Crise du système judiciaire, impunité et manque de garanties pour la prévention de la torture: tels sont les éléments de conclusions de Manfred Nowak – ancien Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la Torture – à la tête d’une équipe de l’Institut Boltzmann des Droits Humains à Vienne, dans le cadre du projet « Atlas de la Torture ».
L’équipe dirigée par M.Nowak a rendu public lors d’une conférence, les résultats des consultations menées ces deux dernières semaines au Togo. Elle a présenté une feuille de route sur la prévention de la torture et l’amélioration de la situation des lieux de privation de liberté au Togo.
Plusieurs personnalités dont Patrick Spirlet, le chef de la Délégation de l’Union européenne et Mme Rita Doris Wilson De Souza, ministre des Droits de l’Homme ont assisté à cette conférence.
Selon Manfred Nowak, 80% des détenus dans les prisons togolaises sont encore en attente de jugement, ce qui explique la forte surpopulation carcérale sur l’ensemble du pays.
« Une brève visite à la prison civile de Lomé, montre que cette surpopulation excessive a pour corollaire, le manque de nourriture, de médicaments et des conditions hygiéniques déplorables. 18 détenus de cette prison sont décédés depuis le 1er janvier 2012, une preuve supplémentaire que les conditions de détention sont une bombe à retardement qui peut mener une crise humanitaire. Il semble même que la situation des prisons du Togo se soit détériorée depuis 2007 », a-t-il indiqué.
Malgré les recommandations claires pour la prévention des droits humains, émises par le rapport spécial de 2007, aucun des auteurs de torture et de mauvais traitements n’a été traduit devant la justice, pour montrer l’engagement du gouvernement à lutter contre l’impunité totale.
Pour trouver une solution à ce problème, M.Nowak recommande la libération immédiate des détenus oubliés des prisons et la révision judiciaire urgente de tous les détenus en attente de jugement.
« Il est important de mettre en œuvre une réforme structurale radicale du système de justice pénale, pour faire en sorte que la détention avant le jugement constitue une mesure exceptionnelle et que les jugements soient rendus sans retard. Je pense qu’il est aussi nécessaire que les prisonniers puissent avoir accès aux soins médicaux, la mise en œuvre d’un système de vidange des fosses sceptiques, ainsi que la distribution de trois repas substantifs et variés par jour aux détenus» »a-t-il précisé, invitant les partenaires au développement à accompagner le Togo.
Rappelons que l’équipe « Atlas de torture » avait déjà effectué en 2007, une mission d’enquête au Togo. FIN
Nicolas KOFFIGAN
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