La Coalition « Arc-en-ciel » est secouée depuis quelques jours par une petite brouille, l’un de ses membres ayant suspendu sa participation à ce regroupement de six partis politiques de l’opposition. Pour sa rubrique « TROIS QUESTIONS A », l’Agence Savoir s’est rapprochée de Me Dodji Apévon, coordinateur de cette coalition qui a donné sa version des faits. Il est également revenu sur les dernières manifestations du Collectif « Sauvons le Togo » et l’interprétation de l’article 150 de la constitution.
Savoir News : Comment se porte aujourd’hui la coalition « Arc-en-ciel » ?
Me Dodji Apévon :<
/strong> La coalition « Arc-en-ciel » se porte très bien malgré quelques incompréhensions avec le NETSavoir News : Il y a une petite brouille depuis quelques jours au sein de la coalition, suite à l’appel de soutien aux manifestations du Collectif « Sauvons le Togo » (CST). Le NET, membre de la coalition Arc-en-ciel a suspendu sa participation, estimant que la décision n’avait pas fait objet de consensus au sein du groupe. Que répondez-vous ?
Me Dodji Apévon Je voudrais rappeler qu’avant la création de notre coalition, l’une des questions fondamentales était le rapport que la coalition allait avoir avec le collectif « Sauvons le Togo ». Et à l’issue des discussions, nous avons été tous unanimes pour reconnaître que notre coalition n’est pas créée pour être un contre poids du CST. C’est pour cette raison que nous avons mis dans notre document fondateur que la coalition va travailler avec le CST en vue de l’obtention des conditions pour l’avènement de l’alternance dans notre pays. A la veille de l’officialisation de notre coalition, nous avons décidé de rencontrer le bureau du CST, nous leur avons donné cette garantie que notre coalition n’est pas créée pour leur mettre les bâtons dans les roues, mais travailler en collaboration avec eux. A cette rencontre, tous les premiers responsables des partis politiques composant la coalition étaient présents, y compris le NET. Après la naissance de notre coalition, la première activité majeure du CST était les marches de protestations des 21 22 et 23 août dernier. Nous avons donc discuté à l’une de nos réunions du comportement que la coalition allait avoir vis-à-vis de ces manifestations. A l’unanimité, nous avons décidé d’appeler nos militants à soutenir le CST. C’est le crime de lèse-majesté qu’on aurait commis selon notre ami du NET qui n’était pas présent à la réunion, mais qui a envoyé deux de ses collaborateurs, membres influents de son bureau politique et qui ont l’habitude de venir avec lui à nos réunions. Ce qui est assez curieux, c’est qu’après avoir sorti un communiqué pour nous désavouer et nous présenter comme des manipulateurs, que Monsieur Gerry Taama est venu à la réunion après les manifestations du CST. Et au cours de nos discussions, il a reconnu devant nous tous que ses collaborateurs n’ont, à aucun moment émis de réserves contre la décision du soutien de la marche du CST. Nous ne comprenons donc pas cette guéguerre qu’il a déclenchée contre la coalition et en tentant en vain de rallier certains partis de la coalition à sa cause.
Savoir News : Le CST a appelé les populations à la désobéissance civique, évoquant l’article 150 de la constitution togolaise. Vous êtes juriste, on ne vous a pas entendu sur ce sujet. Quelle appréciation faites-vous de cet appel ? Pensez-vous que l’esprit et la lettre de l’article 150 est respectée ?
Maître Dodji Apévon: Je tiens à préciser d’abord que la coalition « Arc-en-ciel » n’a pas été consultée par le CST avant la prise de cette décision. Pour mieux répondre à votre question, je ne vais pas trop faire du juridisme, mais je placerai le problème sur le plan politique. En effet, les contestations du CST visent à assainir le climat socioéconomique et politique dans notre pays. Et l’un des désirs ardents des populations togolaises, c’est l’avènement de l’alternance. Sur ce denier point, nous avions été les premiers à dire très tôt au chef de l’Etat d’ouvrir l’horizon et d’apaiser les tensions en réglant très tôt le problème de la limitation de mandat. C’était déjà en mars 2011 et nous lui avons remis un document écrit à ce sujet. Je lui ai répété la même chose au moment où il a consulté notre parti le CAR pour la formation d’un nouveau gouvernement après la démission du Premier ministre Houngbo. Nous lui avons précisé que le problème le plus urgent pour notre pays, c’est la réalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles préconisées par l’APG. Mais nous avons l’impression que jusqu’à ce jour, il n’a pas pris conscience de la gravité de la situation que le pays vit actuellement. La manière dont les manifestations du CST ont été réprimées à amené les responsables à prendre cette décision de désobéissance civique et à ne plus vouloir dialoguer avec le pouvoir. Mais si le pouvoir prend conscience de la gravité de la situation et pose les actes d’apaisement nécessaires, je pense que le CST révisera sa position pour permettre au pays de sortir du tunnel. Quand on reprend l’article 150 de notre constitution, la décision du CST sur le plan purement juridique peut poser quelques petits problèmes. En effet, l’article précise qu’en cas de coup d’Etat ou de coup de force quelconque, c’est tout membre du gouvernement ou de l’Assemblée nationale qui a le droit et le devoir de faire appel aux citoyens pour rétablir la légalité constitutionnelle. Le CST justifie sa décision par le fait que le gouvernement actuel fait des coups de forces permanents, ce qui est vrai. Mais la question est de savoir si dans ce cas, tout individu peut appeler à la désobéissance civique. Ce n’est pas ce que dit le texte. Toutefois, sur le plan politique, ils ont raison de crier leur ras-le-bol face à un pouvoir fermé et qui croit que l’utilisation de la force est la solution.
Savoir News: Que faut-il aujourd’hui pour une sortie de crise ?
Me Dodji Apévon: Pour nous à la coalition, nous pensons qu’il appartient au chef de l’Etat de décrisper la situation en s’engageant formellement de ne plus être candidat en 2015 et en faisant en sorte que la disposition relative à la limitation de mandat telle que prévue par la constitution de 1992 devienne immédiatement applicable. Après le règlement de ce problème épineux qui tient à cœur à tous les Togolais, les discussions sur les autres points, notamment le mode de scrutin le code électoral, le découpage électoral et autres deviendront plus faciles. FIN
Propos recueillis par Nicolas KOFFIGAN
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