Les enfants sont en pleine vacances depuis quelques jours et c’est la période favorable pour les trafiquants d’enfants. Nous devons êtres vigilants, car ils sont à nos portes. Nous attirons surtout l’attention de nos parents ayant des proches qui vivent dans les milieux les plus reculés. Allons vers eux pour leur apporter le message. Ceux qui prennent leurs enfants en leur faisant des promesses mirobolantes sont encore là. Chers parents, réveillez-vous, le trafic des enfants a pris ces dernières années des dimensions très inquiétantes, notamment dans les zones rurales, malgré les multiples campagnes de sensibilisation et des comités de vigilance installés dans les villages.
Selon des statistiques, au moins 2.000 enfants victimes du trafic sont interceptés chaque année par des forces de sécurité aux différentes frontières du pays.
Connaissez-vous le mode opératoire des trafiquants? Ils passent par l’intermédiaire de certaines personnes que nous appelons des « passeurs » qui sont souvent des proches de la famille: cousins, oncles, tantes, neveux etc…. Ces passeurs promettent aux parents (souvent des parents démunis) que leurs enfants seront placés auprès de parents responsables qui leur donneront une bonne éducation. Et pour les flatter, ils leur remettent quelques billets de banques, entre 10 et 15.000 F.CFA. Mais attention! Ces enfants sont le plus souvent « vendus » à des trafiquants qui à leur tour, vont les céder à de grands exploitants agricoles au Nigeria, au Gabon, au Cameroun, en côte d’Ivoire etc…
« Nous devons faire extrêmement attention, car ma tante au village a été victime de ce mauvais jeu l’année dernière. C’est un ami qui l’a flouée et elle lui a confié deux enfants (une fille et un garçon). Cinq mois après, elle a appris que les enfants ont traversé les frontières et sont actuellement dans un village du Nigeria », raconte Yvonne, assistante de direction dans une société privée à Lomé.
« Il avait promis confier les enfants à deux de ses amis à Lomé qui travaillent dans la fonction publique. Et en partant, il avait remis 12.500 F.CFA à ma tante », ajoute-t-elle.
Joël, conducteur de taxi-moto a échappé de justesse en 2010 au piège d’un trafiquant qui n’est autre que son propre cousin: « c’est un cousin qui a voulu me faire le coup. Bien vrai les temps sont durs, mais il a voulu profiter de la situation pour me séparer de ma fille aînée qui a 12 ans ».
« Il m’avait dit que la secrétaire particulière de son patron n’a pas d’enfant et qu’elle souhaiterait avoir une fille auprès d’elle pour lui donner toute son affection. Mais j’ai été très attentif, car je me suis renseigné auprès d’un de ses collègues de service. Et c’est ce dernier qui m’a soufflé que mon cousin n’est plus à son poste. Il a été licencié depuis décembre 2009. En plus, aucune secrétaire n’était dans le besoin dans le service. Je ne l’ai plus revu. J’aurais appris qu’il serait au Burkina », a longuement expliqué Joël.
« Les forces de sécurité font leur travail, mais ce sont les parents qui doivent d’abord prendre leurs responsabilités, car la plupart sont complices. Les enfants ne sont ni des objets, ni des jouets », a-t-il souligné.
« L’Etat doit sévir pour décourager ces parents qui confient leurs enfants à ces gens-là. Les textes doivent être respectés, car les enfants ne sont pas des objets. Ils n’ont pas demandé à venir dans ce monde pour subir un tel sort », a pour sa part martelé Essé, responsable d’une Association de défense des droits des enfants.
« L’Etat doit encore faire plus, en mobilisant assez de ressources pour des campagnes des sensibilisation. Des comités de vigilance doivent être réactivés, car depuis quelques années, ces comités n’existent que de nom dans certains villages. Bref, nous devons nous mobiliser, car ces trafiquants sont toujours là et mènent tranquillement leurs +activités+ », a-t-elle précisé.
Rappelons que l’Assemblée nationale a adopté en mars 2005, une loi qui prévoit des peines d’emprisonnement de 2 à 10 ans à l’encontre des trafiquants. Et les premiers procès dans ce domaine se sont déroulés à Sokodé (environ 338 km au nord de Lomé) et à Kara (environ 420 km au nord de Lomé) où trois trafiquants ont été condamnés à des peines de 7 à 24 mois. FIN
Edem Etonam EKUE
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