Le président de la Commission vérité, Justice et réconciliation (CVJR) Mgr Nicodème Barrigah-Benissan était face ce jeudi au siège de son Institution, aux professionnels des médias, rencontre au cours de laquelle le Prélat a dressé le « bilan de la phase opérationnelle des audiences publiques, à huis clos et en privé », menées du 6 septembre au 17 novembre dernier à Lomé (deux fois), Dapaong, Kara, Sokodé, Atakpamé, Tsévié, Aného, Kpalimé, a constaté une équipe de reportage de l’Agence Savoir News.
Au total 508 dossiers ont été examinés par la CVJR sur divers cas de violences et violations des droits humains de 1958 à 2005. Ces 508 dossiers ont été présentés pendant 424 audiences publiques, 28 à huis clos, 51 en privé et 5 en vidéoconférence.
« Comme je l’ai dit lors de l’une des étapes, les audiences exercent une fonction cathartique dans la mesure où elles peuvent nous libérer de nos angoisses et nous permettre de tourner la page du passé après les avoirs lues à travers la détresse de ceux qui acceptent de témoigner. En les tenant, notre objectif était surtout de contribuer à une prise de conscience nationale sur la question de l’impunité et sur la nécessité de bannir la violence des modes de règlement de nos différends », a souligné Mgr Barrigah-Benissan, avant de s’interroger: « Y avons-nous réussi? ».
« Il est encore trop tôt pour donner une réponse tranché. Toutefois, nous pouvons affirmer que grâce à la forte médiatisation, notamment des audiences publiques par le biais des mass média, nous en savons tous aujourd’hui un peu plus sur les épisodes violents qui ont jalonné notre histoire contemporaine », a-t-il indiqué.
Le Prélat a avoué que la Commission a « véritablement saisi l’ampleur des enjeux liés » à l’étape des audiences, « qu’au fur et à mesure de notre progression, en fonction des contextes, des lieux, des acteurs, mais aussi et surtout en relation avec les attentes fortes des Togolaises et Togolais ».
« Tout au long de ce parcours redoutable, complexe et exigeant, nombreuses sont les questions et les interpellations que vous nous avez adressées et qui traduisent les préoccupations et appréhensions face au processus initié. A l’heure du bilan, ces interrogations gardent toute leur pertinence », a précisé Mgr Barrigah-Benissan.
« Cependant, avec le recul, je crois que les uns et les autres reconnaissent aujourd’hui qu’il fallait donner la parole aux victimes et aux auteurs présumés, non pas seulement en raison des exigences liées au droit de savoir, mais aussi et surtout parce que les audiences ont une forte vertu pédagogique », a-t-il poursuivi.
Selon lui, la commission a essayé de donner la parole à tout le monde, sans distinction de régions ou d’ethnie: « La commission a tendu le micro à tout le monde en laissant à chacun, le soin devant la nation et devant sa conscience, de dire sa part de vérité ».
« La réconciliation commence toujours par le droit de savoir. Il faut toujours manifester la vérité des faits. Une réconciliation basée sur une amnistie imposée ou l’amnésie collective, est une réconciliation superficielle », a-t-il précisé.
La Commission est-elle satisfaite?
Pour Mgr Barrigah-Benissan, le bilan est plutôt « mitigé »: « Je dirai que pour les aspects positifs enregistrés, nous ressentons une certaine joie, mais pour ce qui, pour être amélioré ou peut-être les limites que nous avons constatées, nous sommes en train de réfléchir pour voir quels pas nous pouvons poser ou quelles nouvelles démarches nous pouvons entreprendre pour que le processus aille encore plus loin ».
La prochaine étape
La Commission entamera le programme de la réparation à partir de la semaine prochaine. « Nous avons une fois encore demandé, une prorogation de notre mandat, de manière à pouvoir présenter un rapport qui colle aux réalités et qui soit le reflet de ce que nous avons entendu et ce que nous avons lu dans les 20.011 dépositions. Selon Mgr Barrigah-Benissan, la CVJR a demandé une prorogation d’environ 3 mois.
Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation. Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Junior AUREL
Savoir News, le journalisme est notre métier
www.savoirnews.net, le meilleur site Internet de l’année 2011