L’information c’est le pouvoir. Peu de gens peuvent gagner leur vie, exiger des comptes de leurs gouvernements, et éduquer leurs enfants sans une saine et libre circulation de l’information. Les citoyens ont besoin d’avoir confiance en une information précise et livrée en temps opportun. C’est l’information qui fait les affaires et les marchés. Et c’est ce qui fait les gouvernements.
La liberté des médias maintient les sociétés et les économies dynamiques, énergiques, et en bonne santé. Lorsque la libre circulation des nouvelles et de l’information est entravée, les individus souffrent. Les sociétés souffrent. Les économies souffrent.
Pourtant, au moment où les gens partout dans le monde célèbrent la Journée mondiale de la liberté de presse le 3 mai, avec Tunis choisie cette année par l’UNESCO pour abriter les manifestations officielles, les menaces contre les journalistes augmentent. Depuis décembre dernier, le Comité pour la Protection des Journalistes a compté 179 journalistes emprisonnés dans le monde. Et les journalistes continuent d’être menacés, attaqués, enlevés, ou assassinés pour avoir tenté de faire du reportage.
Au cours de l’année écoulée, le monde a assisté à la fois la promesse des gouvernements de favoriser une presse libre mais aussi à tous les périls. Dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des journalistes, des blogueurs, des cinéastes et des experts ont publié des chroniques des manifestations de protestation qui ont balayé la région, tandis que certains citoyens armés de rien d’autre que leurs téléphones cellulaires ont risqué leur vie pour télécharger la vérité – par des textes, des tweets, et des images.
En faisant cela, ils exerçaient une liberté fondamentale consacrée par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui stipule: «Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »
Pourtant, de trop nombreux gouvernements tentent de censurer les médias, directement ou indirectement. Trop de journalistes d’investigation sont réduits au silence, dont un grand nombre pour avoir exposé la corruption – à un niveau local, régional, national ou au niveau du gouvernement. Trop d’attaques et d’assassinats commis sur les journalistes restent impunis.
Le 27 avril, Noel Tadégnon, journaliste correspondant pour l’agence internationale REUTERS au Togo a été physiquement agressé et sa caméra confisquée alors qu’il couvrait une manifestation publique à Lomé. Et pourtant, il était en droit de couvrir les événements de ce jour, et c’était un devoir professionnel pour lui de couvrir tous les aspects de l’événement. Il est inacceptable qu’il ait été intimidé et qu’on ait porté atteinte à son intégrité physique dans l’exercice de son travail.
Lorsque des journalistes sont menacés, attaqués, voire emprisonnés ou enlevés, d’autres journalistes s’autocensurent. Ils cessent de faire du reportage. Ils édulcorent l’information. Ils omettent des détails. Les sources cessent de les aider. Leurs éditeurs hésitent à publier leurs articles. La peur remplace la vérité et c’est toute la société qui en souffre.
A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les Etats-Unis appellent tous les gouvernements à prendre les mesures nécessaires pour créer une atmosphère favorable aux journalistes indépendants pour qu’ils puissent y faire leur travail sans crainte de violence ou de persécution. Nous rendons un hommage spécial à tous ces journalistes courageux, mais aussi aux blogueurs, et aux citoyens, qui ont sacrifié leur vie, leur santé ou leur liberté, afin que d’autres puissent connaître la vérité. Et nous honorons le rôle des médias libres et indépendants dans l’avènement de démocraties durables et ouvertes, de sociétés en bonne santé. FIN
Simon Hankinson, Chargé d’Affaires des Etats-Unis au Togo (Une contribution la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai).
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