Une cinquantaine de journalistes et acteurs de la société civile en conclave de deux jours à Lomé sur le rapport et les recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) en vue de sa vulgarisation, une initiative du bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH-Togo) en collaboration avec le gouvernement et ladite commission, a constaté l’Agence Savoir News.
Une journaliste de l’Agence Savoir News participe également à cette formation qui se déroule dans la grande salle de conférence de la SAZOF.
Les travaux ont été ouverts par le secrétaire général du ministère des droits de l’Homme en présence de Mme Olatokunbo IGE, la représentante du bureau du HCDH-Togo et Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, président de la CVJR.
Cette formation permettra aux participants d’assurer à leur tour, une large diffusion du rapport et des recommandations de la CVJR. Après Lomé, cette formation se déroulera également à Kpalimé et à Kara, villes situées respectivement à 120 et 420 km au nord de Lomé.
Au total 150 membres de la société civile et des médias seront formés sur l’ensemble du pays sur le rapport et les recommandations de la CVJR, ainsi que sur leurs contributions pour le suivi des travaux de la CVJR.
Selon la représentante du bureau du HCDH-Togo, cette série de formations est destinée à contribuer à la réconciliation nationale à travers la vulgarisation, le suivi et la mise œuvre des recommandations et du programme de réparation proposé par la CVJR.
Cette formation s’inscrit donc dans un processus qui a déjà commencé et dont la poursuite « doit nous permettre de nous doter de stratégies et des outils renouvelés, face aux enjeux du passé douloureux qui pèse lourdement sur le présent, mais qui doit subir de transformation avec la mise en œuvre des recommandations de la CVJR », a souligné Mme Olatokunbo IGE.
« Notre désir en initiant cette formation est de permettre à tous les acteurs, notamment les membres des organisations de la société civile, des médias et des confessions religieuses de s’imprégner du contenu du rapport et des recommandations de la commission, de se l’approprier, et de le vulgariser auprès des populations, particulièrement, à l’endroit des victimes », a-t-elle précisé.
« Je voudrais compter sur vous une fois de plus pour que le résultat du travail de la CVJR soit connu de l’ensemble des togolais. Vos actions devront toucher toutes les catégories de la vie sociale, notamment les femmes, les veuves, les orphelins, les politiciens, les leaders d’opinion, les habitants des zones géographiques affectées, les chefs traditionnels etc… Les stratégies de vulgarisation que vous allez adopter devraient prendre en compte, toutes ces considérations et devraient s’effectuer dans les langues nationales officielles, mais également dans celles parlées et comprises de vos concitoyens », a ajouté la représentante du bureau du HCDH-Togo, mettant un accent particulier sur le rôle des médias « très déterminant » dans cette campagne de vulgarisation.
« La CVJR a fait sa part, le bâton est maintenant à nous. Je vous invite à faire votre part », a lancé aux participants Mme Olatokunbo IGE avant d’inviter le gouvernement à mettre « rapidement » en place, l’organe de pilotage et de suivi des résultats et conclusions de la CVJR.
« Comment les travaux de la CVJR pourraient-ils avoir une suite significative et un impact palpable dans la vie sociopolitique de notre pays, s’ils ne sont pas connus et suffisamment diffusés? Comment les changements escomptés pourront-ils se produire tant que les acteurs ne se seront pas approprié les résultats de nos efforts laborieux et les recommandations formulées avec beaucoup de réalisme? Comment les travaux de la Commission pourront-ils produire des résultats, s’ils ne sont pas utilisés, s’ils ne sont pas mis en œuvre avec patience, courage et honnêteté? », s’est pour sa part, longuement interrogé Mgr Nicodème Barrigah-Benissan.
Consciente de la nécessité d’une telle appropriation par tous les acteurs (gouvernement, partis politiques, société civile, professionnels des médias etc…), la CVJR avait inscrit dans son agenda, un projet de sensibilisation et de diffusion de son rapport.
« Cette activité n’a pas pu malheureusement se réaliser, par manque de temps et de coordination avec les partenaires. Nous saluons donc avec beaucoup d’espoir, cette heureuse initiative prise par le HCDH-Togo et à laquelle nous sommes associés », a-t-il indiqué.
Plusieurs thèmes seront développés durant cette formations dont: « le rôle des organisations de la société civile et des médias dans la diffusion des recommandations, « radioscopie du programme de réparation », « l’explication thématique des recommandations relatives à l’organisation de la société » et « CVJR-Gouvernement: bilan et perspectives de la mise en œuvre des recommandations ».
Rappelons que la CVJR a remis le 3 avril dernier au chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, son rapport. Cette Commission installée le 29 mai 2009, émane d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels.
Elle a pour mission de déterminer – à travers un rapport circonstancié et détaillé – les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005 et de proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la réconciliation.
Après la remise officielle de son rapport, la CVJR a poursuivi son travail au sein d’un « comité de clôture des activités », institué par décret présidentiel.
Cette Commission avait, durant sa mission enregistré 22.415 dépositions. Sur un total de 8.080 dossiers présélectionnés, la Commission a pu auditionner 425 en séances publiques, 30 en séances in camera, 50 en privé, 5 en Vidéoconférence et 13 en audiences spéciales.
Le Togo a été secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels. FIN
Junior AUREL / Johana Caruso (stagiaire)/Ambroisine MEMEDE
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