Au cœur des vendeurs de chaussures d’occasion au marché de Hedzranawoé (MINI-REPORTAGE)

Dans la capitale togolaise, on peut trouver chaussure à son pied dans presque n’importe quelle ruelle. La ville regorge d’un nombre incalculable de vendeur de chaussures ambulants. N’importe qui peut trouver son bonheur pour quelques francs CFA entre godillots, sandalettes de cuir, escarpins d’un soir ou tennis pour le sport. Tout le monde trouve son compte, sauf les marchands eux même. Et justement au marché d’Hedzranawoé, ils sont légions. Quelques centaines de vendeurs exposent un pêle-mêle de chaussures de toutes sortes. Les clients, et surtout les clientes, car on sait surtout les femmes férues de chaussures, ne se pressent pas pour acheter.

On farfouille de partout, car on sait qu’on a le choix. Pour ces vendeurs de chaussures d’occasion, la journée est donc longue et pas toujours lucrative.

Azimaouto, 27 ans, vendeuse de chaussures depuis 3 ans soupire que si elle arrive à vendre 3 paires dans la journée, c’est déjà bien. Son métier, elle ose le dire, elle n’arrive pas en vivre.

« Je gagne pas plus de 9.000 F CFA par mois », déplore-t-elle. Son entreprise est familiale, les chaussures viennent de sa sœur qu’elle revend sur le marché.

Le bénéfice qu’Azimaouto réalise est bien maigre. Sur une paire vendue à 1500 F.CFA, elle récupère 200 F CFA. Elle aime toutefois son métier et ne se voit pas en faire un autre. Sa famille la soutient et prie chaque jour pour que les affaires marchent.

Ces journées de travail commencent à 7 h le matin pour ne s’achever qu’entre 18 et 19 h le soir.

Les jours de marché (le lundi et le jeudi), elle est déjà au travail à 5 h du matin. C’est que la concurrence est rude et le client rare. Le choix de venir s’installer au marché d’Hedzranawoé revient tout simplement au manque de moyens et de temps, son logement est juste à côté.

Parce que si le marché offre la possibilité de s’offrir à un plus grand nombre de clients, il possède le défaut qui fait mal au porte-monnaie : la taxe. Elle monte de 150 à 200 F CFA par jour. Cela peut paraître dérisoire, mais quand on est tous les jours sur le marché, cela représente une somme.

Même son de cloche pour Delta, 28 ans, autre vendeur de chaussures d’occasions présent sur le marché. Les taxes cassent son « business ». Car c’est bien pour ça qu’il est rentré dans ce métier, « pour faire du bizness », affirme-t-il avec un large sourire aux lèvres. Même si gagner son pain de jour est dur, Delta se débrouille. Il détient un secret comme il dit.

« Ça coule +kaba, kaba+ (signifie +vite, vite en la,gue mina) », me lance-t-il avec une lueur malingre dans les yeux. Avec ses lunettes à l’américaine et son gilet en fourrure, on sent qu’il sait attirer la clientèle avec sa bonne humeur.

Son commerce à lui, ne vient de la famille mais de partout dans le monde notamment des Etats-Unis, de l’Europe et de la Chine. Ces chaussures d’occasion arrivent au port par centaines, stockées dans des containers. Ils sont un groupe de quatre vendeurs à se les partager.

Une manière intelligente aussi d’amortir le coût des taxes en les divisant. Elles restent encore trop chères selon Delta qui ne peut s’empêcher de fulminer après le prix exorbitant de celles-ci.

« 3000 F CFA, c’est du vol » dénonce-t-il. Cela ne l’empêche pas de garder le sourire et d’aimer son métier. Cela fait 7 ans qu’il exerce, pourquoi il en changerait ? FIN

Johana Caruso (stagiaire)

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