Audiences publiques : 11 dossiers examinés pour la première journée à Atakpamé par la CVJR

Les audiences publiques et privées ont officiellement démarré ce vendredi à Atakpamé (environ 175 km au nord de Lomé) où 11 dossiers ont été examinés pour la première journée par la Commission Vérité , Justice et Réconciliation (CVJR), a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.

L’audience de ce vendredi a porté sur les violences électorales de 1958 à 1963 et les exactions des Ablodé sodja, et les violences sociopolitiques corrélatives à l’attentat de Soudou en mai 1992.

Des témoignages ont été écoutés sur les exactions commises à l’époque des faits entre 1958 et 1963 par les Ablodé Sodja, dans le cadre des affrontements entre militants politiques du CUT, du Parti du Progrès et de la Juvento.

Une autre victime a fait des témoignages relatifs aux tensions sociopolitiques consécutives à l’attentat de Soudou en mai 1992 contre le cortège de l’UFC et a rapporté les violences qu’elle a subies du fait de ses choix politiques et partisans.

Adissa Kodjo, directeur d’école retraité a été le premier à passer devant la CVJR , où il a raconté des exactions subies par son père. Selon lui, il a été persécuté durant les années 1958 et a finalement perdu la vie.

« C’était en juin 1958 lorsque les Ablodé Sodja sont venus chez mon père pour l’arrêter. Ces milices du CUT ont décoiffé notre maison et pillé les biens de mon père. Lorsque les milices saccageaient la maison où mon papa avait déjà fui, ma mère était obligée de négocier avec le responsable de ces milices et elle lui a remis 265 000 francs pour qu’ils cessent de piller la maison. Mais avant de se retirer, ils ont mis à feu le lit de mon père. Mais après, ils ont arrêté et tabassé sévèrement, un ami de mon père qui a fait 4 mois à l’hôpital. Ce dernier vit, mais il est devenu non voyant », a déclaré Adissa Kodjo.

Pio Tegnama Goergette, ménagère, a révélé la manière dont son père a été sévèrement battu par les milices du CUT : « Il n’a pas vécu longtemps avant de rendre l’âme ».

Banka Théophile, né en 1928, ancien député au temps colonial a reconnu avoir milité dans la Juvento avant de devenir progressiste. Ce qui, selon ses propos, ne lui a pas du tout facilité la tâche puisque ses biens ont été pillés et lui-même maintes fois, jeté en prison.

« J’ai subi d’énormes exactions et j’étais obligé de ne plus être membre. J’ai subi ces exactions et violences au temps de l’indépendance du Togo. Après ma libération, j’ai reçu une lettre anonyme m’ordonnant de quitter chez moi et j’ai fui pour Sada. Ces exactions ont fait que je me suis endetté jusqu’aujourd’hui », a-t-il souligné.

Pour Aweno Sagbo, cultivateur, à l’époque, les évènements ont commencé un vendredi en 1958 à Atinédji, vers 4 heures du matin, où les agents du Comité de l’unité Togolaise (CUT) ont déshabillé son père et l’ont mutilé, parce qu’ils ont appris qu’il était progressiste.

Ezin Yaovi, cultivateur de 87 ans, non-voyant a relaté la manière dont sa famille qui n’appartenait au CUT a été persécutée au temps du président Nicolas Grunitzky.

« Au cours des violences, mon père a fu. Son petit frère et moi avions subi la fougue des milices du CUT. C’est ainsi que j’ai reçu un coup de chaîne dans le visage endommageant du coup mes yeux. Depuis lors, je ne vois plus », a-t-il précisé.

Le président de la CVJR a présenté à, tous la compassion de la Commission. Il a rappelé que la CVJR déplore, une fois encore, que des citoyens soient persécutés pour leur appartenance politique ou ethnique.

A Atakpamé, comme lors des étapes précédentes, la CVJR a tenu à rappeler que c’est à la lumière des différentes informations fournies par les différents intervenants au cours des audiences (publiques, in camera et privées) ainsi que des rapports de ses investigations, qu’elle fera ses recommandations finales à l’attention du peuple togolais dans le sens de l’apaisement.

Ces audiences vont se poursuivre samedi. Elles porteront sur les déplacements de populations, les violences électorales de 2005 et sur des dossiers sur requête.

D’Atakpamé, Nicolas KOFFIGAN

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