation étroite entre médias libres et démocratie
L’une exige l’autre. Une presse libre assurera une élection équitable et démocratique.
« La liberté signifie que les citoyens peuvent s’exprimer. La démocratie signifie que le gouvernement est à l’écoute des citoyens et les médias sont les messagers », a expliqué M. Ahossi.
Selon l’ancien président américain, Abraham Lincoln, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
La démocratie est le régime politique dans lequel le peuple est souverain. Elle repose sur la volonté librement exprimée des peuples et est en corrélation étroite avec l’état de droit et l’exercice des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Le lien entre la démocratie et les droits de l’homme est consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Les droits de l’Homme sont des garanties juridiques universelles, inhérentes aux individus et, dans une certaine mesure aux groupes.
Les droits de l’homme protègent les valeurs humaines que sont la liberté, l’égalité et la dignité. Selon l’article 1er de la déclaration universelle des droits de l’Homme, « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit (…) ». Les droits sont reflétés dans les normes internationales et engagent légalement les Etats dans la protection, le respect et la réalisation des droits de l’Homme.
Elections et Droits de l’Homme
Une élection est une délégation de souveraineté. La possibilité pour les citoyens de pouvoir régulièrement exprimer leur mécontentement ou, au contraire de donner un nouveau mandat au pouvoir sortant, évite que les désaccords politiques majeurs ne débouchent sur des manifestations de rue des violences.
Selon les dispositions de l’article 25 du pacte international relatif aux droits civile et politique, « tout citoyen a le droit et la possibilité, sans aucune discrimination et sans restriction déraisonnable : (i) de voter et d’être élu au cours d’élections périodiques, honnêtes (…), (ii) de prendre part à la direction des affaires publiques, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis, (iii) d’accéder, dans les conditions générales d’égalité, aux fonctions publiques de son pays » .
En conclusion : Pas de développement sans démocratie, pas de démocratie sans élections et pas d’élection sans droits de l’Homme.
Les élections mettent en place les institutions républicaines ; et les institutions régulièrement mises en place, favorisent la promotion et le respect des droits de l’Homme./.
Ambroisine MEMEDE A.